La France va voter ce dimanche 10 avril. Elle votera de nouveau dans quinze jours pour le second tour des élections présidentielles. Les résultats annoncés ne présentent aucune surprise. Les sondages donnent Emmanuel Macro en ballotage avec Marine Le Pen... à l'instar des élections précédentes de 2017. L'un symbolise l'espoir, l'autre le ras-le-bol. Loin de critiquer la nature des votes, encore moins des votants, la France, comme à son accoutumée, va émettre un "vote sanction", pour signifier son "Ras-le-bol" du chômage et de la précarité, contre la corruption, et "les mauvaises affaires". En votant pour E. Macron, Elle votera "utile" : en faveur de la jeunesse, du dynamisme et surtout du réalisme, valeurs que semble incarner le candidat-Président sortant. À chaque échéance électorale, le parti d'extrême droite progresse régulièrement dans l'échiquier politique français, et ce, depuis 1974, élection où le Front National obtiendra 0,75% des voix. Il passera rapidement à 14,38% des suffrages exprimés en 1988, et à 15% en 1995. Aux élections présidentielles de 2002, J. M. Le Pen fera mieux que le 1er ministre-secrétaire général du Parti socialiste, L. Jospin, en obtenant 16,86% au 1er tour et 17,79% au second tour, en ballotage contre J. Chirac, qui sera élu avec le plus grand score jamais enregistré dans aucune élection française: 82,21% ! Cette progression sera réelle lors des élections de 2012, face aux deux ténors de la politique française, F. Hollande et Sarkozy. Le F.N. en la personne de M. Le Pen, obtiendra 17,90% des voix exprimées, mieux qu'un fougueux jean Luc Mélenchon ou même F. Bayrou, qui n'obtiendront respectivement que 11,1% et 9,3%. Les élections de 2017 donnent l'opportunité à Marine Le Pen de faire mieux que son "gourou", son père, le fondateur du parti d'extrême droite. En obtenant 21,43% des suffrages exprimés, le F.N. enregistre un score historique. Cependant, même si le "danger" est là, Le Front National ne fera guère mieux lors du 2ème tour des élections, probablement des 28% et 35%. Lors des élections précédentes, Emmanuel Macron, encore inconnu du grand public, avait damé les pions à tous les chevronnés de la politique française, en particulier avec un certain François Fillon, donné grand favori au départ de la campagne présidentielle de 2017, mais plombé par les différents scandales, en totale contradiction avec ses déclarations antérieures, arrive difficilement à la 3ème position avec 19,94% des suffrages exprimés, légèrement devant J. L. Mélenchon, l'éternel candidat, mais sans aucune réussite aux échéances électorales, qui enregistre néanmoins un honorable score de 19,62%, son meilleur score en comparaison avec ses 11.1% enregistrés aux élections de 2012. Ne parlons guère du représentant du Parti socialiste français: Benoît Hamon. Avec son petit 6,35% des voix exprimées, rappellera douloureusement aux militants socialistes l'humiliant 3,61% de Michel Rocard, lors des élections présidentielles de juin 1969, et dans une certaine mesure, l'échec de L. Jospin avec ses 16,18% en 2002, face encore... au représentant du Front National, Jean Marie Le Pen. C'est aller trop vite dans l'analyse, pour ne pas dire dans le sensationnel, que de déclarer -comme l'a fait Le quotidien parisien "Le Monde" : "MACRON-LE PEN : LES DEUX FRANCE". La France n'a jamais été divisée en deux: Droite-Gauche. Même lors de certaines échéances dans la douleur, par exemple en 1969, après la démission du Général De Gaule. La France est multiple, et ce à plusieurs égards. Le 1er tour des élections offre aux français la possibilité de s'exprimer selon leurs convictions et leurs sensibilités politiques. La preuve en est, qu'à chaque élection présidentielle, souvent plus de 7 candidats se présentent devant les électeurs, s'exprimant au nom de toutes les tendances politiques, de l'extrême gauche, rappelez-vous un certain A. Krivine en 1969, ou Arlette Laguiller, à l'extrême droite en passant par toutes les formations de gauche ou de droite. En 1969: 7 candidats seront en lice, contre 12 candidats en 1974; 10 candidats en 1981, en 1988 et 1995: 9 candidats; en 2002: 16 candidats; en 2012: 10 candidats; et enfin 11 candidats en 2017. Pour cette nouvelle échéance, ils seront douze... sans aucune chance de gagner face à E. Macron. Il y'a les vétérans de la politique : Marine Le Pen et J.L. Mélenchon qui se disputeront la 2ème place du podium. V. Pécresse et E. Zemmour, les deux outsiders-trouble-fête, brilleront par leur médiocrité et leur insuffisance. Leurs scores respectifs seront autour des 5%. Quant aux autres, N. Roussel (PCF), N. Rathaus (Lutte ouvrière), Y. Jadot (Verts), P. Poutou (N.P.A), N. Dupont-Aignan (Debout la France), A. Hidalgo (PS), J. Lassalle (Résistons), leurs scores ne dépasseront guère les 1% ! Cependant il y'a une tranche de la population française qui se manifeste régulièrement lors des élections. Celle des abstentionnistes. Elle représente en moyenne 25% des français inscrits sur les listes électorales, mais qui boudent les urnes le jour du vote, exprimant à leur manière leur désintérêt, voire leur mépris de la chose politique. Très peu changent d'avis au second tour. En 2012, ils étaient 20,52% au 1er tour, ils seront encore 19,65% au second. Ils dépasseront les 31,15% en 1969, alors qu'ils n'étaient que 22,41% au 1er tour. Pourquoi le second tour n'apportera aucune surprise, quant au choix des français ? Tous les barons des partis politiques français -en dehors de J.L. Mélenchon- ont donné des consignes de vote en faveur d'Emmanuel Macron. Par conséquent son score avoisinera les 65% des suffrages qui seront exprimés dimanche 10 mai. La seule donne inconnue de cette équation, vient uniquement du score que Marine Le Pen réalisera. Fera-t-elle mieux que son père en 2002, face à Jacques Chirac, avec ses 17,79% des suffrages exprimés, ou bien avoisinera-t-elle les 30% ? Pour la 1ère fois, les électeurs français ne seront plus confrontés à l'éternel dilemme, le choix douloureux: "Peste contre choléra", mais bel et bien "espoir face à la peste", ou plutôt antidote face à la crise et la stagnation. Emmanuel Macron voit défiler, étape après étape, la réalisation de sa destinée. Sera-t-il le mobilisateur de toutes ces énergies sclérosées par tant d'années de tâtonnement ou de tergiversations, tant au niveau de la France qu'au niveau européen ? La France se relèvera-t-elle de son déclin pour renouer de nouveau avec la croissance et le progrès ? Le quinquennat donnera au futur président de la république française l'occasion de mettre en pratique tout son savoir-faire acquis, d'abord auprès de la 1ère banque française, ensuite en tant qu'ancien ministre de l'Economie auprès de F. Hollande, mais surtout en tant que président, ayant connu un quinquennat de tous les challenges : les grèves avec le mouvement des « gilets jaunes », la pandémie du Covid-19, et surtout la crise Russo-ukrainienne. En tout cas, la France avec un Macron ambitieux pour son pays et l'Europe, mais pragmatique et aguerri des chiffres plus que des lettres, sera le meilleur candidat, face aux futurs défis qui attendent la France et face aux grands bouleversements géopolitiques causés par la crise ukrainienne, dont on ne connaît pas encore totalement les contours.