Depuis la reprise des relations maroco-israéliennes, la frustration est devenue l'humeur dominante à Alger, où les généraux et leur porte-voix et néanmoins président de la république, Abdelmadjid Tebboune, mènent une campagne contre les deux pays, qualifiant leur alliance de «malsaine». Si le régime algérien prétend rejeter toute coopération avec l'Etat hébreu, une enquête du journal d'Algérie Part dit le contraire, notant que depuis janvier 2021, la compagnie nationale des hydrocarbures, Sonatrach, aurait vendu au moins 50 mille tonnes de GPL à Israël via un important intermédiaire sur le marché mondial des hydrocarbures. Dès son arrivée au pouvoir, le président algérien Abdelmajid Tebboune avait exclu, devant les médias, toute possibilité de normalisation des relations avec Israël. Mot pour mot, il avait réitéré en septembre dernier qu'il y a une sorte de «ruée vers la normalisation (...) Nous n'y participerons pas et nous ne la cautionnons pas», laissant sous-entendre que n'importe quelle relation avec l'Etat hébreu serait le péché ultime. Cependant, il s'évère que les relations entre Alger et Israël, ne sont pas aussi coupées qu'on laisse croire. En témoignent les investigations du média algérien «Algérie Part», qui révèlent que Sonatrach, aurait vendu au moins 50 mille tonnes de GPL à Israël via un important intermédiaire nommé Vitol. Ce dernier aurait affrété des navires qui ont transporté le GPL algérien pour l'expédier jusqu'à IsraëL afin de le livrer à un important client, ajoute la même source, avant de préciser qu'il s'agit de l'Eilat Ashkelon Pipeline Company (EAPC). Cette société israélienne exploite plusieurs pipelines de pétrole brut et de produits pétroliers raffinés en Israël, notamment l'oléoduc Eilat Ashkelon – qui transporte du pétrole brut à travers le sud d'Israël, entre la mer Rouge et la mer Méditerranée.
L'enquête affirme que c'est au port d'Ashkelon où plusieurs bateaux et navires transportant le GPL algérien ont été réceptionnés durant toute l'année 2021. «Pour masquer et dissimuler ces transactions commerciales sulfureuses et afin de ne pas éveiller les soupçons en Algérie, la Sonatrach et VITOL ont opéré des manœuvres très insidieuses», indique la même source, notant que les navires quittent le port d'Arzew dans la wilaya d'Oran et observent ensuite une halte en Méditerranée, le plus souvent au niveau des côtes grecques, avant de rallier ensuite Ashkelon en Israël.
Les investigations d'Algérie Part ont permis de constater ainsi que le navire SUNNY GREEN, de type LPG Tanker qui navigue actuellement sous le pavillon de Panama, aurait été utilisé à plusieurs reprises par Vitol pour transporter le GPL algérien jusqu'en Israël. Le 10 mai 2021, le navire Sunny Green aurait transporté une cargaison de GPL algérien depuis le port d'Arzew, au moins 5000 tonnes de GPL, pour la livrer au client israélien EAPC. Le navire aurait navigué jusqu'à Kalamata en Grèce avant de repartir discrètement vers Ashkelon, ajoute le média algérien, tout en ajoutant que le Sunny Green aurait réédité la même livraison de GPL algérien à l'EAPC le 11 juillet 2021 et que VITOL aurait utiliser un autre navire, le Ventura Gas de type LPG Tanker qui navigue actuellement sous le pavillon de Liberia, pour livrer du GPL algérien à Ashkelon le 2 septembre 2021.
Tout pour préserver les images !
Afin de préserver le secret autour de ces livraisons du GPL algérien à la société israélienne EPAC et pour éviter une éventuelle tension sociale, sachant que les algériens appellent depuis des années à la chute du régime, Vitol recourt à ce qu'on appelle le transfert de navire à navire. Il s'agit d'un subterfuge qui permet de transférer en mer ouverte des marchandises entre des navires placés côte à côte, à l'arrêt ou en déplacement. Les cargaisons ainsi transférées comprennent les marchandises en vrac, le pétrole, le gaz naturel et d'autres produits issus du pétrole brut.
Selon Algérie Part, chaque cargaison rapporterait près de 10 millions de dollars USD à la Sonatrach. C'est naturellement Vitol qui rémunère Sonatrach et revend ensuite le GPL algérien à la société israélienne EAPC, précise-t-on. Un montage qui permet à la direction générale de Sonatrach de récuser toute relation directe avec un client israélien se conformant ainsi aux dogmes de la politique étrangère de l'Algérie laquelle « refuse » toute normalisation des relations diplomatiques ou commerciales avec Israël au nom de la défense de la cause palestinienne.
Cette affaire fait secrètement rage au sein de la direction générale de Sonatrach dont le PDG Toufik Hakkar aurait demandé aux services de la direction des Affaires juridiques et activité Commercialisation de garder le secret autour de ce dossier très sensible, qui commence d'ores et déjà à faire du bruit.