Depuis un quart de siècle, l'Algérie expédie vers l'Espagne des milliards de mètres cubes de gaz naturel via un gazoduc traversant le Maroc mais ce contrat, menacé par les surenchères du régime d'Abdelmadjid Tebboune, ne sera pas reconduit. Alger affiche depuis fin août son intention de mettre fin au contrat gazier tripartite qui prend fin le 31 octobre, ce qui, selon les experts, pourrait compromettre la fourniture de gaz à l'Espagne, à l'approche de l'hiver, dans un contexte de forte hausse des prix dans toute l'Europe. Trois sources proches du dossier ont indiqué à Reuters que le pipeline GME (Gaz Maghreb Europe) inauguré en 1996 et qui relie sur 1 400 km les gisements de l'Algérie, le plus gros exportateur de gaz d'Afrique, à la péninsule ibérique, ne sera plus opérationnel. Ce dispositif a convoyé environ 10 milliards de m3 par an (pour une capacité de 13,5 mds). «L'Algérie continuera à approvisionner l'Espagne via le gazoduc sous-marin Medgaz, d'une capacité annuelle de 8 Gm3, qui ne passe pas par le Maroc. L'Algérie envisage d'étendre la capacité de Medgaz, mais les analystes estiment que les problèmes techniques liés à cette expansion pourraient intensifier la crise énergétique en Espagne à un moment où les factures de gaz sont élevées dans toute l'Europe.» Une source de la compagnie nationale de pétrole et de gaz Sonatrach et deux sources du gouvernement algérien ont déclaré que l'accord d'approvisionnement avec le Maroc ne serait pas renouvelé. Plus tôt ce mois-ci, un haut responsable marocain a affirmé que Rabat discutait avec l'Espagne de la possibilité d'inverser le débit du gazoduc au cas où l'Algérie ne renouvellerait pas l'accord d'approvisionnement. L'Algérie est le plus grand fournisseur de gaz de l'Espagne et couvre près de la moitié de sa demande de gaz via le gazoduc Maghreb-Europe. Une quatrième source, un haut responsable du gouvernement algérien, a déclaré à Reuters qu'en cas de perturbations, Alger utiliserait des navires pour transporter du gaz naturel liquéfié vers l'Espagne. Une option jugée irraisonnable par plusieurs observateurs. Les analystes pensent que cela signifierait que Sonatrach devrait affréter plus de navires, ce qui entraînerait de nouvelles augmentations du prix du gaz naturel liquéfié, les tarifs d'expédition ayant plus que doublé par rapport au début du mois. Les prix du gaz ont grimpé en flèche ces derniers mois en raison de pénuries structurelles en Europe et des attentes d'un hiver froid et d'une forte demande. Le mois dernier, Sonatrach a annoncé qu'elle augmenterait la capacité du gazoduc Medgaz vers l'Espagne à 10,5 milliards de mètres cubes (10,5 milliards de mètres cubes) par an d'ici la fin novembre. Le gestionnaire du système gazier espagnol Enagás a vendu cet hiver des espaces supplémentaires pour les livraisons de gaz naturel liquéfié dans le but de stabiliser l'offre alors que la demande mondiale vorace fait grimper les prix de l'énergie.