La Kasbah renferme en effet plusieurs composantes, notamment l'enceinte almohade et sa fameuse porte monumentale «Bab el-kabir», la demeure royale de la dynastie alaouite, la mosquée «Jamaa el Atiq», la maison princière dressée à l'ouest, l'ouvrage militaire du «Borj Sqala» en plus du célèbre jardin andalou. Le tout agrémenté par ses ruelles sinueuses entretenues et la sérénité qui la domine. L'ensemble est entouré de hautes murailles dotées de tours et percées de portes. Les vestiges de cette forteresse remontent à différentes époques, depuis le règne Almoravide jusqu'au 20ème siècle faisant qu'elle constitue le noyau historique de la ville de Rabat. L'histoire rapporte qu'en 1140, l'Emir Almoravide Tachfine Ben Ali avait construit sur cette falaise à l'intersection de l'océan et du fleuve, un ribat militaire et religieux portant le nom de «Ksar Bni Targa». Les fouilles archéologiques effectuées dans le site ont permis la mise au jour de structures rapportées à la même période historique. En 1146, les Almohades prennent la Kasbah et c'est sous le règne du premier calife Abdelmoumen que fut construite la kasbah actuelle qui portait alors le nom de Mahdia en souvenir du chef spirituel de la dynastie, Mehdi ben Toumart. La Kasbah joua à cette époque un rôle très important dans la réception des délégations officielles et dans le départ des expéditions pour Al-Andalus. Elle acquit alors le nom de Ribat al Fath, sous le règne de Yacoub al Mansour. A l'époque saâdienne, du temps de l'Inquisition en Espagne reconquise par les chrétiens, de nombreux Hornacheros fuyant les exactions ont migré et se sont installés dans la kasbah. Recrutés par le sultan Moulay Zidane, ils s'adonnèrent à la course maritime et contribuèrent à la défense des deux cités de l'embouchure, Salé (le vieux) et le Ribat qui était alors désigné par Sla Jdid (Salé-le-neuf). Ils assuraient également la perception des droits de douane. Mais la période la plus marquante allait commencer après l'expulsion des Morisques de l'Espagne, décrétée par le roi Philippe III en 1609. Ces derniers se sont installés d'abord à Salé avant de rejoindre l'autre rive et procéder, au pied de la Kasbah, à l'extension de ce qui sera ensuite la médina de Rabat. La révolution des corsaires de Salé-levieux et de Salé-le-neuf contre le pouvoir central les amena à proclamer une république autonome en 1627. C'est la fameuse république dite de Salé, ou république du Bouregreg, qui fédérait les deux rives et dont la Kasbah des Oudayas fut la capitale. Cette république qui avait grandement marqué l'histoire de la course maritime en tant que «Jihad maritime» en représailles contre le dépouillement et l'expulsion des musulmans d'Espagne, a connu sa fin en 1668, avec l'avènement du règne alaouite. A partir de cette période et sous le pouvoir des sultans Moulay Ismaïl, Sidi Mohamed ben Abdellah et Moulay al Yazid, la Kasbah a connu plusieurs travaux d'aménagement et d'extension et c'est à la première moitié du 19ème siècle que le sultan Moulay Abderrahmane y installa les chefs militaires de la tribu des Oudayas, nomades sahariens Maaqilens, d'où l'appellation jusqu'à nos jours de «Kasbah des Oudayas». La forteresse a également servi de prison pendant des siècles avant sa restauration au début du 20ème siècle. Patrimoine national, la Kasbah est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco en 2012.
Jamal HAJJAM La Kasbah des Oudayas, chef d'oeuvre monumental et majestueux de la ville de Rabat, trône à l'intersection de deux eaux sur une falaise dominant l'embouchure de l'Oued Bouregreg et l'Océan atlantique. Son emplacement avait fait d'elle un point de ralliement et de départ conquérant pour Al-Andalus avant de servir de siège de commendement d'une république dont l'armada navale écumait les mers de l'Atlantique à la mer du Nord en passant par la Méditerranée. Aujourd'hui, c'est un petit havre de paix fier de son passé, accroché à son patrimoine historique et architectural et résolument inscrit dans la préservation de la mémoire nationale. Ses atouts multiples font d'elle la Kasbah marocaine la plus courtisée par les artistes peintres aussi bien marocains qu'étrangers et la plus reproduite par les plus célèbres photographes. Elle doit son charme et son succès à son emplacement stratégique, à sa structure, à ses monuments historiques, à ses attributs historiques et culturels, à son passé glorieux et à son présent enchanteur et séducteur.