La Fondation de l'Académie du Royaume du Maroc pour la coopération culturelle a organisé, samedi soir sur la rive Bouregreg, le spectacle visuel « Mashahide », qui retrace en son et lumière l'histoire de Rabat. Le poème visuel spectaculaire « Mashahide », d'une durée de 60mn, a été projeté sur la muraille des Oudayas, rive Rabat-Bouregreg, samedi soir, faisant plonger les spectateurs envoûtés dans la mémoire de Rabat. Un voyage féerique, tourbillon d'images et de sons épiques de la naissance de la ville à nos jours. De « The Battle » de Gavin Greenaway &The Lyndhurst Orchestra en passant par "A'Hidous TaAgoudal » de Aït Bou Guemmez, « The feeling Begins » de Peter Gabriel, la musique andalouse et gharnatie, pour finir sur des tonalités de "I feel Life" de Franco Lippi et Cristina Mercuri, le son invitait autant que les images à un voyage transgénérationnel. Des pages sur les événements, les objets et les personnages incontournables qui l'ont façonnée, projetés en son et en image sur un rempart des Oudayas donnant sur le Bouregreg, ont relié le passé au présent, permettant au public de saisir ce qui fait la majesté de cette ville qui a été appelée à force de brassages et de rencontres dues à sa position géostratégique et à son histoire, à devenir la capitale du Royaume du Maroc en mettant en valeur les qualités éternelles d'un art de vivre d'exception. Le Secrétaire perpétuel de l'Académie du Royaume du Maroc, Abdeljalil Lahjomri, s'est exprimé sur l'événement en soulignant que toute l'histoire du Maroc, est racontée et projetée sur les remparts des Oudayas, de manière tout à fait vivante et documentée sur le plan historique, dans le but de permettre au grand public de connaitre l'évolution de cette ville et son développement. En effet, l'Académie du Royaume du Maroc a mené une étude historique pour pouvoir présenter au public un bel aperçu sur l'histoire de Rabat. En l'espace d'une heure, le public a remonté le temps jusqu'à l'époque préhistorique avec les premiers habitants du Maghreb et les gravures et peintures rupestres qui témoignent de leur présence et mode de vie, avant d'embrasser l'arrivée des Carthaginois et l'animation commerciale des côtes marocaines, le soulèvement contre les légions romaines ainsi que l'émergence de Chellah, la Sala Colonia, et l'urbanisation de la ville. Le spectacle a ensuite transporté le public vers l'avènement de l'Islam et les dynasties qui se sont succédées dans l'estuaire du Bouregreg, dont les Regraga, Banu Ifran, Idrissides et Berghwata, avant de jeter la lumière sur les Sanhaja almoravides, appelés en Andalousie pour contenir la « Reconquista » castillane. L'apport de l'Empire Almohade est également mis en lumière, avec l'œuvre de son fondateur Abdelmoumen Ibn Ali, qui a fortifié la Kasbah des Oudayas, et de ses successeurs qui ont créé Ribat al-Fath et aménagé son territoire : son fils Youssef a donné l'ordre de construire la ville, alors que Yaqoub al-Mansour l'a fortifiée en l'entourant d'une enceinte et en édifiant les portes monumentales des Oudayas et Bab er-Rouah, ainsi que la mosquée Hassan. Le public a été par la suite transporté au treizième siècle, durant lequel les Mérinides succèdent aux Almohades. C'est alors le temps de Chellah, leur nécropole royale. De même, Rabat accueille les premiers émigrés andalous, et avec eux leurs traditions locales et apports, contribuant à créer une culture et un art de vivre particuliers. L'ère des Corsaires a suivi, deux siècles durant, où leurs exploits ont retenti jusqu'à Terre Neuve. Guerre et diplomatie ont alterné jusqu'au jour où l'avènement du Sultan alaouite Moulay Slimane mit fin à l'activité des Corsaires. Des images ponctuées de réalisations de sultans telles la restauration de la Kasbah des Oudayas par Moulay Rachid et Moulay Ismael, retracent un art de vivre et un développement de la cité qui se manifeste jusque dans ses broderies de soie, encore de mise aujourd'hui. Résidence Sultanienne, Rabat voit s'ériger à partir du 18ème siècle le Palais Royal et sa mosquée, l'esplanade du Méchouar et ses jardins. A l'avènement du Protectorat français, Rabat est promue capitale du Royaume. Le Sultan Moulay Youssef et le Résident Général Hubert Lyautey dotent la ville d'édifices publics, dont l'architecture allie tradition et modernité. Deux événements qui ont marqué l'histoire de Rabat et de ses habitants, comme partout ailleurs au Maroc, marquent un moment émouvant de la soirée : le retour triomphal de Feu Mohammed V et la Marche Verte, mobilisant 350.000 Marocains venus des quatre coins du pays, franchissant pacifiquement les frontières des provinces sahariennes. Puis le spectacle se clôture par ce début de règne du Roi Mohammed VI, en montrant la consolidation du Maroc moderne et démocratique. Des images mettant en scène l'impact du nouveau code de la famille fondé sur la culture de la citoyenneté pour finir sur les rives du Bouregreg dont les infrastructures se parent d'édifices monumentaux, culturels et de réaménagements de lieux de loisirs et de divertissement qui ravissent les populations des deux rives.