« La mère de l'information », l'agence MAP, vient de donner naissance à un ouvrage qui fera date, sans nul doute. Driss Ajbali qui en est l'auteur y occupe le poste de médiateur, un métier de consensus et de pondération. « Figures de la presse » recense, à travers des fiches biographiques et analytiques, le parcours de 230 journalistes qui ont fait et font la presse marocaine, dans ses différentes dimensions, écrites et audiovisuelles, électroniques également, sans oublier les journalistes de la Map. Dans ce genre de quête qui s'étale sur des décennies, L'exhaustivité est en soi impossible, amenant à des choix qui ne feront pas, subjectivement, que des heureux. Et l'homme du consensus et de la pondération, autant que peut l'être, Driss Ajbali, le médiateur, en était certainement conscient. Dès l'abord, en préface, Khalil Hachimi Idrissi, directeur général la MAP, donne le ton et met l'accent sur la richesse documentaire de l'ouvrage de Driss Ajbali qui donne « matière à faire une sociologie du journaliste marocain. Une typologie structurée des hommes de presse, une étude sur leurs trajectoires diagonales ou une thèse universitaire sur leur impact sur la vie institutionnelle du pays, la transition démocratique ou le débat public ». « Figures de la presse marocaine » est une pierre qui s'ajoute à l'édifice que tente de construire la Map depuis une bonne décennie, celui d'un « travail de fond, au final qui cadrait parfaitement avec les nouvelles missions de la MAP, celles d'accompagner le secteur médiatique par la connaissance, le savoir, et la recherche », selon les mots de Khalil Hachimi Idrissi. Confiée à Driss Ajbali, sociologue de formation, cette mission de « connaissance et de recherche » sur le secteur des médias, à travers les hommes et les femmes qui l'ont fait et le font a donné une sorte de dictionnaire analytique et documenté de la presse marocaine, appelée à servir de référence dans l'histoire de la presse nationale, dans ses deux langues d'écriture et d'expression, l'arabe et le français. La presse électronique trop récente pour marquer la presse en général, en est quasiment absente. La maturité de la presse électronique n'est pas encore au rendez-vous de l'histoire mondiale de la presse, même si elle frappe avec insistance à sa porte. Dans ce contexte, l'actualité de la déclaration d'Umberto Eco, l'auteur de Numéro zéro, est de mise : « Internet a repris le flambeau du mauvais journalisme ». Du chemin semble encore à faire mais on ne peut que saluer, au passage, des sites comme Médias24, Le Desk, Quid, Article19, le360, Yabiladi, qui, selon des bonheurs divers, s'imposent dans le paysage de la presse marocaine. Dans cet ordre d'idées, il est permis d'affirmer que la présence de Naïm Kamal (quid.ma), Mohamed Khabbachi (Barlamane.ma), M'hamed Hamrouch (Le Collimateur), Ali Bouzerda (article.19), Nasreddine El Afrite (Médias24), Ali Amar (Le Desk), ils la doivent plus à leurs parcours respectifs qu'aux sites, certes de qualité et incontournables, qu'ils ont lancés et animent au quotidien. A l'étape actuelle, la conclusion semble couler de source : la presse électronique sera l'oeuvre des ouvriers de la presse écrite... qui changent de support mais non de métier : informer et analyser l'actualité. La population répertoriée dans « Figures de la presse marocaine » a quelque chose en commun, le journalisme pour patrie. Ce livre plus qu'un hommage à la presse marocaine est un document pour l'histoire.