Après cinq ans au pouvoir, le gouvernement Saâd Dine El Othmani a échoué à faire le consensus sur un bilan mitigé, décrié par l'opposition. Faiblesse de la croissance, engagements non tenus et résultats sociaux modestes, l'Exécutif s'est heurté au verdict amer des députés. Dans un bilan d'adieu, Saâd Dine El Othmani a échoué à convaincre les députés, surtout ceux de l'opposition, des réalisations de son gouvernement. Après avoir exposé son bilan où il s'est vanté d'avoir rétabli les équilibres macroéconomiques et amélioré le climat des affaires, le chef du gouvernement a eu droit à une critique sévère de la part de l'opposition parlementaire qui ne partage pas son enthousiasme. Bien que le chef de l'Exécutif ait déclaré avoir tenu ses promesses électorales, les députés des partis de l'opposition ont critiqué, lundi lors de la séance de discussion du Bilan d'étape, la performance économique dérisoire du gouvernement actuel, soulignant la chute de la croissance durant les deux derniers mandats à une moyenne qui ne dépasse pas 3,2% sur la période 2016-2019, en déca des ambitions d'un pays qui souhaite se placer au rang des économies émergentes. Le chef de file des députés istiqlaliens Noureddine Modiane n'a pas manqué de rappeler au chef du gouvernement que son équipe a trahi sa promesse de 5% de croissance. « C'est un véritable échec », a-t-il martelé, faisant état de l'échec de la politique de soutien aux PME, TPE et autoentrepreneurs malgré les multiples incitations contenues dans les lois de finances votées ces cinq dernières années. Pour se défendre, Saâd Dine El Othamni a allégué l'impact de la crise sanitaire pour justifier la faiblesse de la croissance, en évoquant les grandes réformes votées récemment telles que la généralisation de la couverture sociale, la réforme fiscale et celle des Etablissements et Entreprises Publics (EEP). Pourtant, il s'agit de chantiers impulsés par les orientations royales, et dont l'exécution incombe au prochain gouvernement. Où sont les promesses ? Pour le chef du groupe istiqlalien « Pour l'Unité et l'Egalitarisme », l'Exécutif n'a pas pu exécuter son programme gouvernemental, se contentant d'un taux de réalisation de 69% des promesses faites. Du point de vue de l'Istiqlal, le gouvernement a manqué de mettre en place plusieurs réformes cruciales qui traînent toujours au Parlement ou au Conseil de gouvernement, faute d'entente au sein de la Majorité. Les exemples sont nombreux, Noureddine Modiane en a cité les plus marquants telles que la réforme du Code pénal, la Charte d'investissement, la stratégie nationale de l'emploi, la réforme de la magistrature et celle de la Caisse de retraite menacée par des difficultés financières. « Vous apportez de grandes réformes qui finissent par être gelées », a asséné le député, regrettant que la loi sur les syndicats et le droit de grève ait eu le même sort. Gouvernement générateur de mouvements sociaux En matière sociale, rien ne prête à l'optimisme pour les députés de l'Istiqlal, ce dont conviennent tous les députés de l'Opposition. En plus de l'échec de la réforme de l'éducation, de la promotion de la recherche scientifique et du système de Santé, le gouvernement a, par ses politiques économiques impopulaires, suscité des vagues de mouvements sociaux face auxquels il était resté pusillanime, selon M. Modiane. « Où étiez-vous pendant le Hirak du Rif, de Jrada et d'autres régions », s'est-il indigné, reprochant au gouvernement d'avoir accusé les manifestants de séparatistes et de ne rien faire pour répondre à leurs aspirations légitimes. Situation sociale : la grande déception Ainsi, le bilan social du gouvernement regorge de coups assénés à la classe moyenne et aux habitants des zones frontalières. En témoignent, selon Noureddine Modiane, la libéralisation des prix des hydrocarbures, la mise en place du système contractuel dans l'enseignement et la hausse du la pauvreté parmi les personnes vulnérables, sachant qu'un million de personnes ont basculé vers la pauvreté suite à la pandémie. Concernant la corruption, que le gouvernement a promis de la radier dès son arrivée au pouvoir, Noureddine Modiane a estimé que la situation n'a fait qu'empirer, malgré les mises en garde de la Cour des Comptes. Ce que prouve le recul du Maroc de 7 points dans le classement de l'Indice de perception de corruption.