À une année de la fin de la législature, le Parti de l'Istiqlal a réuni son Conseil National pour se mobiliser aux prochaines échéances et tourner la page de l'ère morose du gouvernement actuel. Dans les circonstances exceptionnelles de la crise sanitaire, le Parti de l'Istiqlal a tenu, samedi 28 novembre, la session d'octobre de son Conseil national, organisé pour la première fois dans un schéma virtuel. La nouvelle réunion du « Parlement » des istiqlaliens revêt une importance particulière puisqu'elle intervient dans une conjoncture politique sensible marquée par une année législative décisive, l'approche des échéances électorales de 2021 et les récents développements de la cause nationale, après la libération de la région d'El Guerguerat par les Forces Armées Royales. A cet égard, Nizar Baraka, Secrétaire Général du Parti de l'Istiqlal, tout en saluant la réussite de l'intervention militaire des FAR, a rappelé que l'intégrité territoriale demeure une préoccupation majeure du Parti, évoquant le souvenir du leader historique Allal El Fassi, qui a voué sa vie à défendre l'indépendance et l'intégrité territoriale jusqu'à sa mort en 1974. L'Istiqlal : le Parti de l'opposition constructive En assumant pleinement son rôle d'opposition, l'Istiqlal ne s'est jamais contenté de l'exprimer de façon stérile et politicienne, restant ainsi une force de proposition, a rappelé le Secrétaire Général, qui a listé les multiples initiatives de réforme initiées par le Parti telles que les mémorandums sur la relance économique et sur la réforme des élections. Il est en de même dans le domaine législatif, en témoigne le rendement prolifique des groupes parlementaires dans la proportion de projets de loi dont le dernier sur la pénalisation des conflits d'intérêts dans le cadre de la moralisation de la vie publique. Un gouvernement qui accumule les échecs Cependant, toutes les propositions du Parti se sont heurtées à l'entêtement d'un gouvernement prisonnier des querelles intestines qui minent sa propre majorité, et dont chaque département ministériel agit à sa guise, a martelé M. Baraka, qui fait état d'un échec flagrant de l'Exécutif dans la gestion de la crise sanitaire liée à la pandémie, dont l'exemple le plus frappant est le retard de la production des tests et des lits de réanimation 100% marocains à cause de la bureaucratie excessive, a-t-il regretté. Outre cela, l'Exécutif demeure soumis à la puissance des lobbies économiques qui, au fil des années précédentes, ont confisqué les lois à leur profit, a-t-il asséné. « Enrichir le riche, appauvrir davantage le pauvre », c'est à quoi se résume la politique du gouvernement dont la classe moyenne en demeure la principale victime, selon M. Baraka. À cela s'ajoute le manque de vision pour la période suivant la campagne de vaccination initiée par SM le Roi, qui, selon lui, est la seule garantie au retour à la vie normale. Ainsi, M. Baraka a appelé le gouvernement à préparer un plan économique post-vaccination. Au bout de cinq années au pouvoir, le gouvernement de Saâd Dine El Othmani a mené le Maroc dans une direction obscure où on peine à voir le bout du tunnel. Selon M. Baraka, cette orientation n'a pas réussi à sortir le pays de la crise sociale et n'a fait que l'aggraver par des politiques improvisées. Augmentation du chômage, aggravation des déficits et de l'endettement et explosion de la pauvreté (10 millions de pauvres), sont le bilan de l'Exécutif qui n'a pas honoré ses engagements tout en reculant sur plusieurs projets de loi, à l'instar de celles relatives au droit de grève, à la réforme des caisses de retraites et au pacte de l'investissement. « Ce gouvernement est devenu un lourd fardeau pour les Marocains », a-t-il asséné, rappelant que 63% des Marocains n'ont plus confiance en le gouvernement, dont 78% dans le monde rural, selon un récent sondage. Elections 2021 : sortir de la crise par le haut À l'approche de la sortie du rapport sur le nouveau modèle de développement, les prochaines échéances électorales seront l'occasion de sortir du marasme politique actuel pour donner lieu à une majorité forte et homogène qui pourra accoucher d'un gouvernement solide qui serait en mesure de mettre en œuvre la régionalisation avancée et tourner la page du paradigme néolibéral qui a dominé les politiques précédentes, estime M. Baraka. Pour ce faire, il fallait réformer le code électoral par une vision exhaustive dont 80% des propositions du mémorandum commun (avec le PAM et le PPS) ont été retenues, a annoncé M. Baraka. Cependant, le débat est abrégé à la question du changement du quotient électoral dont les divergences entre les membres de la majorité actuelle résument l'esprit opportuniste qui règne actuellement, a-t-il déploré. En gros, en tant que parti capable d'assumer l'alternance, l'Istiqlal est devant une année charnière qui nécessite une grande énergie pour se préparer à une bataille électorale qui s'annonce rude. Anass MACHLOUKH 3 questions à Noureddine Modiane « Il faut passer à la vitesse supérieure dans la préparation d'une feuille de route pour les prochaines échéances électorales » Noureddine Modiane, président du groupe istiqlalien « Pour l'Unité et l'Egalitarisme » à la Chambre des Représentants, a répondu à nos questions sur les conclusions du Conseil national et sur les prochaines échéances électorales. - Les élections de 2021 s'approchent de plus en plus, le Parti de l'Istiqlal a-t-il commencé à se préparer à la campagne électorale ? - À l'approche des élections qui auront lieu simultanément, à savoir les législatives, les communales et celles des Chambres professionnelles, nous nous apprêtons à passer de la phase théorique à la phase pratique de la préparation de la prochaine campagne électorale, sachant qu'il faut dès que possible commencer à établir la liste des prochains candidats et leur répartition sur les différentes circonscriptions. - Concernant les prochaines élections législatives, y a-t-il une vision sur la nature des prochaines alliances ? - Non, il est encore tôt de se prononcer sur des hypothèses de ce genre dès maintenant, il faut attendre la fin des élections pour pouvoir prendre ce genre de décisions. - En tant que groupe parlementaire, et comme il s'agit d'une année législative charnière, y a-t-il une coordination entre vous et les organes du Parti pour votre futur action législative ? - Comme vous le savez, le groupe « Pour l'Unité et l'Egalitarisme » est la voix du Parti de l'Istiqlal au sein du parlement. Il est important que notre action législative en tant que parti de l'Opposition se reflète dans nos prises de position vis-à-vis de la politique du gouvernement et dans nos propositions de lois. Donc, nous sommes toujours en concertation avec les organes du Parti. Recueillis par A. M. Encadré El Guerguerat : Réunion du Bureau exécutif de la Jeunesse Istiqlalienne L'Organisation de la Jeunesse Istiqlalienne a réitéré, lors de la réunion de son Bureau exécutif samedi 28 novembre à El Guerguarat, son soutien à la décision sage et déterminante de SM le Roi, Chef Suprême et Chef d'Etat-Major Général des Forces Armées Royales (FAR), sur l'opération pacifique au poste-frontière El Guerguerat. A cette occasion, qui s'inscrit dans le cadre d'une caravane de paix sous le signe « La patrie d'abord et toujours », organisée du 27 au 29 novembre, Othmane Tarmounia, Secrétaire Général de la Jeunesse Istiqlalienne, a indiqué que la décision du Souverain de mettre en place un mur de sécurité pour rétablir le trafic civil et commercial au niveau de ce passage-frontière «a permis de mettre en échec les complots ourdis par les ennemis qui tentaient d'installer un campement dans la zone tampon dans le dessein de modifier les réalités historiques, juridiques et géographiques, de créer le chaos et les tensions et de déstabiliser la région». Dans un communiqué, baptisé «La Déclaration d'El Guerguerat», les membres de l'Organisation de la Jeunesse Istiqlalienne ont également félicité l'intervention décisive et anticipative des FAR pour amener les milices séparatistes à se retirer du passage, et ainsi mettre fin à une présence qui constitue une menace pour la paix et la stabilité dans la région confrontée aux dangers du terrorisme, de l'émigration clandestine, de la traite des êtres humains, du trafic illicite ... Il convient de noter qu'en plus de la réunion de son Bureau exécutif à El Guerguerat, la caravane de la Jeunesse Istiqlalienne s'est aussi caractérisée par la création de sa branche locale dans la commune de Bir Gandouz et l'organisation d'une rencontre de communication avec les jeunes de la région. Repères La relance doit être sociale par excellence Lors d'une rencontre virtuelle, organisée mercredi 25 novembre par l'Alliance des Economistes Istiqlaliens (AEI), organisée, Nizar Baraka a déclaré que la relance doit être sociale par excellence pour tirer le Maroc de la crise économique exacerbée par les effets de la pandémie. M. Baraka a rappelé aux économistes istiqlaliens que l'investissement dans le pouvoir d'achat des citoyens et dans le capital humain est la clé pour propulser l'économie dans un nouvel élan de dynamisme. Crise sanitaire : le Parti de l'Istiqlal au service de la sensibilisation La crise sanitaire fut l'occasion de révéler le génie de l'Istiqlal, a déclaré M. Baraka, précisant que le Parti a gardé son dynamisme organisationnel et n'a cessé de mobiliser toutes ses ressources intellectuelles afin de proposer des solutions alternatives à la gestion de ce défi éprouvant. Cet effort auquel a contribué l'ensemble des composantes du Parti, les organisations parallèles et les organes de presse qui ont « fait un effort remarquable dans la sensibilisation de l'opinion publique sur les mesures prises par l'Etat pour limiter la propagation de la pandémie », a-t-il souligné.