À l'aube de la dernière année de la législature, l'Istiqlal veut aller jusqu'au bout dans son rôle d'opposition tout en se déclarant comme un parti d'alternance à l'approche des élections de 2021 L'Istiqlal est prêt pour l'alternance. C'est la conviction du Parti à une année des élections de 2021 qui mettront fin à un mandat gouvernemental déplorable marqué par un échec patent dans la gestion de la crise de la Covid-19. Le Parti d'Allal El Fassi se présente comme une alternative crédible face à un gouvernement désarticulé « qui a ramené le Maroc à l'état des années quatre-vingt-dix », comme l'a affirmé le Secrétaire Général du Parti Nizar Baraka au cours de la journée d'étude organisée, samedi, par le groupe istiqlalien « Pour l'Unité et l'Egalitarisme » à la Chambre des Représentants sous le thème de « la rentrée parlementaire et les défis des prochaines échéances électorales ». Devant les députés istiqlaliens, Nizar Baraka a rappelé que « le Maroc est devant une année exceptionnelle de son Histoire, pleine de défis qui décideront de l'avenir du pays », meurtri par une gestion calamiteuse de la crise pandémique par le gouvernement actuel, « C'est le gouvernement des occasions manquées », a-t-il martelé. Une rentrée parlementaire pas comme les autres La nouvelle rentrée parlementaire est d'autant plus particulière qu'elle coïncide avec la fin de la législature de 2016 et du mandat d'un gouvernement ayant échoué à tous les niveaux dans la gestion des affaires publiques. « Cette année sera la dernière chance du gouvernement pour procéder aux grandes réformes qu'il n'a pu faire depuis son investiture, à savoir la réforme de la retraite, le code de l'investissement, la réforme de la fiscalité et d'autres réformes qui touchent le quotidien des Marocains », a déclaré M. Baraka, qui, tout en étant satisfait de ses parlementaires, les a appelés à durcir le ton vis-à-vis des membres de l'Exécutif dans le contrôle de leur politique. « On doit être plus rigoureux vis-à-vis du gouvernement qui nous mène droit au mur », a-t-il asséné avant d'ajouter : « Il n'est plus question de compromis et de nonchalance avec cet Exécutif, il faut durcir le ton à chaque fois que les intérêts des citoyens sont mis en cause ». « La défense des classes populaires les plus touchées par la crise actuelle sera la priorité de notre groupe parlementaire et notamment dans l'élaboration la prochaine loi des finances », rassure Omar Abassi, député istiqlalien à la Chambre des Représentants. Lequel insiste sur la nécessité de faire passer le projet de loi sur les conflits d'intérêts présenté par le groupe istiqlalien, « ce projet de loi fait de plus en plus de consensus même parmi les députés de la majorité », a-t-il renchéri. La débâcle gouvernementale face à la crise Toutes les composantes du Parti de l'Istiqlal sont unanimes pour dire que le bilan du quinquennat de Saâd Dine El Othmani est indéfendable et notamment dans la gestion de la crise pandémique. Les indicateurs en sont la preuve. Avec une perte de ¬560.000 emplois, un taux de chômage de 14% et un million de pauvres de plus, on ne peut que se rappeler des années quatre-vingtdix où le Maroc effleurait la crise cardiaque, a rappelé M. Baraka. Outre cela, l'Exécutif n'a même pas préservé les équilibres macroéconomiques. En témoignent les comptes publics qui restent rongés par un déficit budgétaire de 7,6% et une dette extérieure qui dépasse le PIB du pays. Le gouvernement a été élitiste dans l'exécution du plan de relance, du point de vue de Nizar Baraka, les bénéfices n'ont touché que les secteurs favorisés sans la moindre attention aux secteurs les plus fragiles (artisans, petits commerçants, petits agriculteurs, etc.), a-t-il indiqué. L'économie marocaine s'écroule, et le gouvernement en est responsable. Lequel, selon M. Baraka, est trop libéral, ses politiques n'ont fait que creuser les inégalités sociales qui furent manifestement révélées par la crise de la pandémie de la Covid-19. « L'alliance entre le RNI et le PJD conduit à une politique si libérale qu'elle a marginalisé toutes les classes populaires », a lancé le Secrétaire Général du Parti de l'Istiqlal. Ainsi, la gestion gouvernementale de la pandémie n'a fait qu'exacerber la crise sociale si bien que 93% de Marocains considèrent que le cabinet de Saâd Dine El Othmani est inapte à faire sortir le pays du précipice, selon M. Baraka. Une majorité désarticulée Si l'Exécutif a montré sa faiblesse face à la crise de la Covid-19, c'est parce qu'il s'est montré prisonnier d'une majorité morcelée par les divergences entre les partis qui la composent. Ces derniers se livrent à des querelles mesquines qui minent l'action gouvernementale, selon Nizar Baraka. Dans ces conditions, il est temps d'un grand changement qui doit avoir lieu par les élections de 2021 qui doivent accoucher d'un gouvernement solide, émanant d'une majorité solidaire et homogène. Elections 2021 : l'Istiqlal prêt à relever le défi « Les prochaines élections seront une chance pour sortir de la crise. Le peuple marocain parie sur le Parti de l'Istiqlal pour être une alternative au gouvernement actuel qui fait preuve d'échec face aux grands défis que rencontre notre Nation », a fait valoir Noureddine Mediane, chef des députés istiqlaliens à la Chambre des Représentants qui a affirmé que le discours royal a infirmé les spéculations sur le report des élections. Toutes les composantes du Parti de Allal El Fassi conviennent que les prochaines échéances électorales doivent accoucher d'un gouvernement fort issu d'une majorité homogène. Le Parti de l'Istiqlal plaide pour des élections plus représentatives qui se déroulent dans un cadre neutre et transparent, Nizar Baraka a affirmé qu'il est recommandé de révoquer l'usage des symboles nationaux. Pour assurer une plus forte participation des jeunes, l'Istiqlal a préconise que les jeunes soient inscrits dans les listes électorales dès l'obtention de la carte d'identité nationale pour leur ancrer le devoir national. Ainsi, la session d'automne doit être l'occasion pour voter l'ensemble des lois régissant la vie politique et notamment les lois électorales, la réforme des collectivités territoriales, estime Nizar Baraka qui a annoncé que 80% des propositions du Parti de l'Istiqlal pour la réforme du code électoral ont été pris en compte. Le blocage actuel est dû aux divergences au sein de la majorité sur la question du quotient électoral au moment où les partis de l'opposition sont en accord sur ce point et demeurent ouverts au débat. En définitive, l'Istiqlal se prépare à une année parlementaire charnière où il s'est juré de ne plus manifester la moindre mansuétude vis-àvis d'un gouvernement moribond, dépassé par la grandeur des défis sociaux.
Anass MACHLOUKH Repères Covid-19 : où est le Comité scientifique du ministère de la Santé ? La crise sanitaire est gérée de façon hasardeuse, c'est l'intime conviction du Secrétaire Général du Parti de l'Istiqlal Nizar Baraka. « Où est le comité scientifique ? », s'est-il interrogé tout en étant sidéré par la discrétion étonnante des membres du comité scientifique, qui, depuis le début de la crise, n'ont fait aucune sortie médiatique pour expliquer aux Marocains les mesures prises par lutter contre la Covid-19. En outre, M. Baraka a souligné l'insuffisance du nombre des tests de dépistage dont le Maroc est capable d'en procurer un million, a-t-il rappelé. Quotient électoral, l'Istiqlal temporise Alors que le changement du quotient électoral plombe les concertations sur la réforme du code électoral, le Parti de l'Istiqlal reste attaché à un mode de scrutin plus équitable. L'expérience nous montre que le mode de scrutin actuel donne lieu à des majorités disparates, a précisé M. Baraka. Formellement, le Parti veut prendre en compte les bulletins nuls dans le calcul du quotient tout en restant ouvert à la proposition de le calculer sur la base des personnes inscrites. De son côté, Lahcen Haddad, député istiqlalien, redoute que cette hypothèse donne l'opportunité au PJD de se présenter comme victime. Transparence des élections Le Parti de l'Istiqlal est soucieux d'organiser sa campagne électorale dans le strict respect des règles de la transparence. Nizar Baraka a précisé que chaque tête de liste doit présenter une déclaration des comptes de campagne à la fin des élections. Concernant le financement de campagne, M. Baraka a annoncé que les partis auront plus de moyens, à savoir le droit de gérer leurs fonds eux-mêmes et avoir également des sources de revenus (location, etc.).