Interrogé par les parlementaires, le Chef du gouvernement a justifié le prolongement des restrictions durant le Ramadan par la gravité de la situation épidémiologique, promettant de venir en aide aux catégories sociales impactées. Détails. « La situation épidémiologique est inquiétante », tel est le message du Chef du gouvernement Saâd Dine El Othmani devant les parlementaires. Lors d'une séance plénière commune des deux Chambres du parlement, consacrée à la présentation des données sur la situation épidémiologique dans le Royaume, le chef l'Exécutif est venu justifier les mesures prises par son équipe durant le mois de Ramadan pour faire face au risque d'une troisième vague qui menace le pays. Sur recommandation du Comité scientifique, le Gouvernement n'a pas hésité de décréter un couvre-feu plus strict durant le Ramadan à 20h au lieu de 21h, appliqué précédemment. Une vigilance dictée par une conjoncture épidémiologique très inquiétante au moment où la campagne de vaccination peine à reprendre son rythme à cause du retard de livraison des vaccins. Alors qu'un sentiment de lassitude commence à envahir les esprits après les prolongements répétitifs du couvre-feu, Saâd Dine EL Othmani a expliqué que la réduction de la mobilité est indispensable, « Ce genre de décisions sont parfois difficiles à comprendre par les citoyens », a-t-il reconnu, rappelant que le Maroc est parvenu à gérer efficacement la crise sanitaire grâce au maintien de l'état d'urgence sanitaire. Accusé par quelques députés de se cacher derrière le comité scientifique pour durcir les restrictions, le Chef du gouvernement s'est défendu avec énervement, en rétorquant que le gouvernement assume la responsabilité des décisions prises depuis mars 2020. « Tous les politiques et sécuritaires suivent les directives du comité scientifique et technique », a-t-il fini par reconnaître. Le Covid-19 encore menaçant À entendre le Chef du gouvernement, la pandémie est encore menaçante, ce qui nécessite une vigilance accrue, surtout après l'apparition du nouveau variant anglais qui ne cesse de gagner du terrain. On en compte plus de 1600 cas au niveau national. Dans son allocution, Saâd Dine El Othmani a fait état d'une hausse palpable de la courbe épidémiologique au Maroc durant les six dernières semaines, après une accalmie de quart mois. Depuis le mois d'avril, plus de 3905 cas de contamination ont été signalés, soit une hausse respective de près de 6,5%, 20% et 10,4% par rapport aux trois semaines précédentes, a fait savoir le Chef du gouvernement, ajoutant que le taux d'incidence a augmenté dans plusieurs régions du Royaume. En effet, le taux de positivité des tests est passé de 1 à 1,8 au niveau national. Si la situation est inquiétante, c'est parce que le nouvel élan de la pandémie risque de mettre plus de pression sur les services de réanimation. Saâd Dine El Othmani a précisé que le taux d'occupation des lits de réanimation a augmenté, avoisinant 14%. « C'est un signal d'alerte qu'on ne peut que prendre en compte sérieusement », a-t-il argué. Tous ces indices ne prêtent pas à l'optimisme, au moment où l'issue de la campagne de vaccination est encore incertaine. Le discours pessimiste du Chef du gouvernement n'a pas convaincu plusieurs députés, à l'instar de Allal Amraoui, membre du groupe istiqlalien « Pour l'Unité et l'Egalitarisme » à la Chambre des Représentants, qui a déploré que l'Exécutif ait trop misé sur la peur pour justifier ses mesures.
Ramadan : Un couvre-feu incompris ? Dans la tribune de la Chambre des Représentants, le Chef du gouvernement a tenté de justifier le prolongement du couvre-feu qui été mal apprécié par les cafetiers et les commerçants et plusieurs personnes frustrées de la suspension de la prière des Tarawih pour la deuxième année consécutive. Le gouvernement a fini par trancher pour le maintien du couvre-feu comme solution modérée, a expliqué Saâd Dine El Ohtmani. En effet, l'Exécutif était devant un dilemme : durcir les restrictions en imposant un confinement partiel dont le coût économique serait dévastateur, ou alléger les restrictions quitte à voir la situation de la pandémie dégénérer. Alors pourquoi le soir et pas la journée ? Une question que moult citoyens se posent. Saâd Dine El Othmani y a répondu, expliquant que le choix du couvre-feu est dû à la forte mobilité nocturne, caractéristique du mois sacré, où les rassemblements familiaux foisonnent le soir. En effet, le gouvernement ne veut pas sacrifier l'activité économique durant la journée, tout en évitant le risque des contaminations pendant le soir. C'est la stratégie du moindre mal, comprend-on des éléments de langage du chef de l'Exécutif. Cependant, loin de contester la vigilance dont font preuve les autorités, les députés ont appelé à une approche plus régionale dans la gestion de la pandémie, arguant que plusieurs régions ne sont pas très impactées par le Covid-19. Pour Nourredine Modiane, président du groupe istiqlalien à la Chambre des Représentants, la décision de la fermeture à 20h ne semble guère compréhensible, ce dernier a proposé de laisser les cafés ouvrir ne se serait-ce que pour le service de livraison et de l'emporté. Cafetiers, restaurateurs, commerçants : le défi de l'indemnisation Le couvre-feu à 20h a condamné les propriétaires des cafés, restaurants, petits commerces à fermer les rideaux. Un coup fatal pour leur activité qui tend à croître pendant les soirées ramadanesques. M. Modiane a regretté la décision du gouvernement, qui condamnera plus de 250.000 cafés et restaurants à l'écroulement, appelant à des mesures d'indemnisation dans les plus brefs délais. En effet, bien que le gouvernement ait annoncé des mesures compensatoires aux employés, cela pose un sérieux défi du moment qu'ils sont nombreux à ne pas être déclarés. Des 1,5 million de personnes éligibles à l'aide de l'Etat, peu sont déclarées à la CNSS car leur chiffre exact n'est pas encore connu. A cet égard, Nouredine Modiane a souligné la nécessité de régler la situation de ces milliers de travailleurs. « Il faut commercer à verser des indemnités dès maintenant », a-t-il exigé. De son côté, Saâd Dine El Othmani a rappelé que le gouvernement a mis en place huit contrats- programmes en faveur des secteurs les plus meurtris par la crise sanitaire, dont le tourisme, l'événementiel, la restauration et les salles de sports. Les mesures de soutien seront prolongées jusqu'au 30 juin 2021, a-t-il annoncé, sans se prononcer clairement sur les personnes non déclarées dans la Sécurité sociale. Par ailleurs, dans ce climat nébuleux où les Marocains peinent à voir le bout du tunnel à cause du risque de la troisième vague, le Chef du gouvernement a insinué que les restrictions dureront aussi longtemps que durera la pandémie, promettant que le salut viendra après la fin de la campagne de vaccination. En effet, le comité scientifique espère la levée de l'état d'urgence sanitaire pendant l'été si la campagne reprend son rythme de départ.