Le Maroc a franchi un cap décisif dans sa lutte contre le blanchiment d'argent en 2023. Selon le septième rapport annuel de la présidence du ministère public, publié le 6 mars 2025, le Royaume a atteint un nombre inédit de jugements dans ce domaine, avec 134 décisions rendues en une année, rapporte Le Matin. Une dynamique qui accompagne la sortie du pays de la «liste grise» du Groupe d'action financière (GAFI), saluant les efforts nationaux pour renforcer son dispositif anti-blanchiment. En 2018, seules 59 affaires de blanchiment avaient été traitées, contre 821 en 2023. Sur cette période, le nombre de jugements a explosé, passant de 8 à 134, traduisant l'accélération des poursuites judiciaires et la montée en compétence des magistrats spécialisés. Cette progression s'explique par plusieurs facteurs : un cadre législatif renforcé, une meilleure coordination entre institutions et une coopération internationale accrue. Le rapport souligne aussi le rôle clé de la formation des magistrats et enquêteurs, qui ont bénéficié de programmes spécialisés en investigation financière et en traçage des fonds illicites. Le rapport consacre une section détaillée à la lutte contre le blanchiment d'argent, soulignant son importance dans la préservation de l'économie nationale. La présidence du ministère public considère cette problématique comme une priorité, insistant sur la nécessité de priver les criminels des bénéfices de leurs activités illicites. L'engagement marocain se traduit également par une coopération étroite avec les institutions financières et les régulateurs. En 2023, Bank Al-Maghrib et l'Autorité nationale du renseignement financier (ANRF) ont publié la première édition d'un guide pratique sur la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme, destiné aux acteurs du secteur financier. Le rapport dresse également un bilan des condamnations prononcées en 2023. Sur l'ensemble des jugements rendus, 81 % ont abouti à une condamnation, témoignant d'une efficacité accrue du système judiciaire face aux crimes financiers. La majorité des peines infligées se situent entre un et deux ans de prison (37 %), tandis que les sanctions les plus lourdes, supérieures à deux ans d'emprisonnement, restent minoritaires (9 %).