Lorsque la diplomatie s'efface devant la transaction, les principes s'effritent et la souveraineté vacille. Les révélations sur l'offre implicite de ressources minières algériennes à Washington, formulée par l'ancien chef de la diplomatie Sabri Boukadoum, évoquent crûment les errements d'un pouvoir en quête désespérée de leviers d'influence. Car si l'on savait le régime algérien en mal d'alliés, nul ne pouvait imaginer que la gestion des ressources stratégiques du pays puisse être envisagée sous l'angle de la négociation opportuniste. Loin des postures souverainistes affichées sur la scène internationale, ce pragmatisme brut, aux allures de marchandage, révèle une fragilité que le discours officiel s'efforce pourtant d'éluder. En politique, il est des positions qui s'inscrivent dans l'histoire et d'autres qui se bradent au gré des circonstances. Lorsqu'un pouvoir vacille et se trouve à court d'atouts, il ne lui reste souvent que la surenchère, quitte à hypothéquer l'honneur du pays et ses richesses. C'est précisément ce qu'a révélé la déclaration de l'ancien ministre algérien des affaires étrangères, Sabri Boukadoum, lorsqu'il a insinué que les ressources minières de son pays pouvaient servir de levier pour infléchir la position de Donald Trump sur la question du Sahara. Jusqu'où peut aller la déchéance politique d'un régime à bout de souffle ? La souveraineté nationale ne serait-elle plus qu'un slogan creux, agité dans les discours officiels tandis que, dans l'ombre, les intérêts stratégiques du pays sont bradés ? Et surtout, que reste-t-il de cette prétendue «puissance régionale» dont se targue Alger, si l'un de ses plus hauts représentants n'hésite pas à monnayer les ressources nationales comme s'il s'agissait d'une simple compensation offerte à la faveur d'un retournement diplomatique ? Mais l'essentiel est ailleurs. Le régime algérien croit-il sérieusement qu'un chef d'Etat comme Donald Trump, homme d'affaires aguerri et architecte de son empire sur la base de négociations implacables, puisse se laisser séduire par quelques concessions minières ? S'imagine-t-il que la Maison-Blanche se gouverne comme un marché clandestin où tout se négocie à la sauvette ? Ou bien vit-il encore dans l'illusion qu'un artifice diplomatique suffirait à inverser le cours des rapports de force ? L'Algérie, une monnaie d'échange Si tel est le credo de la diplomatie algérienne, il eût été plus simple d'ouvrir une enchère internationale plutôt que d'espérer influer sur la scène mondiale à coups de tractations occultes. Le temps des manœuvres de coulisses est révolu. L'ordre mondial ne se façonne ni par la ruse ni par des promesses illusoires. En réalité, Sabri Boukadoum n'a pas parlé au nom d'un Etat souverain mais au nom d'un système prêt à tout concéder pour se maintenir à flot. Si cette logique perdure, il ne serait guère surprenant de voir d'autres responsables proposer ce qui reste des ressources nationales à qui voudra bien les prendre. La véritable interrogation n'est plus de savoir combien de temps encore ce spectacle affligeant va se poursuivre, mais plutôt ce que le régime algérien a encore à vendre. L'avenir apportera son lot de révélations, mais une certitude demeure : celui qui fait commerce de sa patrie ne trouvera jamais personne pour défendre sa cause.