L'Algérie s'est attaquée de nouveau au Maroc en l'accusant de complotisme « sioniste », cette fois-ci officiellement. Des accusations qui occultent un malaise à peine dissimulé quant à la potentielle participation militaire marocaine au Sahel. Après avoir mené, par l'intermédiaire de la Presse, une campagne de désinformation médiatique tout au long de ces derniers mois, l'Algérie a cédé une fois de plus aux tentations complotistes, en accusant le Royaume de conspirer avec Israël à son encontre. Dans un communiqué publié dimanche 21 février, le ministère de la Défense algérien a dénoncé « une tentative d'intox menée par ce qu'elle a baptisé le « Makhzen marocain » et les services sionistes afin de déstabiliser l'Algérie », et ce, en réaction à des informations ayant fait allusion à la participation de l'Armée nationale populaire à des missions du G5- Sahel, en dehors des frontières du pays. Le Maroc au G5-Sahel, le vrai débat En effet, l'Algérie semble vouloir détourner l'attention sur son implication potentielle dans la coalition au Sahel, qui a été annoncée par le président français Emmanuel Macron, lors de son discours du 16 février au Sommet du G5-Sahel, où il s'est félicité de l'accord du Maroc et de l'Algérie de s'engager dans cette coaltion. « Nous avons également eu une confirmation d'un réengagement algérien et marocain dont je me félicite, car il est important pour la stabilité de la région », a-t-il déclaré. Si l'Algérie réagit de manière épidermique quand il s'agit du Sahel, c'est parce qu'elle se sent embarrassée par l'annonce de sa participation dans une opération militaire française, sachant qu'elle aurait donné son aval, à en croire le président français. En plus, le régime algérien se sent menacé à l'idée que le Maroc puisse s'engager au Sahel, vu son expertise reconnue internationalement en matière de lutte contre le terrorisme, et dans les opérations onusiennes de maintien de la paix. A cet égard, Saâd Dine El Othmani a pris part au 7ème Sommet des Chefs d'Etat des pays membres du G5-Sahel, tenu le 15 février à Ndjamena. La presse algérienne proche de l'Armée nationale populaire n'a pas manqué d'exprimer son malaise, en qualifiant la participation du Maroc de « suspecte », sous prétexte qu'il « n'entretient pas de frontières avec le Sahel ». Ce vacarme médiatique n'est que de la poudre aux yeux, l'Armée algérienne, quoiqu'autorisée à intervenir au-delà de ses frontières, en vertu de la nouvelle réforme constitutionnelle, son engagement anti-terroriste au Sahel reste ambigu et nécessite une évaluation. Un proche des cercles militaires en France nous a indiqué qu'il n'imagine pas l'envoi de troupes, ajoutant que l'Algérie avait déjà un droit de poursuite au Nord du Mali, qu'elle n'a jamais utilisé. « S'il y a un envoi de troupes algériennes, ce sera une révolution », a-t-il poursuivi. L'Algérie considère la région du Sahel comme une zone d'influence, en témoigne ses rapports avec des groupes indépendantistes et des groupuscules « infréquentables », dans la région, à savoir le Polisario et les touaregs au Mali. Ces derniers sont parrainés par le régime algérien, selon le spécialiste, pour stabiliser le Nord du pays. S'ajoute à cela la mansuétude dont preuve l'Armée algérienne vis-à-vis des groupes terroristes, qui, selon Mohamed Maelaïnin, ex-ambassadeur marocain, bénéficient parfois d'une couverture de l'Armée algérienne. La France joue finement l'équilibre En plus des velléités hégémoniques algériennes sur la région, un engagement simultané du Maroc et de l'Algérie au sein d'une même coalition au Sahel risquerait de saborder ou perturber les opérations militaires au Sahel, selon notre spécialiste qui a préféré garder l'anonymat. Etant donné la tension ambiante entre les deux pays, cette présence commune ne manquerait pas de se transformer en un jeu de rivalité, aux yeux du régime algérien, qui prend en considération les bonnes relations du Royaume avec les pays du G-5, à savoir le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Burkina-Faso et le Tchad. Le Maroc, étant fortement enraciné économiquement dans ces pays, pourrait se voir conférer une position confortable au sein de la coalition. Pour l'Algérie, il n'en est pas question! Selon notre interlocuteur, la France joue pour sa part un jeu d'équilibre très subtil, en tâchant de coopérer avec le Maroc, sans froisser son voisin de l'Est, « la France a sur ce dossier beaucoup plus intérêt à travailler avec la première qu'avec le second », a-t-il lâché. Le Maroc, ou l'assurance-vie du régime algérien La réaction nerveuse de l'Algérie à l'égard du Maroc est intervenue au moment où le régime militaire veut consolider le front intérieur, l'hostilité anti-marocaine est devenue un enjeu de survie pour détourner l'attention du peuple algérien des vrais problèmes, au moment où le Hirak renaît de ses cendres, après des mois de répit. Pour atténuer la colère populaire à l'occasion du deuxième anniversaire du Hirak, le président Abdelmajid Tebboune a dissout le Parlement et a convoqué pour de nouvelles élections. Dans ce contexte très tendu, le régime algérien a trouvé dans l'hostilité à l'égard du Maroc une nouvelle opportunité pour détourner l'attention de l'opinion publique, en se servant cette-fois (comme on peut le lire dans le communiqué du ministère de la Défense) de l'argument du sionisme comme nouvel angle d'attaque contre le Royaume chérifien. Cet argument facile est devenu récurrent dans la communication gouvernementale algérienne, après la reprise des relations diplomatiques entre Rabat et Tel Aviv. Rappelons que le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita avait déclaré que le voisin de l'Est fait du Maroc et du dossier du Sahara une cause nationale, par les moyens qu'il y mobilise, ajoutant que l'Algérie ne manifeste pas autant d'ardeur et de mobilisation quand il s'agit de la cause palestinienne. Trois questions avec Mohamed Maelaïnin « Nous savons très bien que l'Armée algérienne a couvert des activités terroristes au Sahel » Mohamed Maelaïnin, diplomate marocain et ex-ambassadeur du Royaume en Australie, a répondu à nos questions sur les dessous de la nouvelle attaque de l'Algérie contre le Maroc et les raisons de son obsession complotiste. - L'Algérie a accusé le Maroc de dévoiler son éventuelle implication dans l'opération Barkhane, alors que c'est le président français qui l'a annoncée, comment lisez cette réaction saugrenue ? - Comme vous le savez, le régime algérien tend toujours à camoufler ses « bonnes relations » avec la France par un discours anticolonial absurde. Donc, il tâche en permanence à dissimuler tout ce qui est relatif à la coopération avec la France, comme c'est le cas au Sahel, de peur de se voir décrédibilisé. Vu que le Maroc soit cité par le président français, ils ont donc tout de suite réagi, sachant que l'Armée algérienne est en connivence avec des groupes terroristes dont l'activité est intense dans la région. En outre, l'Algérie ne veut pas de présence internationale et surtout celle du Maroc dans le Sahel, puisqu'elle veut continuer à « gérer » et non pas éradiquer le terrorisme dans la région. - Cette nouvelle attaque est une tentative de plus pour occulter la crise interne de l'Algérie ? - Oui, évidemment, et ce, depuis longtemps.L'agressivité algérienne a grandi maintenant que le régime est aux abois, à cause de la crise politique et économique qui menace sa stabilité. Le régime n'a donc rien d'autre que la provocation du Maroc pour lui attribuer tous ses malheurs. En effet, d'abord, j'estime que le régime algérien est sur la corde raide, et agit contre le cours de l'Histoire, c'est ce qui explique cette agressivité irrationnelle contre le Maroc. - L'Algérie tend à accuser le Maroc de « sionisme », qu'est-ce qui explique cette obsession complotiste ? - L'Algérie n'a pas à dicter au Maroc ses relations extérieures, en plus, le régime en place se sert de la sensibilité du peuple algérien pour la question palestinienne pour incriminer le Maroc et le montrer dans la posture d'un pays sous influence, tout ça pour envenimer l'opinion publique interne et alimenter une haine contre le Maroc. Ceci ne change rien au fait que le Maroc soit souverain dans ses choix, sachant qu'il ne prendra aucune décision ni position qui pourrait compromettre l'amitié avec le peuple algérien. Recueillis par A. M Encadré Maroc-Algérie : L'escalade verbale bat son plein Depuis l'investiture du nouveau président Abdelmajid Tebboune, l'Algérie a haussé le ton vis-à-vis du Maroc, surtout dans l'espace médiatique. Dès la campagne de présidentielle, le président n'a raté aucune occasion pour critiquer le Maroc. Après avoir exigé des excuses officielles pour ouvrir les frontières, le chef d'Etat algérien n'a cessé, dès lors, de réitérer les positions hostiles de son pays sur la question du Sahara. D'autres responsables ont emprunté le même chemin, le Chef du gouvernement avait crié au complot en réaction à la reprise des relations entre le Maroc et Israël, en dénonçant une tentative déstabilisatrice, dirigée contre son pays. Comme de coutume, l'Institution militaire algérienne, dont le général Saïd Chengriha avait qualifié le Maroc de « pays ennemi », a trouvé dans le Royaume le coupable idéal suite à la fuite de son potentiel engagement militaire au Sahel, en l'accusant de diffamation à son encontre. Une drôle de tentative d'intervertir les rôles, sachant que le voisin de l'Est n'a eu de cesse de propager les fakes news, depuis la libération de la zone tampon d'El Guerguerat par les Forces Armées Royales (FAR) de l'emprise des milices du Polisario. Les médias algériens se sont livrés à une campagne à la limite de l'hystérie, en filmant des scènes d'une prétendue guerre au Sahara, avec la complicité des milices du Polisario. S'ajoute à cela les communiqués fallacieux et calomnieux du front séparatiste sur la situation au Sahara, diffusés à longueur de journée par les médias et la presse algériens. L'Agence algérienne de Presse a produit et diffusé, ces dernières semaines, plus de sept dépêches par jour sur le Sahara, avait précisé le chef de la diplomatie marocaine Nasser Bourita, lors d'une conférence de presse tenue le 7 février, en marge de la 34ème session ordinaire du Sommet de l'Union Africaine (UA) Repères UA : l'Algérie perd du terrain Le 34ème Sommet de l'Union Africaine, tenu il y a deux semaines, a été une occasion d'amoindrir l'influence de l'Algérie et de ses alliés sur les organes de l'Instance panafricaine. Le renouvellement des responsables a été bien accueilli par la diplomatie marocaine, qui s'est visiblement réjouie de l'arrive de nouveaux visages au Conseil de Paix et de Sécurité, le cœur battant de l'Union, tourant ainsi la page de Smaïl Chergui. En outre, les tentatives de l'Afrique du Sud, secondée par son allié algérien, de forcer la tenue d'une Troïka sur le dossier du Sahara ont été vouées à l'échec après le refus des Etats membres. La violence médiatique algérienne inquiète l'UJPLA Après la nouvelle sortie tonitruante du ministère algérien de la Défense, l'acharnement de la campagne médiatique est devenu tel que cela a commencé à inquiéter la presse africaine, surtout après l'atteinte au symbole de notre Nation sur une chaîne algérienne. L'Union des Journalistes de la Presse Libre Africaine (UJPLA) avait fait part de son inquiétude vis-à-vis de la tension entre le Maroc et l'Algérie, depuis l'affaire d'El Guergarate, et a rejeté aussi la dissémination persistante de fake-news en vue de la désinformation médiatique méthodique afin de tromper les opinions publiques africaines et internationales.