La récente sortie du ministère de la Défense algérien, accusant le Maroc et Israël de propager des Fake News sur la coopération de l'Armée Nationale Populaire (ANP) avec le G5-Sahel et par ricochet avec l'armée française, étonne par son timing, sa forme et surtout son fond. Un déni que trahissent les déclarations publiques et filmées du Président français, Emmanuel Macron, où il a clairement affirmé que Rabat et Alger lui avaient assuré leur engagement actif dans sa croisade contre le terrorisme menée au Sahel. Cette sortie vulgaire, hostile et précipitée du ministère algérien de la Défense dont le portefeuille est dévolu, du moins sur le papier, au Président algérien Abdelmajid Tebboune, renseigne donc sur la sensibilité du sujet pour une armée algérienne qui se veut anti-colonialiste et héritière de l'ALN, cette légendaire armée de maquisards qui s'est toujours présentée comme une force de libération nationale, à vocation strictement défensive. La même sortie contraste avec l'aptitude récemment décrochée par l'ANP par voie constitutionnelle de pouvoir s'engager au-delà de ses frontières, ainsi qu'avec son habilité à évoluer dans le Nord du Mali conformément à un droit de poursuite chèrement défendu et obtenu depuis une dizaine d'années. En niant autant de réalités et en se défaussant comme à leur habitude sur le Maroc et l'ennemi sioniste, les généraux algériens révèlent aux yeux du monde leur caractère schizophrène, ainsi que leurs contradictions dissimulées à coup d'enfumage médiatique à destination du peuple algérien pour masquer leur coopération sécuritaire et militaire soutenue avec l'ancien colonisateur pendant et après l'occupation. Il s'agit aussi pour le régime déliquescent des généraux de se démarquer d'une entreprise dans laquelle leur ennemi juré, le Maroc en l'occurrence, est engagé. Un Maroc sur le sol duquel l'idée même du G5-Sahel avait émergé en 2012 et qui devait y sièger à partir de 2014 si ce n'était le lobbying malveillant et acharné de ce même régime algérien pour l'en disqualifier. Car, pour l'establishment militaire algérien, une plus grande implication du Royaume dans les actions du G5-Sahel équivaut à une incursion de son Nemesis dans son espace vital. D'où les récentes gesticulations via un communiqué digne de la Pravda qui ne vise en réalité, comme on en a désormais l'habitude, qu'à ressortir des placards ce sempiternel ennemi extérieur en vue d'alléger la pression du Hirak et éviter que la collaboration militaire non assumée avec Paris ne vienne jeter davantage d'huile sur un feu contestataire plus que jamais brûlant. Amine ATER