La capitale malienne a accueilli du 13 au 14 octobre, une réunion des experts du groupe d'action antiterroriste des pays du G8 (CTAG). Outre les représentants du groupe, la rencontre a été élargie à l'Union européenne, l'Australie et le Maroc (qui participe pour la première fois à la coalition). L'enjeu de la rencontre est d'étudier les voies et moyens permettant de renforcer la lutte contre le terrorisme au Sahel et, principalement, de mettre un terme à l'emprise d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), qui détient toujours sept otages, dont cinq Français, enlevés le 16 septembre au Niger. Coordination nécessaire Pendant les deux jours qu'ont duré les travaux, les experts se sont penchés sur la question de la coordination des opérations antiterroristes dans la région et ont statué sur le contrôle des frontières et du rôle à accorder à l'Union africaine et à la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao). À l'issue de la rencontre, des mesures préventives ont été prises, notamment pour rendre le Sahel habitable, créer et multiplier les postes de sécurité, en plus du renforcement de la coordination des actions. Pour le Mali, il était plus que nécessaire de «s'unir ou périr ensemble». À ce titre, le pays, au sein duquel l'organisation terroriste a installé sa principale base, a insisté sur la création d'une armée unique destinée à combattre l'insécurité dans cette zone. La Mauritanie, qui fait régulièrement l'objet d'attaques de la part des membres d'AQMI, a proposé de faire en sorte que «chaque pays menacé puisse aller frapper l'ennemi dans ses bases». Le Sommet de Bamako s'inscrit dans le cadre de la mobilisation générale contre le terrorisme dans la bande sahélo-saharienne qui prend de plus en plus des proportions inquiétantes. L'organisation a prouvé par ses dernières actions qu'elle maitrisait encore le terrain et pouvait frapper n'importe où et quand. L'enlèvement des 7 otages à Arlit, dans le désert nigérien, les attaques répétées contre l'armée mauritanienne et algérienne et l'incapacité des forces armées maliennes des pays pris pour cible (Mali, Niger, Algérie et Mauritanie) prouvent la défaillance de la riposte face à la force de frappe de l'organisation. Alger fait bande à part L'Algérie a décidé de boycotter la rencontre de Bamako alors qu'elle est interpellée à plus d'un titre. En effet, outre l'insécurité grandissante en Algérie, Aqmi est le prolongement de l'ex-principal groupe terroriste dans la région, le GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat). À ce titre, Alger s'est toujours considéré comme le chef de file de la lutte conte le terrorisme dans le pays, en raison également de sa suprématie militaire, en termes de moyens et de connaissance du terrain, par rapport aux autres pays. La raison avancée par le gouvernement algérien qui qualifie ce sommet de tentative de déstabilisation de la France pour décliner l'invitation, est que la lutte contre l'AQMI est une affaire des seuls pays concernés, et par conséquent exclut toute implication des pays qui y sont étrangers. Une allusion claire, face au vœux exprimés par plusieurs pays comme le Burkina Faso et le Mali, d'élargir la coalition à certains pays, et principalement le Maroc. La question a d'ailleurs été soulevée lors de la dernière réunion, qui s'est tenue le 26 septembre dernier à Tamanrasset, du comité d'Etat-major conjoint des quatre pays (Mali, Niger, Algérie, Mauritanie). Beaucoup d'observateurs présents à Bamako, ont d'ailleurs expliqué l'absence de l'Algérie par la présence pour la première fois du Maroc à une réunion d'une telle envergure. Pourtant, selon les experts, la présence du Maroc dans la lutte contre le terrorisme, dans cette zone, est tout à fait naturelle, même si le Royaume a pu jusque-là épargner son territoire du champ d'action de la bande à l'Algérien Abdelhamid Abou Zeid (l'un des plus puissants chefs d'AQMI). Outre son expertise surtout en matière de renseignements (un aspect précieux dans la lutte), le Maroc serait en mesure de contribuer à la formation des troupes et à l'apport de la logistique nécessaire. En plus, des experts militaires américains et européens ont, à plusieurs reprises, établi des liens entre l'AQMI et le Polisario, estimant que la paix dans la zone est également tributaire de la résolution du dossier du Sahara. Alger s'inquiète surement de voir Rabat bousculer sa suprématie au sein de la coalition et de perdre des points dans le dossier du Sahara. Des polémiques qui profitent aux terroristes.