Les experts américains appellent les Etats du Maghreb à considérer comme une «menace commune» le danger que constitue Al Qaïda dans le Maghreb Islamique. L'organisation d'Al Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) constitue un sujet de préoccupation pour l'administration américaine. C'est ce qu'a affirmé, mercredi 24 février, Johnnie Carson, sous-secrétaire d'Etat des Etats-Unis aux Affaires africaines, lors d'une conférence de presse donnée à Washington, cité par la MAP. Le haut responsable américain a mis en garde contre l'activité grandissante au Sahel de l'AQMI. «Nous avons observé durant les deux dernières années et demie l'activité grandissante au Sahel de l'AQMI, qui a assassiné des ressortissants français en Mauritanie et kidnappé des citoyens britanniques, suisses et allemands au Niger avant de les acheminer au Mali», a affirmé M. Carson. Le sous-secrétaire d'Etat américain a appelé les pays de la région à considérer comme une «menace commune» le danger que constitue Al Qaïda dans le Maghreb Islamique. «Ce groupe terroriste ne reconnait pas de frontières nationales quand il s'adonne aux trafics d'armes et d'êtres humains», a fait savoir M. Carson appelant les pays de la région à se concentrer «ensemble» sur cette menace. Michael Braun, ancien responsable des opérations au sein de l'agence anti-drogue des Etats-Unis, avait affirmé récemment, pour sa part, que l'AQMI relevant de l'organisation d'Oussama Ben Laden, «n'est pas uniquement une organisation terroriste, mais également une puissante organisation criminelle». Il a indiqué que ce groupe est «motivé par le goût du lucre que ce soit en dollars ou en euros». «Il n'y a aucun doute sur les liens et convergences d'intérêts entre AQMI et les forces armées révolutionnaires colombiennes, ainsi qu'avec les puissants cartels mexicains et colombiens», a soutenu l'expert. «Il s'agit là d'un mélange détonnant de plusieurs menaces», a-t-il expliqué. L'expert en matière de lutte anti-drogue a appelé «à ne pas les sous-estimer pour ne pas avoir à en payer l'ultime prix». M. Braun a fait savoir que les jeunes des camps de Tindouf au sud de l'Algérie constituent une proie facile pour l'AQMI, vu les conditions de vie précaires dans lesquelles vit la population des camps de la honte. «Les organisations terroristes puissantes telle que Al Qaïda au Maghreb Islamique sont des experts en matière de détection de personnes présentant de tels signes de vulnérabilité. Ainsi, les camps de Tindouf représentent une mine d'or potentielle pour les recruteurs de groupes comme AQMI», a fait observer l'expert américain. Robert Godec, coordinateur adjoint de la lutte antiterroriste au département d'Etat US, avait récemment soutenu, quant à lui, qu'«AQMI pose la plus grande menace à la région du Maghreb et au Sahel et constitue aussi une menace réelle et immédiate aux ressortissants américains et occidentaux en général», a-t-il soutenu. «Nombre de citoyens européens ont été ou sont encore entre les mains des militants terroristes d'Al Qaïda au Maghreb Islamique», a-t-il dit. L'AQMI provoque une crise diplomatique entre Alger, Nouakchott et Bamako L'Algérie a décidé, mardi 23 février, de rappeler pour consultation son ambassadeur à Bamako et convoqué l'ambassadeur du Mali à Alger pour des explications, suite à la décision du gouvernement malien de procéder à la libération de quatre détenus accusés de terrorisme. «Suite à la décision du gouvernement malien de procéder à la libération de quatre terroristes qu'il détenait sous le prétexte fallacieux qu'ils ont été jugés et ont purgé leur peine, le gouvernement algérien a décidé de rappeler, pour consultation, son ambassadeur à Bamako», a indiqué le porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères. La Mauritanie a également rappelé son ambassadeur à Bamako pour protester contre la remise en liberté de présumés terroristes algériens et mauritanien. L'AQMI exigeait en effet la libération de quatre islamistes (deux Algériens, un Burkinabè et un Mauritanien) détenus au Mali. Cette organisation terroriste retient toujours cinq otages européens (trois Espagnols et deux Italiens) qui avaient été capturés sur le territoire mauritanien en novembre et décembre derniers.
Une augmentation de 550% des attaques de l'AQMI Un récent rapport du Centre international des études sur le terrorisme relevant de l'Institut de recherche américain Potomac révèle que les attentats terroristes perpétrés par AQMI ont connu une «augmentation vertigineuse» de plus de 550%, depuis les attaques du 11 septembre 2001, dans une zone géographique allant de l'Algérie au Mali, en passant par la Mauritanie et le Niger. Pas moins de 1.500 personnes y ont trouvé la mort, alors que 600 autres ont été blessées. Rien que pour l'année 2009, AQMI a mené quelque 204 attaques, rappelle-t-on.