L'Algérie fait encore des siennes. Elle boude la réunion de deux jours des experts du groupe d'action antiterroriste du G8 qui s'est tenue mercredi et jeudi à Bamako, sous motif que seuls les pays du ahel sont concernés. Cette position cache, en réalité, l'intention de ce pays à vouloir tout bonnement monopoliser le dossier de la lutte contre l'Aqmi en rejetant toute intervention des pays de l'Occident et du Maroc. «La position algérienne est connue. L'Algérie cherche à monopoliser la gestion du dossier de la lutte contre le terrorisme dans la région du sahel», commente le politologue Mohamed Darif. Il souligne que l'Algérie désapprouve depuis le début toute intervention de l'Occident et du Maroc dans ce dossier arguant cela par le fait que l'affaire Aqmi concerne uniquement les pays du Sahel et que la participation occidentale peut amener les terroristes à recruter encore plus. Un avis que les autres pays du Sahel ne partagent pas. Preuve en est la participation de la Mauritanie, du Niger, du Mali, du Burkina Faso à cette réunion des experts. Contrairement à l'attitude algérienne, ces autres pays, explique le politologue, cherchent à renforcer la lutte anti-terroriste dans la région à travers la collaboration des pays occidentaux du fait qu'ils présentent un soutien logistique et financier important que les pays concernés ne possèdent pas. L'implication des Etats comme les Etats-Unis, Russie, Japon, Canada, France, Grande-Bretagne, Italie et Allemagne sera d'un apport matériel important. D'autres pays de l'Afrique, à part ceux qui constituent la coalition anti-Aqmi dans le Sahel, sont également de la partie, notamment le Sénégal et le Nigeria. Mohamed Darif explique que cette affaire répond à deux stratégies : La première menée par l'Algérie qui cherche à éloigner toute intervention des pays de l'Occident et du Maroc sous prétexte qu'ils ne font pas partie du Sahel. « Cette démarche, qui veut limiter la lutte contre le terrorisme à l'espace géographique, a montré ses limites. D'ailleurs, les pays du sahel n'ont pas respecté les clauses de la convention de la Coalition. Il faut comprendre aussi que la lutte anti-terroriste n'a pas une dimension géographique. Le Maroc est, de ce fait, lui aussi concerné de par ses frontières avec l'Algérie et la Mauritanie. Notons aussi que l'Aqmi a déjà été à l'origine des attaques directes à l'égard du Maroc et que parmi ces membres, on y trouve également des Marocains », commente –t-il. La seconde stratégie est dirigée par les Etats-Unis et qui rejoint la rencontre tenue à Ouagadougou au Burkina Faso. Laquelle se fonde sur le fait que le terrorisme est un phénomène transnational qui ne reconnaît pas les frontières. Ce qui requiert un renforcement de la coordination entre les pays. Mustapha Labraimi, membre du bureau politique du parti du progrès et du socialisme (PPS), a, de son côté, jugé l'attitude algérienne de complètement fausse. « Cette zone est devenue une plaque tournante de trafics multiples et un lieu de non-droit qui provoque l'instabilité dans la région. L'Algérie a au contraire intérêt à collaborer avec les organismes régionaux et internationaux pour rétablir l'ordre dans la région », explique-t-il. Le soutien algérien au Polisario n'est pas sans expliquer cette posture du fait que ce dernier profite lui-même de la situation qui prévaut au sahel. « Le Polisario profite de cette insécurité pour contrôler le retour massif du camps de Tindouf. Dans ce sens, l'Algérie, père fondateur de ce mouvement séparatiste, n'a donc pas intérêt à ce que la zone soit efficacement contrôlé », selon ce responsable politique. Cela n'empêche, bien entendu, que chaque pays doit faire le nettoyage chez lui, conclut-il.