La police espagnole a affirmé, mercredi 29 septembre, que deux Algériens, l'un arrêté à Barcelone et l'autre toujours recherché, sont impliqués dans une affaire de financement des activités terroristes d'Al-Qaïda au Maghreb islamique. Un événement d'une importance majeure a eu lieu mercredi 29 septembre. Mohamed Omar Debhi, un homme de 43 ans, de nationalité américaine et d'origine algérienne, a été arrêté à Barcelone pour «financement présumé d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI)». C'est ce qu'a indiqué, le même jour, la police espagnole dans un communiqué. Selon la même source, cet homme résidant à Esplugues de Llobregat, près de Barcelone, est soupçonné d'avoir «envoyé de l'argent en Algérie d'où il était remis aux cellules d'Aqmi au Sahel». «Les investigations de la police permettent de le lier à des délits de financement de terrorisme au Sahel, pour Al-Qaïda au Maghreb islamique», selon le communiqué, ajoutant qu'un autre Algérien, Toufik Mizi, impliqué dans cette affaire, est toujours recherché par la justice espagnole depuis 2006 pour «appartenance à une organisation terroriste». Selon la police espagnole, Mohamed Omar Debhi aurait envoyé à ce dernier par transfert ou bien par «courrier humain» un montant global «supérieur à 60.000 euros». «Omar Debhi, qui connaissait Toufik Mizi depuis 2003, était chargé de blanchir de l'argent et d'en envoyer une partie en Algérie pour les cellules d'Aqmi afin de leur permettre d'acheter du matériel», indique le communiqué, précisant que l'interpellation s'est accompagnée de perquisitions qui ont permis de saisir des ordinateurs et une «importante documentation bancaire» en relation avec l'enquête. Selon le journal espagnol «ABC», qui cite des sources proches de l'enquête, Omar Debhi se dédiait au financement d'Aqmi et à l'endoctrinement de jihadistes depuis les villes espagnoles de Barcelone, Castellon de la Plana et Pamplona, dans le cadre d'une cellule terroriste démantelée en 2006 avec l'arrestation de six de ses membres. Suite à cela, Omar Debhi a décidé de prendre en charge le financement d'Aqmi. L'arrestation de Omar Debhi n'est pas un acte isolé, mais elle est révélatrice à bien des égards. Décidément, l'ex-Groupe salafiste pour la prédication et le combat, l'actuel Aqmi, n'a pas encore réussi sa mutation, selon les observateurs. L'arrestation par la police espagnole de Mohamed Omar Debhi, pour financement présumé de l'Aqmi et la recherche d'un autre Algérien impliqué dans cette affaire, Toufik Mizi, confirment, encore une fois, la mainmise de l'Algérie sur cette organisation terroriste. «L'arrestation de Omar Debhi confirme que le noyau dur de l'Aqmi est toujours constitué par des Algériens. Ainsi, même si l'ex-Groupe salafiste pour la prédication et le combat a changé son appellation dans le but d'élargir son champ d'action, ce sont les Algériens qui forment le noyau dur de cette organisation terroriste sur le plan de la gestion», explique le politologue Mohamed Darif, dans une déclaration à ALM, ajoutant que désormais, non seulement le chef de l'Aqmi, Abu Musab Abdul Wadud, et les chefs opérationnels de cette organisation, Abdel Hamid Abu Zeid et Mokhtar Bel Mokhtar sont des Algériens, mais également le soutien logistique et financier apporté à la nébuleuse terroriste. Le dernier acte terroriste de l'Aqmi remonte à moins de deux semaines. Dans la nuit du 15 au 16 septembre, cinq Français, un Togolais et un Malgache, pour la plupart des collaborateurs des sociétés françaises Areva et Satom (groupe Vinci), ont été enlevés à leur domicile à Arlit, dans le nord du Niger, par des agents de l'Aqmi. Selon des experts, la France pourrait accepter de verser une rançon à l'Aqmi pour la libération de ses ressortissants, à l'image de ce qu'a fait l'Espagne, étant donné que la libération par la force des otages est désormais jugée très risquée, depuis l'échec, le 22 juillet dernier, d'un raid militaire mené par les forces spéciales françaises, contre une base de l'Aqmi au Mali, dans l'espoir déçu de secourir l'otage Michel Germaneau. L'ONU craint une propagation de la menace terroriste en Afrique de l'Ouest L'ONU craint «les risques de propagation de la menace» représentée par Al-Qaïda au Maghreb islamique en Afrique occidentale, a déclaré, mercredi 29 septembre, à Dakar Saïd Djinnit, représentant spécial du secrétaire général de l'ONU en Afrique de l'Ouest. «La menace, à travers ses manifestations, notamment les prises d'otages, a été croissante» ces derniers mois, a noté M. Djinnit devant la presse à l'issue d'une réunion des représentants des missions de la paix de l'ONU en Afrique de l'Ouest. «Nous craignons les risques de propagation de la menace au sud, en Afrique de l'ouest», Aqmi «prenant prétexte et tirant avantage de la pauvreté environnante et des problèmes de gouvernance qui sont assez généralisés» dans cette région, a-t-il ajouté. M. Djinnit a affirmé que l'ONU a «toujours marqué sa disponibilité à aider la région et les pays de la région dans les efforts communs qu'ils doivent mobiliser pour faire face à une menace qui est commune». «C'est dans cet esprit que les Nations Unies ont toujours encouragé la tenue d'une conférence régionale» consacrée à la lutte contre le terrorisme, a-t-il ajouté. Une telle conférence aurait dû se tenir l'an dernier à Bamako, mais n'a finalement pas eu lieu.