Tahar Ezzerouali L'un des financiers des groupes terroristes affiliés à Al Qaïda en Europe vient de tomber. Bilbao, mercredi. Tahar Ezzerouali, un Algérien, connu dans le milieu, doit répondre de plusieurs chefs d'inculpation : financement du terrorisme et falsifications de documents officiels. Cela s'est déroulé à Bilbao, mercredi 19 janvier courant lors d'une descente de la police nationale espagnole dans la région de Bilbao dans le Pays Basque, au Nord de l'Espagne. L'Algérien Tahar Ezzerouali, âgé de 35 ans, a été immédiatement accusé par le juge Baltazar Garzon de membre influent d'Ansar Al Islam, un groupe terroriste lié à Al Qaïda et très actif en Europe sous les ordres du Jordanien Abou Moussaab Al Zarkaoui. La cellule d'Ansar Al Islam s'occupait entre autres de fournir de l'argent et des documents falsifiés à des activistes dans plusieurs pays européens allant de l'Espagne à l'Allemagne en passant par la Belgique, la France, la Hollande et l'Italie. Selon le rapport qui émane de l'Audience nationale à Madrid, Ezzerouali était chargé par les dirigeants du groupe Ansar Al Islam de jouer les intermédiaires pour “les transactions monétaires entre différents terroristes” pour des actions d'appui et de logistique en Espagne. Après son arrestation, la sous-délégation du gouvernement de Viscaya a affirmé que “c'était suite à un mandat d'arrêt” que la traque a été orchestrée et que l'Algérien a été “appréhendé dans son quarter de Santutxo où il travaillait comme peintre de bâtiment” Les liens avec le 11 septembre Il faut d'abord souligner que Tahar Ezzerouali est l'un des huit membres d'une cellule dormante qui a été démantelée dernièrement par le même juge Garzon en Espagne. Cette cellule faisait partie de toute une préparation d'appui à des terroristes de haut vol comme Mohamed Atta, l'un des kamikazes de New York et Ramzi Ibn Alshibh aujourd'hui détenu par les Américains après sa capture en 2003 au Pakistan. Le groupe de cette dernière opération est composé de plusieurs Algériens : Reda Zerroug, Khalid Madani, Redwane Zenemi, Samir Mahjoub et Hadi Youssef Boudhiba, qui sont tous accusés “d'appartenance à une bande armée”. S'ajoutent à ces activistes deux autres suspects : Mohamed Ayat , un autre Algérien et Francisco Garcia Gomez, un Espagnol lié au groupe. Après la sortie sous caution (20 000 euros) de l'Espagnol, tous les autres sont aujourd'hui en prison sauf Boudhiba, qui est toujours prisonnier en Angleterre et dont le juge espagnol attend l'extradition. Au-delà du passé lié aux attentats du 11 septembre, le plus important pour la justice espagnole est de tirer au clair les activités de ce groupe qui s'est spécialisé , entre autres, dans le recrutement et l'envoi de moujahidines en Irak. Le juge Garzon apporte aussi les preuves d'un rapport avéré concernant Ramzi Ibn Alshibh et Abou Moussaab Al Zarkaoui qui leur aurait donné l'ordre de recruter des volontaires pour le jihad en leur facilitant l'accès à des documents falsifiés. Un groupe qui compte aussi deux frères de Samir Mahjoub, Abderrazak et Farid. Selon les documents du juge Garzon, Zerroug, Madani, Mahjoub, connu aussi sous le nom de Sami Menardo, Zenemi, alias Bachir ou “Salim” forment avec Mohamed Ayat le même groupe que celui de Hadi Ben Youssef Boudhiba, toujours détenu en Angleterre. Pour la justice espagnole, il y aurait une information qui démontrerait de façon claire que le groupe comptait perpétrer des attaques en Espagne en juillet 2003 sous les ordres d'Abou Al Souri, un haut responsable résidant en Allemagne dont le contact en Espagne était Abdelhaï Djaouat connu sous le nom de Katouri. Pour le moment, il est presque impossible d'établir un lien entre ce groupe d'Algériens qui a apporté l'aide logistique aux volontaires du 11 septembre et les activistes marocains d'Al Qaïda, arrêtés soit en Espagne par le juge Garzon soit au Maroc après le 16 mai casablancais. On apprend de sources proches du dossier que pour le moment, les noms des grands activistes marocains n'ont pas encore été cités.