La Politique européenne de voisinage (PEV) est plus que nécessaire, au regard du contexte de la crise sanitaire que nous vivons, a indiqué, jeudi, le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita. Faisant le bilan des 17 ans de la PEV, le ministre a souligné qu'elle gardait toute sa pertinence stratégique que ce soit dans « son esprit, sa méthode ou son acquis » et qu'elle a permis d'instaurer un dialogue politique institutionnalisé et une coopération sectorielle structurée. Ainsi, l'acquis de la PEV se matérialise par un dialogue politique institutionnalisé, avec plus de 30 milliards € investis entre 2003 et 2020, à travers des modes d'appui diversifiés, parfois complexes mais toujours adaptés, une coopération sectorielle structurée et un accès ouvert sur les agences et programmes, a noté le ministre. Toutefois, les 17 ans de la PEV ont montré quelques limites à surmonter, a-t-il relevé, notant que sur la finalité, elle n'a pas déployé une offre suffisamment féconde pour réduire l'écart de développement entre les deux rives. "La richesse produite au Sud est 13 fois inférieure qu'au Nord, et l'écart des niveaux de vie est de presque 1 à 5", a fait observer M. Bourita. Pour pallier ces limites, le chef de la diplomatie marocaine a suggéré dans un premier temps de revenir à l'idée de base de la PEV et d'avoir une traduction concrète de ses principes directeurs (différenciation, complémentarité, solidarité, appropriation, more for more ...). Le ministre a également proposé que « la PEV soit une ligne directrice pour toutes les structures de l'UE et qu'elle transcende la logique financière pure ». Il a aussi plaidé pour « une plus grande implication du Sud dans le decision shaping le concernant et une révision favorisant des passerelles de complémentarité entre les cadres bilatéraux, régionaux et bi-continentaux ». Dans le contexte bilatéral, M. Bourita a indiqué que l'Union européenne était une évidence géostratégique. "Sa Majesté le Roi Mohammed VI est fin connaisseur de l'UE, de ses mécanismes et de son Partenariat avec le Maroc. Le Souverain nous a fixé un cap, qui est notre doctrine", a-t-il souligné. Exposant la manière dont l'expérience UE-Maroc peut alimenter la réflexion collective sur la PEV, le ministre a affirmé : "nous sommes décidés à optimiser l'opportunité que constitue la révision de la PEV, pour aller ensemble sur des terrains d'avenir, comme les transitions jumelles – digitale et verte – à travers la conclusion de Pactes Vert et Numérique". Le ministre a également évoqué "la recherche et l'innovation dans le domaine de la santé, afin de constituer un rempart contre de futures crises". A cet égard, M. Bourita a appelé à la prise en compte du contexte de la crise pandémique qui a « interpellé le concept de voisinage, donné un autre sens au concept de sécurité, démontré des fragilités mais qui a surtout révélé des opportunités à exploiter ensemble »