S'il est bien une leçon à tirer des évènements de ces dernières semaines au Proche-Orient, c'est qu'Israël a finalement cédé à la pression internationale. Une évidence qui met à mal l'affirmation complaisamment répandue par ses amis selon lesquelles l'Etat hébreu ne cède jamais devant les pressions. Concrètement, l'arraisonnement sanglant de la flottille de pacifistes fin mai, au large de Gaza, aura fait plus pour lever le blocus de cette grande prison à ciel ouvert, que d'interminables conférences internationales et des impuissances diplomatiques évidentes. Certes, ce ne fut pas facile. Israël a tenté de tergiverser, de gagner du temps. Mais pour la première fois peut-être, ni les Occidentaux ni les Etats arabes n'ont cédé. Le 20 juin, Benyamin Netanyahou, le Premier ministre israélien a fini par lâcher du lest et a annoncé la levée partielle du blocus imposé sur ce morceau de Palestine dont Tsahal et les colons se sont retirés en 2005. L'année suivante, l'enlèvement du soldat israélien Gilad Shalit a permis à Tel-Aviv d'imposer un blocus. Il était renforcé en 2007, après la prise en main de Gaza par le Hamas. Israël a donc annoncé que tous les produits pourraient entrer dans Gaza sauf ceux (peu nombreux, est-il dit) qui seraient spécifiquement interdits, telles les armes et autres substances pouvant permettre de fabriquer des explosifs. Si cette décision est bien appliquée (dans le passé, les effets d'annonce israéliens ont été monnaie courante), le changement sera évident pour les Gazaouis. Et devrait bouleverser l'économie parallèle qui s'est mise en place à Gaza ces quatre dernières années. En 2008, plus de mille tunnels creusés clandestinement par des Palestiniens entre Gaza et l'Egypte permettaient d'acheminer toutes sortes de marchandises. 5000 propriétaires se partageaient ces 1.000 tunnels. Certains ont fait des fortunes, creusant à partir de terrains dont ils étaient propriétaires ou qu'ils ont acquis à prix d'or dans la région de Rafah. L'un d'eux, surnommé «le rat», en possède 100 à lui seul. Depuis six mois, les affaires ont beaucoup baissé. Non seulement les bombardements israéliens ont détruit plus de la moitié des tunnels (souvent assez vite reconstruits) fin 2008, mais la pauvreté croissante des Gazaouis les a obligés à réduire grandement leur consommation. Les prix des marchandises venues d'Egypte ont déjà beaucoup baissé ces derniers mois. Certains «tunnelier» disent aujourd'hui ne plus rentrés dans leur frais. Car eux-mêmes achètent fort cher les marchandises aux bédouins égyptiens. Si Israël lève effectivement son blocus, l'économie des tunnels disparaîtra peu à peu. Le Hamas perdra la taxe de 10.000 shekels (un peu moins de 3000 euros) prélevée annuellement sur chaque tunnelier. Un de ses rares moyens de subsistance à l'exception de l'aide financière reçue de ses amis iraniens et syriens. Seconde conséquence de la levée du blocus : il va devenir de moins en moins cohérent pour les Etats-Unis et l'Europe, pour plaire à Israël, de continuer à prôner le boycottage du Hamas. Certes, le parti islamiste utilise la violence et ne reconnaît pas Israël, mais ni plus ni moins que le Hezbollah ou l'Iran avec lesquels l'Occident entretient des relations. Une question de temps. Le Hamas devant très probablement suivre la voie de l'OLP qui fut, jusqu'en 1988, bannie par Israël et regardée avec suspicion par l'Occident.