Gaza sera notre Vietnam» prophétisait la semaine passée le quotidien israélien Ha'aretz. Une partie, encore minoritaire, de la société israélienne commence à réaliser que la politique de leurs responsables les mène peut-être à leur perte. Car le raid, sanglant contre un bateau de militants pro palestiniens au large de Gaza, se solde par un triple échec pour Israël. L'Etat hébreu n'est pas près de s'en remettre. Tout à son enfermement mental de pays assiégé par un monde qui lui serait hostile, le gouvernement de Benyamin Netanyahou, le plus à droite qu'Israël n'ait jamais eue, est parvenu à couper le pays de la communauté internationale. A l'exception des Etats-Unis, les critiques ont été unanimes pour condamner l'arraisonnement et l'assassinat de neuf civils sur un bateau naviguant dans les eaux internationales. Une évidence de l'impunité que s'arroge l'Etat hébreu. Même en temps de guerre, un tel acte serait condamné. Aussi, y a-t-il unanimité dans le monde, y compris des Etats-Unis, pour réclamer une enquête indépendante sous l'égide de l'ONU. Israël, sans surprise, s'y refuse. Sous pression, Netanyahou a accepté de créer sa commission d'enquête qui compterait deux ressortissants étrangers, dont un Américain. On peut douter que la Turquie, la Russie, les pays arabes… s'en contentent. Deuxième échec : Israël est parvenu à se couper de son seul allié dans la région, la Turquie. Une attitude incompréhensible de la part d'un Etat isolé dans sa région. Une politique suicidaire qui monte aussi l'enfermement de la droite israélienne. La Turquie est un pays peuplé (77 millions d'habitants), puissant, démocratique, non-arabe mais musulman, allié des Américains et membre de l'OTAN, avec laquelle Israël a passé une alliance stratégique et militaire. Elle est un pont entre l'Orient et l'Occident, et même dirigé par un islamiste modéré, peut être un intermédiaire de poids pour faire accepter Israël dans au Proche-Orient. Troisième échec : Israël a marqué un but contre son propre camp en obtenant de ses plus proches amis, dont les Etats-Unis, qu'ils réclament la fin du blocus insupportable imposé aux Palestiniens de Gaza. En France, l'ancien ministre des Affaires étrangères, Dominique de Villepin a même déclaré qu'il faudrait bien un jour, c'est une évidence, parler au Hamas. De son côté, la France a proposé que l'Europe assure le contrôle des bateaux qui arriveraient à Gaza ainsi que celui du terminal de Rafah avec l'Egypte. Très logiquement les Israéliens n'ont pas donné suite. Mais que fera Israël si demain, l'Iran, comme il l'a annoncé, envoyait des bateaux du Croissant rouge iranien pour rompre le blocus de Gaza ? « Les navires seront escortés par des Gardiens de la Révolution » a même proposé un responsable. Benyamin Netanyahou commence peut-être à réaliser que sa politique intransigeante le conduit à l'impasse. A Tel-Aviv, certains affirment qu'il serait possible, si la communauté internationale abandonne ses demandes sur une commission d'enquête de l'ONU d'accepter une levée partielle du blocus de Gaza. Israël laisserait entrer plus de camions et plus de produits de grande consommation. Seuls, 97 sont actuellement admis à Gaza contre 4000 auparavant. Le reste entre par les tunnels percés sous la frontière avec l'Egypte. Ils enrichissent le Hamas qui prélève des taxes au passage.