« Une partie importante de l'aide humanitaire accordée par l'UE aux réfugiés sahraouis des camps de Tindouf, en Algérie, est détournée de façon organisée depuis des années ». Le rapport de l'Office anti-fraude (OLAF) est sans appel. il se fonde sur les résultats d'une enquête menée depuis 2003 et porte de lourdes accusations citant les noms des personnes soupçonnées d'être les organisateurs de ces détournements, qui commencent dans le port algérien d'Oran où est opéré le tri entre »ce qui doit arriver et ce qui peut être détourné ». Kristalina Georgieva la commissaire européenne au Budget admet implicitement que les détournements ont eu lieu en reconnaissant que «l'exécutif bruxellois n'avait pas jugé nécessaire de suspendre son aide et avait continué à allouer annuellement 10 millions d'euros pour les réfugiés des camps de Tindouf». L'un des subterfuges du Polisario pour s'accaparer la manne européenne serait «la surestimation du nombre des réfugiés et donc des aides fournies» explique l'OLAF. Pire encore, des aliments de bonne qualité destinés aux réfugiés, comme du blé canadien, seraient remplacés par leur équivalent de qualité moindre pour être revendus, et que les produits d'un élevage de volailles dans la ferme de Nkheila «financé par l'aide internationale sont vendus et non donnés aux réfugiés». Ce rapport est un réquisitoire contre le Polisario qui utiliserait « des prisonniers, de guerre civils ( ...) pour la manutention de l'aide, de la construction de bâtiments financés par l'aide internationale». Mais toutes ces informations confinées dans le rapport qui date de 2007 auraient été interdites d'accès. Il aura fallu l'intervention en 2014 du médiateur européen pour que le document puisse être consulté. Kristalina Georgieva a néanmoins soutenu « qu'une demande de consultation avait été refusée en 2010, et que seule l'intervention du médiateur européen en 2014 a permis de l'obtenir ». En revanche, la Commission européenne aurait pris des mesures pour « prévenir les pratiques frauduleuses, mais n'a pas suspendu les financements». L'UE a donc accordé les dix millions d'euros au Polisario sur 546 millions alloués à l'aide aux réfugiés et aux personnes déplacées dans le monde en 2013. Une aide que l'UE accorde aux réfugiés sahraouis depuis 1975 en dépit du refus d'Alger de procéder à un recensement effectif des réfugiés présents sur son sol.