L'eurodéputé socialiste, Gilles Pargneaux, compte saisir la Commission contrôle budgétaire du Parlement européen de l'affaire des détournements de l'aide humanitaire accordée par l'UE aux populations séquestrées dans les camps de Tindouf dans le sud-ouest algérien. "Je vais demander à la Commission contrôle budgétaire de se saisir de l'affaire des détournements révélés par l'Office européen anti-fraude (OLAF) pour faire toute la lumière sur ce que je considère comme une instrumentalisation honteuse du conflit du Sahara'', a affirmé M. Pargneaux. Les révélations de l'OLAF sur les détournements massifs et organisés de l'aide européenne aux camps de Tindouf jettent une "lumière crue" sur une question centrale du conflit du Sahara, à savoir le recensement des populations de Tindouf auquel s'opposent catégoriquement l'Algérie et le polisario malgré les demandes répétées des Nations Unies, a souligné le président du Groupe d'amitié UE-Maroc au Parlement européen. M. Pargneaux, qui a imputé ces détournements "scandaleux" à la surestimation de la population des camps de Tindouf, a indiqué qu'il est temps que l'Europe exige ce recensement afin d'éviter les détournements mais surtout pour donner une nouvelle impulsion au règlement du conflit du Sahara. "Il faut être bien conscient que c'est la surestimation de la population des camps de Tindouf qui a permis l'établissement de ce système élaboré de détournement et de revente de l'aide alimentaire européenne", a-t-il insisté. Le rapport de l'OLAF, réalisé en 2007 et dont le contenu vient d'être dévoilé suite à une intervention du médiateur européen, a révélé l'existence de plusieurs pratiques frauduleuses et d'innombrables irrégularités quant à la distribution de l'aide, durant plusieurs années. Seule la partie de l'aide permettant aux populations des camps de Tindouf de survivre est distribuée, constate l'OLAF qui fait observer que le reste est vendu au marché noir au profit des dirigeants du polisario avec la bénédiction des autorités algériennes. Demande d'ouverture d'enquête Dans le même sillage, l'Association des Amis du Royaume du Maroc en Pologne a appelé le Parlement européen à se saisir de l'affaire du détournement par l'Algérie et le polisario de l'aide financée par le contribuable européen au profit des populations séquestrées dans les camps de Tindouf en territoire algérien. Dans deux lettres adressées mardi au président du parlement européen, Martin Schulz et au président du Conseil de l'Europe, Donald Tusk, l'association demande l'ouverture d'une enquête pour faire toute la lumière sur ce détournement et d'exercer des pressions sur l'Algérie et le polisario en vue du recensement des populations séquestrées dans les camps de Tindouf conformément aux demandes pressantes des Nations-Unies notamment le HCR (Haut-Commissariat aux Réfugiés). "Il est immoral et scandaleux d'ignorer plus longtemps encore, la situation dramatique que vivent les séquestrés alors que le polisario est devenu une sérieuse menace sécuritaire pour l'Afrique et l'Europe", soulignent les missives. L'association met en garde, à ce propos, contre les dangers que pourrait susciter l'existence d'une entité fantomatique dans la région, rappelant que des informations, de plus en plus, récurrentes et crédibles signalent que le groupe terroriste AQMI procède à des recrutements massifs dans les camps des séquestrés à Tindouf. De son côté, l'association des Tribus Sahraouies Marocaines en Europe (ATSME) basée à Paris, a alerté la communauté internationale sur le détournement par l'Algérie et le polisario de l'aide financée par le contribuable européen au profit des populations séquestrées dans les camps de Tindouf en territoire algérien. Dans un communiqué rendu public lundi, l'ATSME se réjouit que le rapport final de l'enquête menée par l'Office européen de lutte anti-fraude dans ces camps soit enfin accessible, notant qu'il vient confirmer l'enrichissement personnel des responsables du front Polisario par le détournement des aides allouées par la communauté internationale aux populations sahraouies des camps de Tindouf. Ce rapport "met en exergue, de façon claire et irréfutable la lourde responsabilité des autorités algériennes et des mercenaires du Polisario dans le détournement massif et systématique de l'assistance financée par la Communauté européenne, et donc par le contribuable européen, pour venir en aide aux populations sahraouies retenues dans ces camps", souligne le porte-parole de l'ATSME Lahcen Mahraoui. Il relève en outre que le rapport a permis de mettre à nu, de façon détaillée, les pratiques de ce détournement, son ampleur et les personnes qui en sont responsables. Pour lui, l'une des pratiques citées dans ce rapport, et dont sont responsables les autorités algériennes, est la surestimation du nombre des Sa0hraouis retenus dans les camps de Tindouf, population dont Alger, en connaissance de cause, a refusé le recensement, de façon systématique, à la communauté internationale malgré les demandes formelles du Haut Commissariat aux Réfugiés de l'ONU en 1977, 2003 et 2005. L'UE appelée à agir avec fermeté Des associations marocaines en Italie ont appelé à 'agir avec fermeté'' dans l'affaire des détournements systématiques des aides humanitaires aux populations séquestrées dans les camps de Tindouf et à 'tirer les leçons qui s'imposent de ces actes inhumains''. Ces ONGs, regroupées au sein du Réseau des Associations de la Communauté Marocaine en Italie (RACMI), expriment leurs 'vives préoccupations'' suite au rapport rendu public par le Parlement européen, le 22 janvier courant, et déposé par l'Office Européen Anti-fraude (OLAF) sur les détournements systématiques et organisés des aides humanitaires et la manipulation du nombre de la population des camps de Tindouf par les algériens et le polisario. Si l'Union européenne (UE) 'garde le mérite de lever le voile sur des inexactitudes considérées +tabou+ jusqu'aux dernières révélations de l'OLAF, elle demeure énergiquement appelée l'affaire des détournements révélés par l'Office européen anti-fraude (OLAF)et à tirer les leçons qui s'imposent suite à ces actes inhumains, et par conséquent de procéder à l'arrêt immédiat des aides humanitaires consacrées par la Commission Européenne aux populations séquestrées de Tindouf'', soulignent ces associations dans un communiqué parvenu à la MAP. Après avoir rappelé que la population des camps demeure 'l'unique au monde à ne jamais être recensée ou identifiée'', et ce malgré les nombreuses résolutions et recommandations du Conseil de Sécurité, bafouées d'ailleurs par l'Algérie, les ONGs marocaines exhortent l'Assemblée Générale de l'ONU et le Haut-Commissariat des Réfugiés (HCR) à prendre 'des actions concrètes et des sanctions sévères contre l'Algérie et à exercer toute les pressions utiles sur les autorités de ce pays pour accepter l'organisation d'un recensement sérieux de la population des camps de Tindouf, sous la supervision d'observateurs internationaux, dans le but de déterminer la réalité et le nombre exact des habitants de ces camps''.