Les détournements de l'aide humanitaire destinée aux populations dans les camps de Tindouf sont "l'oeuvre conjointe de la direction du Polisario et de certains milieux algériens proches du pouvoir", a affirmé le président du Centre européen pour l'intelligence stratégique et la sécurité (ESISC), Claude Moniquet. Dans un entretien publié, vendredi, par +Maroc Hebdo International+, M. Moniquet a précisé que le rapport publié récemment à ce sujet par l'Office européen de lutte Anti-fraude (OLAF) "pointe le croissant rouge algérien comme étant le principal bénéficiaire de ces détournements, et ce dès le port d'Oran". "La responsabilité algérienne ne fait aucun doute du point de vue juridique", a-t-il ajouté, soulignant que "c'est donc à Alger de veiller à ce qu'il n'y ait aucun détournement. Le moins que l'on puisse dire est qu'il y a là un grave manquement à des obligations internationales". L'OLAF a récemment révélé, dans un rapport confidentiel, les mécanismes des détournements des aides humanitaires destinées aux populations séquestrées dans les camps de Tindouf. "Ce rapport d'une vingtaine de pages explique comment l'aide est largement détournée au profit des dirigeants du polisario et aussi de diverses parties algériennes", a précisé le président de l'ESISC, ajoutant qu'"il nous a même été confirmé de plusieurs sources, y compris algériennes, que l'Etat algérien perçoit des taxes sur une partie de l'aide". "Une partie de l'argent du contribuable européen censé aider les populations de Tindouf sert en effet à enrichir l'Etat algérien via son système fiscal. C'est un véritable racket", a-t-il dénoncé. M. Moniquet a fait savoir que les enquêteurs de l'OLAF "ont également tracé les villas de luxe achetées dans le sud de l'Europe avec l'argent issu de ces détournements ainsi que les caches dans lesquelles des stocks sont constitués en vue de leur revente ultérieure, entre autres, en Afrique subsaharienne". Face à cette situation, le président de l'ESISC a plaidé pour deux solutions à court terme: se livrer à un recensement précis des populations sahraouies et mieux contrôler l'aide. "Pour le recensement, on sait que l'Algérie et le polisario ne veulent pas en entendre parler et qu'il est donc bloqué. Reste le contrôle qui devrait être plus serré, effectué sur place, entre autres, lors de la répartition de l'aide et suivi". "C'est une machine lourde et coûteuse", a-t-il dit. "Une première étape serait donc, à mon avis, de rendre public le rapport de l'OLAF, au moins au niveau du parlement européen, pour que les représentants des peuples d'Europe puissent juger sur pièce de ce qu'on fait de l'argent et de la générosité de leurs électeurs et qu'ils placent, dès lors, l'Algérie face à ses responsabilités", a soutenu M. Moniquet.