Le rapport énumère les organisateurs et les personnes derrière ce trafic et accuse les auteurs de cette escroquerie d'avoir mis en place un plan complexe qui commence dès le port d'Oran, là où débarquent les aides avant d'être transportées vers les camps plus au sud, explique Norell, qui est également chercheur au Washington Institute for Near East Policy. Les aides destinées aux camps sont vendues au lieu d'être acheminées à leurs bénéficiaires initiaux, souligne l'expert suédois, qui ajoute qu'il s'est avéré que "l'Algérie a utilisé des prisonniers de guerre ou civils, pour la manutention de l'aide et la construction de bâtiments financés par les aides". "Les autorités algériennes qui affirment que 155.000 personnes habitent dans les camps, ont toujours, en signe de soutien au Polisario, refusé un décompte indépendant" du nombre réel des populations des camps de Tindouf'', rappelle Norell, qui indique qu'"en 2005, l'OLAF a estimé leur nombre à 90.000, ce qui montre que l'UE avait déjà des doutes sur le nombre de ces personnes qui initialement devaient bénéficier des aides payées par les contribuables européens". L'expert suédois souligne que l'Office européen de lutte anti-fraude a souligné que "l'une des raisons qui ont rendu ces détournements possibles est la surestimation du nombre des réfugiés et donc des aides accordées". Ce rapport se base sur les résultats d'une enquête menée depuis 2003, ajoute l'expert suédois, qui souligne que "la commissaire européenne au Budget, Kristalina Georgieva, a reconnu en 2007 lors d'une audition au Parlement européen que l'exécutif bruxellois n'avait pas jugé nécessaire de suspendre son aide et avait continué à allouer annuellement 10 millions d'euros pour les habitants des camps de Tindouf, administrés par le Front Polisario et l'Algérie". Le rapport a donc été "enterré" pendant 7 ans et c'est seulement en 2014, après l'intervention du médiateur européen, qu'il a été rendu public, ajoute Norell, qui estime que les résultats de cette enquête sont "embarrassants pour l'UE". Selon l'expert suédois, depuis que le terrorisme est devenu un problème croissant pour les pays du Sahel en particulier, et du Nord-Ouest de l'Afrique en général, "le Polisario est devenu encore plus empêtré dans diverses activités criminelles, comme la contrebande et le trafic". Le plus inquiétant, poursuit Norell, "est le fait que des militants islamistes ont mené une vaste opération de recrutement à l'intérieur des camps de Tindouf", rappelant que "les agences de renseignement ont pendant des années mis en garde contre un problème croissant de sécurité et accusé l'Algérie (où se trouvent les camps) de négligence vis-à-vis du danger islamiste". "Cette question va au-delà d'être un simple conflit entre le Maroc et l'Algérie, c'est une préoccupation régionale qui ne peut être traitée de manière efficace qu'à travers une plus grande coopération régionale, une option qui n'est pas prévue actuellement, malgré les initiatives du Maroc, du Mali et du Niger dans ce sens", explique l'expert suédois. Et de conclure que "toute cette affaire sordide dévoilée par l'enquête de l'OLAF est l'exemple le plus récent de la façon avec laquelle un conflit complexe peut s'envenimer, et mener à plus de criminalité et de corruption, et ce au moment où les habitants des camps font face à une situation de plus en plus pénible".