Nous y voilà. La bonne et exquise nouvelle, nous avons des lignes rouges. La liberté d'expression, pourtant garantie par la constitution à toutes les Marocaines et tous les Marocains semble ne pas convenir à tout le monde. Et plus particulièrement aux islamistes ce qui est compréhensible du moment que l'islamisme ne connaît pas ce concept, mieux, il le combat. Et l'islamiste est sélectif dans ses choix. Par exemple, il ne trouve rien à dire au groupuscule qui prétend se battre pour la liberté du Rif, à partir d'Alger où la junte militaire menace l'unité marocaine de manière pratique, et s'arrache les cheveux quand un acteur médiatique et intellectuel international exprime son point de vue sur la question de la Cour internationale de justice à propos des mandats d'arrêts contre le Premier ministre et l'ex ministre de la Défense israéliens. C'est là où cet intellectuel doit voir les fameuses lignes rouges tracées par les sommités du PJD. Mettons nous d'accord, si ce parti, représentant de l'idéologie des frères musulmans, a des convictions, c'est son droit le plus absolu, personne ne lui imposera une ligne de conduite, ni rouge ni turquoise. Il peut dire ce qu'il veut et il en a les moyens, nos impôts. Une pension grassouillette pour le chef et des subventions pour le parti. Ainsi le contribuable marocain finance un groupe ou une secte qui va lui imposer des lignes à ne pas dépasser. Je crois qu'il y a matière à réflexion. Et de fait le citoyen a déjà, et bien, réfléchi lors des dernières élections où il a ratatiné le parti et l'a renvoyé à ses sombres débuts chaotiques et violents. Aujourd'hui, par dépit, le PJD veut reprendre la torche qu'il avait auparavant et il trouve qui pour le faire? Ahmed Charaï. Voilà un bon début on va revenir sur la scène. Seulement voilà, le retour espéré a fait pschit. D'abord parce que le communiqué du PJD contre A. Charai n'est pas respectueux d'un débat intellectuel. Il comporte des propos diffamatoires et des insultes traduisant l'incapacité du parti à s'intégrer dans une société apaisée et dans un Etat de droit. Et puis il y a cette grande question à laquelle les islamistes ou islamisants refusent de répondre: que pensent-ils du 7 octobre? C'est quoi pour eux? Je sais qu'ils ont glorifié ces attaques terroristes et qu'ils ont porté leurs instigateurs au rang de martyrs lorsqu'ils ont été éliminés par l'armée israélienne. Et donc en glorifiant des actes terroristes, ils tombent sous le coup de la loi antiterroriste qui sanctionne également l'apologie du terrorisme. Il ne faut pas oublier que l'attaque du 7 octobre n'était pas dirigée contre une armée mais contre des civils, des enfants, des femmes, dont plusieurs ont été massacrés de la manière la plus sauvage et d'autres pris en otage. Ce n'est pas un acte de guerre mais une action terroriste. La guerre ne peut se faire qu'entre Etats. Or, le Hamas comme le Hizbolah libanais et les Houtis du Yemen ne sont pas des Etats. Il serait intéressant que les intellectuels discutent de l'apologie du terrorisme et évaluer l'attitudes des islamistes envers ce fléau. Dans cette affaire, Ahmed Charaï n'est pas le seul concerné. Tous les citoyens qui tiennent à la liberté le sont. Des lignes rouges on n'en veut pas. Les couvrir d'un drap islamique ne passe pas non plus. Au Maroc il y a la Commanderie des Croyants qui garantit la liberté à tout le monde. Et cela les Marocains le savent. Finalement, le vieux avachi sur son fauteuil semble nous dire: je tiens un cailloux dans la main, si quelqu'un sort du rang je lui fracasse le crâne. Ça rappelle quelqu'un, mais c'est une autre histoire.