Sahara marocain : Finie la gestion réactive, l'heure est au changement proactif    Echanges franco-marocains : des chiffres prometteurs en évolution    Eliminatoires CAN-2025 : face à la République centrafricaine, « ça sera une bonne opposition » (Regragui)    Idmaj : 30 femmes prêtes à transformer leur avenir à Khénifra    Lancement d'une formation qualifiante pour une nouvelle génération d'artisans    Talbi El Alami : « Le discours Royal appelle à une diplomatie parlementaire proactive »    Le discours Royal au Parlement consolide l'élan dynamique des relations franco-marocaines (expert français)    Le dirham s'apprécie de 0,45% face au dollar entre août et septembre (BAM)    Le MASI.20 en baisse, l'électricité affiche une forte progression    Amine El Moumni aux commandes du Radisson Blu Hotel Casablanca City Center    Revue de presse de ce samedi 12 octobre 2024    Maroc – Etats-Unis : Le Gala AmCham scelle de nouveaux liens    RAM Casablanca-Toronto : un levier pour renforcer les liens Afrique-Canada    ICESCO: 91 sites historiques et éléments culturels inscrits au patrimoine mondial islamique    ONU: La FAO appelle à concrétiser le "droit aux aliments" pour une alimentation saine et accessible    Le Discours Royal, un appel à consolider les acquis diplomatiques du Maroc (expert espagnol)    Maroc-Centrafrique: Jour de match: Composition probable? Horaire? Chaînes?    Championnat d'Afrique des Clubs Champions de handball. Laâyoune 24: Nouasser s'incline, un nul pour le Raja    Cameroun: Eto'o pousse le sélectionneur des Lions Indomptables vers la sortie!    Eliminatoires CAN 2025 : à quelle heure et sur quelles chaînes suivre le match Maroc-Centrafrique ?    Sous le leadership de SM le Roi, le Maroc conforte sa souveraineté intangible sur son Sahara (Expert américain)    La météo de ce samedi 12 octobre    Alerte. Fortes précipitations dans plusieurs provinces ce week-end    Covid-19: 2 nouveaux cas    Sahara: L'opposition dégage les enseignements du discours royal    Marrakech : le musée des Confluences Dar El Bacha accueille l'exposition « Lalla Essaydi : Le visible dévoilé »    Un contrat de 120 MDH suscite des questions sur les critères de l'Agence de Développement du Digital    Marrakech : l'étonnant musée de l'Elégance marocaine retrace 13 siècles de vêtements marocains    Hakim Cheradi : "Ma mère est partie voir les Anciens, pour qu'ils partagent avec elle leurs savoirs"    Cinéma. "Black tea": Abderrahmane Sissako en Wong Kar-wai de la Chinafrique    S.M Mohammed VI au Parlement. Le discours de la sérénité et de la générosité    Festival national du film de Tanger 2024 : La liste des films sélectionnés dévoilée    Fès: Les artisans se mobilisent pour la création d'une marque collective du caftan    Futsal : Le Maroc recule d'une place et occupe le 7e rang du classement FIFA    Sahara : Mohammed VI appelle à mettre le cap sur le «petit nombre de pays» appuyant encore le Polisario    Walid Regragui : Maroc-Centrafrique, une opportunité de continuer à progresser en marge de la CAN    ATLAS ISTAR, le drone militaire 100% marocain, réussit son 1er vol avec succès [Vidéo]    Handball africain. Les compétitions commencent à Laayoune    Températures prévues pour le samedi 12 octobre 2024    Des frappes israéliennes font 22 morts à Beyrouth    Budget 2025 : Le gouvernement Barnier dévoile son projet pour réduire le déficit public français    Londres : Le Maroc se distingue à la foire africaine d'art contemporain « 1-54 »    Maroc : Le Centre universitaire de santé mentale L'Eucalyptus souffle sa première bougie    USA: Plus de 3 millions de foyers sans électricité après le passage de l'ouragan Milton    Les prévisions du vendredi 11 octobre    Beauté : Le layering ou la redéfinition de « la peau zéro défaut »    Armement : Les FAR envisagent d'acquérir un avion de transport brésilien    Liban : la crise humanitaire s'aggrave à un rythme alarmant    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



« On supporte mal la concurrence féminine sur le marché du travail pendant les crises »
Publié dans L'observateur du Maroc le 24 - 09 - 2024


Entretien
Dr Mary Clare Roche, Chef des chercheurs et directrice de la technologie et de l'innovation à l'Arab Barometer
L'Observateur du Maroc et d'Afrique : Comment expliquez-vous le recul du soutien à l'égalité des chances dans le milieu professionnel au Maroc, en particulier parmi chez les femmes ?
Mary Clare Roche: Les gens ont, habituellement, tendance à être plus disposés à soutenir la participation des groupes traditionnellement « dépossédés de leurs droits » ou minoritaires lorsque l'économie se porte bien. Ils sont cependant moins enclins à soutenir l'avancement de ces mêmes groupes lorsque l'économie est en souffrance et pendant les crises.
Selon les données de la Banque mondiale, l'inflation au Maroc s'est aggravée ces dernières années. La crise économique croissante peut amener les citoyens à moins supporter la concurrence pour les emplois disponibles. La plupart des citoyens marocains, hommes et femmes, estiment qu'il est probable qu'une personne aussi qualifiée, voire moins qualifiée qu'eux, soit embauchée à leur place. La promotion de l'égalité des chances au profit des femmes peut être ainsi perçue comme une difficulté économique supplémentaire pour les hommes.
Etant donné que peu de femmes travaillent actuellement au Maroc (en comparaison avec les hommes), la majorité d'entre elles dépendent donc économiquement des revenus des hommes de leur entourage. Une femme peut ainsi craindre les impacts négatifs sur sa qualité de vie si elle pense que son mari rencontrera des difficultés au travail et spécialement à cause de la concurrence féminine.
Peut-on dire que l'Etat, la société et les employeurs n'aident pas les femmes marocaines à trouver leur juste place dans la sphère professionnelle ? Assistons-nous à une nouvelle forme de ségrégation et de sexisme au travail ?
On peut dire que l'Etat, la société et les employeurs pourraient faire mieux et davantage pour faciliter l'accès des femmes marocaines au monde professionnel. Lorsqu'il s'agit de chercher ou de trouver un emploi, les Marocaines rencontrent une multitude de barrières que leurs compères masculins ne sont pas obligés de surmonter.
Trouver des solutions pour la garde des enfants, en particulier, est perçue comme un challenge féminin, un défi spécifique aux femmes, mais pas pour les hommes. Les Marocains estiment que le principal problème des services de garde d'enfants est leur mauvaise qualité, suivi d'un manque de disponibilité.
Un investissement de l'Etat ou des employeurs dans ces services pourrait donc alléger ce fardeau pour les femmes désireuses d'intégrer le marché du travail. De plus, une perception biaisée et des préjugés tenaces à l'encontre des femmes lors des recrutements sont souvent cités comme un obstacle majeur à leur embauche. Tandis que les préjugés à l'égard des hommes sont rarement évoqués comme un problème dans leur quête d'emploi.
Qu'en est-il du pouvoir de décision au sein de la famille qu'elles préfèrent léguer aux hommes? Les femmes sont-elles épuisées par le jonglage entre leurs responsabilités professionnelles et familiales ?
La charge et le poids de la prise de décision varie en fonction des choix à faire. Les hommes et les femmes ont également des perceptions différentes de qui devrait être responsable et de quelles décisions. Par exemple, plus de la moitié des femmes estiment que la gestion du budget alimentaire devrait être une responsabilité partagée, tandis que plus de la moitié des hommes pensent que c'est le chef de famille c'est-à-dire l'homme qui doit s'en charger.
Les décisions liées à la prise en charge des enfants sont clairement perçues comme relevant de la responsabilité des femmes ; sinon, la garde d'enfants serait également une préoccupation pour les hommes souhaitant entrer sur le marché du travail. De plus, 21 % des femmes marocaines affirment que le principal obstacle pour faire appel aux services de garde d'enfants est qu'ils soient considérés comme socialement inacceptables. Seulement 15 % des hommes marocains partagent ce point de vue. Bien que les femmes et certains hommes pensent que la garde des enfants par autrui est perçue comme socialement inacceptable, cette responsabilité constitue un obstacle uniquement pour les femmes qui souhaitent travailler.
À votre avis, pourquoi y a-t-il une préférence pour le modèle familial traditionnel alors que l'on revendique le statut d'une société moderne ?
Le changement est difficile. La plupart des femmes marocaines de plus de 30 ans sont mariées et ont des enfants. Les hommes ont toujours été obligés de travailler et devraient obligatoirement avoir un boulot, tandis que l'entrée d'une épouse et d'une mère au marché du travail est perçue comme une décision familiale. Une femme marocaine a besoin d'un époux et d'une famille qui la soutiennent pour pouvoir trouver un emploi et s'y épanouir.
La famille devrait alors décider comment gérer les tâches ménagères, telles que la cuisine, le ménage et la garde d'enfants, lorsque deux adultes travaillent. Cela peut s'avérer complexe, surtout si l'homme et la femme n'ont jamais vécu au sein de ce type de famille « active » et qu'ils n'ont jamais observé ce type de répartition des tâches. Si les deux époux ont tout les deux grandi dans un modèle familial traditionnel, ils doivent faire preuve de beaucoup de créativité pour envisager une structure familiale différente. Ce défi pourrait devenir plus facile au fil des générations lorsque de plus en plus d'enfants marocains grandiraient dans des foyers où les deux parents sont actifs.
Arab Barometer
L'Arab Barometer est un réseau de recherche développé pour mesurer les fluctuations de l'opinion publique au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Fondé en 2006, il est spécialisé dans la réalisation d'enquêtes d'opinion publique rigoureuses et représentatives à l'échelle nationale dans le monde arabe.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.