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Liban : la crise humanitaire s'aggrave à un rythme alarmant
Publié dans Hespress le 10 - 10 - 2024

Tandis que plus de 240.000 personnes ont franchi la frontière avec la Syrie depuis l'escalade des hostilités au Liban, la crise humanitaire s'aggrave à « un rythme alarmant » dans ce pays du Moyen-Orient, a alerté le Bureau de coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA).
Cette alerte de l'OCHA intervient alors que l'armée israélienne émet désormais « quotidiennement des ordres de déplacement » pour plus de 100 villages et quartiers urbains du sud du Liban, obligeant les habitants à fuir et poussant nombre d'entre eux à se rendre jusqu'à 30 km au nord.
Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH), un quart du territoire libanais fait désormais l'objet d'ordres de déplacement de la part de l'armée israélienne.
Sur le terrain, les frappes aériennes israéliennes se sont non seulement intensifiées, mais elles se sont également étendues à des zones auparavant épargnées. Et elles ont de plus en plus visé des infrastructures civiles essentielles.
« Les bombardements incessants amplifient les souffrances des populations vulnérables », a détaillé l'OCHA relevant que plus de 2.000 personnes ont été tuées et près de 10.000 blessées depuis le 8 octobre 2023.
Mission inter-agences des agences de l'ONU
Des dizaines de milliers de personnes fuyant les attaques israéliennes continuent d'arriver dans le nord du Liban. Plus de 180.000 personnes cherchent refuge dans 978 abris collectifs, dont 775 (80%) ont déjà atteint leur capacité.
Selon l'Agence de l'ONU pour les migrations (OIM), le pays compte plus de 600.000 déplacés internes depuis le 8 octobre 2023. De son côté, le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) estime que parmi ces personnes déplacées par le conflit en cours, près de 350.000 sont enfants.
Alors que la situation humanitaire continue de s'aggraver, la réponse humanitaire se poursuit pour atteindre les personnes déplacées et affectées. Les agences onusiennes poursuivent leur mission inter-agences, comme celle montée le 5 octobre dernier, qui est venue en aide aux populations vulnérables de Tyr.
Cette mobilisation survient alors que des milliers de personnes ont fui les bombardements israéliens, les ordres d'évacuation et la prise en charge de ces personnes étant devenus une préoccupation majeure.
De « multiples obstacles » entravent l'acheminement de l'aide
Malgré les efforts déployés, la communauté humanitaire continue de naviguer dans « un environnement opérationnel très difficile », confrontée à de « multiples obstacles » qui entravent l'acheminement de l'aide. « Les problèmes de sécurité, notamment les hostilités actives et les menaces à l'encontre des travailleurs humanitaires, limitent considérablement l'accès aux zones touchées », a souligné l'OCHA.
En outre, les contraintes physiques telles que les infrastructures endommagées, les barrages routiers et les chaînes d'approvisionnement perturbées exacerbent ces problèmes. Des obstacles administratifs, notamment des retards dans l'obtention d'assurances de la part des parties prenantes, compliquent encore l'acheminement rapide et efficace de l'aide vitale.
Selon l'OCHA, ces facteurs cumulés entravent considérablement la réponse humanitaire, rendant difficile l'accès à ceux qui en ont le plus besoin.
« Il est impossible de répondre aux besoins de plus d'un million de personnes qui ont été soudainement déracinées, déplacées et dépossédées sans l'apport de ressources supplémentaires », a de son côté fait savoir Matthew Hollingworth, du Programme alimentaire mondial (PAM). « Il va donc falloir se battre », soutient il.
Les camps de réfugiés palestiniens touchés par les raids israéliens
Sur un autre plan, l'Agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) signale que les camps d'Ein al-Hilweh près de Sidon, El Bass à Tyr et Beddawi au nord de Tripoli ont été touchés par les frappes aériennes israéliennes sur le Liban.
Les opérations de l'agence restent limitées dans la région de Tyr, au sud, après avoir été suspendues lors des attaques israéliennes du début du mois d'octobre qui ont déplacé le personnel de l'UNRWA. Seuls quelques « services limités d'approvisionnement en eau et d'assainissement sont maintenus ».
Des frappes aériennes intenses des forces israéliennes ont également ciblé la zone du camp de réfugiés palestiniens de Burj El Barajneh au cours des quatre derniers jours, provoquant une nouvelle vague de déplacements du camp et de ses environs. Les estimations actuelles indiquent que la population a diminué à moins de 20 % de ses habitants.
Les abris d'urgence ont atteint leur « capacité maximale »
Selon l'UNRWA, le camp a subi des dégâts matériels affectant les abris privés. Les services sanitaires fonctionnent dans des conditions difficiles, car les décharges sont pleines et l'enlèvement des ordures municipales n'a pas été effectué.
Par ailleurs, « trois camps de réfugiés palestiniens dans le sud et un camp à Beyrouth sont considérablement dépeuplés car les gens ont fui pour chercher la sécurité et la protection ailleurs », a souligné l'agence dans son dernier rapport de situation.
A la suite de ces derniers développements sécuritaires, l'agence onusienne a ouvert 12 abris d'urgence après l'intensification des attaques israéliennes sur le Liban, mais l'un d'entre eux a été fermé le 7 octobre. Trois abris d'urgence « ont atteint leur capacité maximale », selon l'UNRWA, qui a déclaré qu'un total de 4.570 personnes déplacées à l'intérieur du pays sont enregistrées dans les abris.
Appel à un cessez-le-feu
S'exprimant depuis Beyrouth, la Coordinatrice spéciale des Nations Unies pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert, a souligné, lors d'un point de presse avec la presse à New York, qu'un cessez-le-feu ou une pause immédiate était le seul moyen d'atténuer les souffrances colossales qui se produisent actuellement.
En outre, un cessez-le-feu ou une pause « peuvent également offrir une fenêtre, et donc un espace vital de respiration, pour que les efforts diplomatiques prennent racine et réussissent », a-t-elle dit, appelant à « une feuille de route réaliste pour la mise en œuvre par les deux parties de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations Unies », qui doit inclure des mécanismes clairs de mise en œuvre et d'application.
La résolution 1701 a été adoptée en 2006 et visait à mettre fin à la guerre qui a eu lieu cette année-là au Liban entre le Hezbollah et Israël. « En fin de compte, c'est l'absence ou la non-application de la résolution 1701 au cours des 18 dernières années qui a conduit à la dure réalité d'aujourd'hui », a estimé Hennis-Plasschaert.
Les guerres ont des règles
S'exprimant aussi devant la presse à New York depuis Beyrouth, le Coordonnateur humanitaire de l'ONU pour le Liban, Imran Riza, a observé qu'au cours de l'année écoulée, l'escalade des hostilités a infligé de graves dommages aux communautés du sud. La violence s'est intensifiée au cours des trois dernières semaines, provoquant de nombreuses victimes, des déplacements massifs et des destructions massives.
Il a ajouté que des travailleurs de la santé et des personnels en première ligne ont été attaqués, tout comme des centres de défense civile et des systèmes d'approvisionnement en eau, ce qui pousse les services essentiels au bord de l'effondrement.
« Le meurtre de plus de 100 ambulanciers, personnels de santé et fonctionnaires porte atteinte à la capacité de réponse d'urgence du Liban », a-t-il dit, affirmant que « cela doit cesser, car même les guerres ont des règles ».


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