Les Marocains estiment de plus en plus que l'égalité entre conjoints dans les droits et les devoirs aura pour effet de renforcer le lien familial. Ainsi, 72% pensent que l'achat d'équipements électroménagers, par exemple, doit être une décision conjointe. 67% estiment que l'autorisation du mariage des enfants doit faire l'objet d'une concertation. La dernière enquête de l'Institut royal des études stratégiques (IRES) sur le lien social révèle, entre autres, que 81% des Marocains (hommes et femmes) pensent que les réformes entreprises durant les deux dernières décennies n'ont pas permis de promouvoir les droits des femmes, et 82% d'entre nous estiment que la Moudawana a amélioré la condition de la femme. Par contre, 81% des sondés admettent que la relation de la femme à son mari doit être marquée par l'obéissance et l'entente, et 57% pensent que l'intégration de la femme dans le monde du travail a fragilisé le lien familial. Entre traditions et évolution sociétale L'examen des chiffres de l'enquête de l'IRES met en exergue de manière flagrante le paradoxe de l'évolution de la condition de la femme. En effet, la conception des droits et devoirs de la femme par la société reste caractérisée par son approche traditionnelle même si elle a évolué dans certains aspects. De fait, 72% des Marocains admettent que la visite de la femme aux membres de sa famille doit être une décision prise en concertation avec son époux, et 67% estiment que l'exercice de la femme d'un travail rémunéré hors du foyer doit aussi être une décision concertée avec le mari. Au sein du ménage, 62% d'entre nous pensent que le rôle principal de la femme est d'éduquer les enfants, 60% estiment plutôt qu'elle doit plutôt s'occuper de son conjoint, et 54% admettent que son rôle est d'accomplir les tâches ménagères. Concernant la participation politique des femmes, 58% d'entre nous considèrent que les femmes devraient avoir les mêmes chances que les hommes en matière de candidature aux élections, alors que 50% pensent que les hommes sont plus qualifiés que les femmes en matière de gestion de la chose politique. En termes de participation économique, 57% de nos concitoyens s'accordent à penser que l'intégration de la femme dans le monde du travail a fragilisé le lien familial. Sur le registre des domaines d'actions prioritaires qui devraient être intégrés dans le code de la famille, 32% sont notamment favorables au partage des biens acquis pendant le mariage, 20% estiment qu'il s'agit plutôt de l'équité dans les procédures de divorce, 13% ont acquiescé pour la tutelle des enfants en cas de divorce, 12% avancent la fixation du montant de la pension alimentaire dans le cas d'une séparation conjugale, alors que le mariage des mineurs et le statut des enfants nés hors-mariage ont respectivement rencontré l'avis de 11 et 12% des sondés. La famille, pierre angulaire du lien social L'enquête de l'IRES confirme notamment le rôle de la famille comme étant la pierre angulaire du lien social au Maroc. La famille n'est plus uniquement un refuge pour le renfort moral des individus, mais aussi le siège de la solidarité matérielle entre les membres de la famille. Concrètement, 91% des sondés ont affirmé que la famille constitue toujours le soutien moral et psychologique principal, 85% d'entre eux ont admis qu'elle reste une option sûre pour assurer la garde et l'éducation des autres membres de la famille, alors que 81% estiment qu'elle continue à aider les membres de la famille à trouver un emploi, et à aider financièrement à créer une entreprise (69%). Par ailleurs, l'étude de l'IRES démontre comment l'exigence de distanciation sociale, durant la période de la covid-19, a contribué au relâchement du lien social. 70% des Marocains ont affirmé que les mesures de distanciation sociale ont contribué au relâchement des liens sociaux. 33% ont admis que le lien familial est le lien social qui a été le plus affecté (négativement) par la crise sanitaire, suivie par le lien du travail (26%), le lien religieux (12%), le lien d'amitié (11%), le lien de voisinage (7%) et le lien politique (1%). En outre, les formes de sociabilité imposées par le confinement sanitaire ont contribué à l'exacerbation de certains faits sociaux. De fait, 54% des sondés ont affirmé qu'effectivement la crise de la covid-19 a été la cause principale de l'accroissement du taux de divorce, 64% ont considéré qu'elle a exacerbé les tensions dans le couple, alors que 54% ont indiqué qu'elle a causé des problèmes inhabituels entre les membres de la petite famille. Ahmed Ibn Abdeljalil / Les Inspirations ECO