Dans une dizaine de jours, les Etats-Unis d'Amérique auront un nouveau président, qui n'exercera en fait la plénitude de ses fonctions et de son pouvoir qu'en janvier 2009, ainsi que le stipule la Constitution. De John McCain ou de Barack Obana, on ne sait pas bien sûr avec certitude qui tiendra les rênes à Washington, devenant ainsi l'homme le plus puissant du monde. A l'heure où s'écrivent ces lignes, la seule certitude est que les pronostics penchent en faveur du candidat démocrate « le métis » jeune et plein d'allant comme d'ardeur. Cette avance est créditée de 50% du corps électoral américain n'en laissant à son rival, vieux vétéran de la guerre du Vietnam que 44%. Ce chiffres paraissent, jusqu'à présent, fiables parce qu'émanant de sources diverses et avérées. Toutefois, pour rester sur la ligne de l'objectivité politique et sachant que la science de l'électoral est loin d'être exacte, en matière de prédictivité surtout, il est prudent de dire que l'un ou l'autre des candidats américains n'est pas à l'abri de surprises de dernier instant. Bonnes pour l'un ou mauvaises pour l'autre. La semaine dernière a été sûrement en revanche un moment faste pour Barack Obama sur plus d'un plan. Il a pu réunir près de deux cents millions de dollars supplémentaires pour enrichir son tas d'argent, qui depuis le début de la campagne électorale, lors même de la primaire pendant sa joute avec l'impécunieuse Hillary Clinton, n'a cessé de grossir. Certes, même dans la très libérale Amérique si l'argent ne fait pas tout le bonheur, il reste tout de même que le trésor de guerre du démocrate s'élèvera à la fin de ce mois d'octobre-ci à la coquette somme de 650 millions de dollars. Avec cela, on peut faire beaucoup. Ce qui n'est pas rien, pourrait-on affirmer sur le mode familier. Il n'est pas négligeable aussi de voir « le métis » réunissant ici et là des foules compactes, multi-raciales et bi-sexuées. L'objectif restant pour lui étant de s'approprier les votes des Etats réputés traditionnellement plutôt républicains. Le vote de la population dite latino, qui prend une importance de plus en plus visible, demeure malgré tout, un élément aux contours imprécis en raison des rapports inter-raciaux qui ne sont pas toujours marqués par une solidarité automatique entre les deux communautés hispanophone et noire face aux WASP pour faire grosso modo. Reste que le sénateur de l'Illinois Barack Obama a marqué le week end dernier un point important contre son rival le sénateur de l'Arizona, en se créditant du ralliement du généralissime de la première guerre du Golfe, mais surtout l'ancien secrétaire du département d'Etat Colin Powell. Ce dernier en répudiant nettement son ancien patron le républicain de droite George W. Bush, n'a pas seulement déclaré vouloir voter en faveur du jeune noir, le 4 novembre prochain, mais a argumenté fortement pour expliquer avec rationalité le pourquoi de sa défection. Il s'agissait pour le militaire de haut rang, d'origine jamaïcaine, de prouver que son revirement n'est pas dû à une quelconque affinité primaire raciale il connaît McCain depuis plus de vingt années et l'a toujours plutôt apprécié, tandis qu'avec Obama il n'a qu'une vague relation d'une quarantaine de mois. Le choix du très populaire Powell serait celui d'un personnage qui pencherait pour l'homme de la réforme et le changement plutôt que pour celui de la perpétuation de la politique de piétinement inaugurée et poursuivie pendant au moins huit longues années. A n'en pas douter, voilà donc un apport décisif à Barack Obama dans son chemin pour atteindre la victoire, c'est-à-dire la Maison Blanche et s'y installer. Un noir nous employons ce mot à dessein plutôt que celui de « métis » à la magistrature suprême de Washington serait à coup sûr un événement considérable. Le monde entier en est conscient puisque si les populations des cinq continents pouvaient, par hypothèse, participer à l'élection américaine en novembre prochain, ils plébisciteraient à 68% le Démocrate « de couleur ». Au Maroc également, et cela malgré l'absence de sondages même aléatoires, il semble donc que nos compatriotes épousent la tendance illustrée par l'ancien secrétaire d'Etat Colin Powell. Il est clair que c'est sans regret que les Marocains verront partir du pouvoir l'homme qui a fait tellement de dégâts dans le monde, et pas seulement en Palestine et en Iraq. Sans panache ni dignité, il quittera la Maison Blanche traînant simplement après lui la déplorable réputation d'avoir été probablement le plus mauvais, le plus incompétent chef d'Etat américain depuis trois siècles. Le Marocain est-il conscient pourtant que si les deux candidats, selon des méthodes différentes plus au moins radicales, déclarent vouloir changer la politique des Etats-Unis au Proche Orient, particulièrement en Irak, ils rivalisent de promesses tonitruantes de continuer et même de conforter la politique traditionnelle en faveur d'un Israël puissant et hégémonique. Barack Obama, pour sa part, ne cesse, par exemple, avec ostentation de se proclamer l'ami de l'Etat sioniste et son protecteur. Alors, pas d'excessives illusions. Enfin, a-t-on dans ce royaume, qui s'est pratiquement de toujours proclamé l'allié des Etats-Unis d'Amérique, pris la peine de réfléchir au devenir des liens entre nos deux pays dont les rives sont baignés par l'Océan Atlantique ? Qu'avons-nous à attendre du nouveau président et de l'Administration qu'il composera autour de lui, et que devons-nous offrir à l'Amérique en échange de tout ce que le Maroc lui concède déjà très largement depuis toujours. Nous nous pencherons pour analyser cet aspect des choses, depuis que le sultan du Maroc a été le premier souverain à « reconnaître » l'indépendance des Etats-Unis, que ceux-ci défendaient avec vigueur les clauses de protection du Protectorat prévues par l'Acte d'Algésiras et bien entendu lorsque le président démocrate Franklin Delano Roosevelt incitait fermement Mohammed Ben Youssef à demander l'indépendance du Maroc. Dans la prochaine livraison hebdomadaire, nous nous évertuerons à faire la lumière sur les perspectives des relations Washington Rabat au vu de l'histoire moderne entre nos deux pays. A suivre donc.