Samedi dernier se déroulait le match au sommet opposant le Wydad de Casablanca aux FAR de Rabat dans le cadre de la Botola Pro-élite du championnat marocain de football. Ce match au sommet, considéré comme un classico national s'est distingué non pas par la qualité livrée par les 22 acteurs présents sur la pelouse mais par les agissements d'un pseudo public venu détruire tout se qui se mettait sur son passage. Sièges, grillages en fer, ambulances, forces de l'ordre, tout le monde en a eu pour son grade. Bilan : un mort du côté des supporters (Llay irahmou), plusieurs blessés du côté des forces de l'ordre et une soixantaine d'arrestations. De tous les média qui ont relaté les événements de ce sanglant classico, tous ont diffusé les images des casseurs wydadis. Aucun n'a décidé d'approfondir un peu plus ses recherches et de se pencher sur les raisons de ces débordements ou de comment procéder pour les éradiquer. 2M la deuxième chaîne nationale qui diffusait cette rencontre a donné une raison, une seule, la même qu'on nous donne depuis des années, et la même que tous les journalistes et les politiques s'avisent à sortir à chaque fois que quelque chose ne tourne pas rond dans le plus beau pays du monde. « Il s'agit de mineurs, des mineurs qui sont mal éduqués, qui ne connaissent rien à la vie, et dont les actes sont totalement isolés ». Bref, circulez il n'y a rien à voir. Oubliez cette histoire, on vous sortira la même ou une autre légèrement différente lorsque cela se reproduira. Les média semblent à vrai dire dépassés par les événements qui se produisent au Maroc. Habitués à nous endoctriner, à nous livrer des histoires toutes faites à l'avance, à tout nous faire croire, ils continuent dans la même démarche qu'ils ont adopté depuis des lustres. Dépassés, parce qu'ils continuent leurs pratiques en croyant que le supporter marocain n'a pas évolué, et qu'il n'a d'autres moyens que 2M ou Al Oula pour s'informer. En 2012, en plus des différents organes de presse nationale et internationale s'ajoutent les plate-formes de partage de vidéos. Celles-ci ne nous livrent pas seulement les informations, elles les illustrent en images et sons et nous rapproche de la dure réalité que bons nombre s'entêtent à nier. - Et maintenant ? Que faut-il faire ? C'est une question difficile pour tous nos responsables fédéraux. Préoccupés par leurs missions principales, envahis par leurs cumuls de mandats, le football est leur dernière préoccupation. Néanmoins, à défaut d'être rémunéré pour ce travail et pour avoir le malheur de beaucoup aimer notre pays, faisons leurs travaux à leurs places et montrons leur le chemin à suivre : - Filter le public C'est la première décision qu'il va falloir prendre. Les anglais sont encore plus connus pour le hooliganisme. Ils sont miraculeusement parvenus à quasiment l'éradiquer de leurs stades. La décision qu'ils ont prises a été de considérablement augmenter les prix des billets afin de permettre aux familles et aux catégories plus aisées d'accéder aux stades. C'est malheureux à dire, mais c'est l'une des seules solutions capables d'éloigner ce fléau de nos stades. Il faut reconfigurer le football et lui redonner une image totalement différente. Il faut que le supporter vienne au stade non pas pour tout simplement supporter, mais pour assister un spectacle. Il faut qu'il vienne avec l'idée, qu'en ayant accès au stade, il soit privilégié. Il y a une autre mesure que le Paris Saint Germain avait adopté il y a quelques années et qui semble porter ces fruits, celle d'attribuer des places de façon aléatoire. On est trop loin de cette idée là, il faut déjà qu'on aie des places numérotées, et il faut surtout qu'il y en ai des places (ndlr : Plusieurs stades au Maroc disposent de tribunes ou virages sans sièges). - Intensifier les contrôles à l'entrée du stade Aujourd'hui, lorsque vous allez assister à un match au stade de foot, vous pouvez y faire rentrer tout ce que vous voulez. Aucun contrôle n'est réalisé, et aucun membre des forces de l'ordre ne va vous embêter. C'est comme à la foire, tout le monde peut y accéder... - Créer une unité de police anti-hooliganisme Il en existe dans tous les pays européens. Cette unité suit de très près les fauteurs de troubles et procède à leur arrestation. Elle se renseigne, espionne et prévient lorsqu'il y a des risques. - Installer des caméras de surveillances Dans l'enceinte du stade et en dehors. Il faut que les fauteurs de trouble se sentent menacés et se préparent à l'éventualité qu'ils peuvent être filmés en flagrant délit et être identifiés. - Constituer un fichier de hooligans Toute personne arrêtée dans le cadre d'une affaire de hooliganisme et déclarée coupable, doit être inscrite sur un fichier de fauteurs de troubles, être interdite d'assister à des matchs à titre provisoire ou permanent et venir pointer au commissariat tous les jours de match. - Réhabiliter le cadre juridique De vraies peines de prison ferme pour toute forme de hooliganisme. Des textes bien précis et des procès équitables. Non pas des condamnations sur la base de lois qui n'existent pas. Ex : Des supporters casablancais condamnés à deux mois de prison ferme pour possession de fumigènes alors qu'aucune loi n'en interdit la possession. - Organiser les déplacements des supporters. Il est totalement irresponsable de laisser circuler des supporters au milieu d'une ville qui leur est totalement inconnue, assez hostile et dont ils se permettent parfois de provoquer les habitants. Il n'y a aucun mal à se déplacer en groupe, il n'y a aucun mal non plus à se déplacer en ultras. Néanmoins, ses déplacements doivent être organisés de la ville du départ jusqu'au stade de la ville d'arrivée et les convois doivent être en permanence escortés par les forces de l'ordre. Même principe pour les retours. - Le No Mans Land Le principe est assez simple. Il consiste à encercler le public de l'équipe visiteuse. Les forces de l'ordre ou les stadiers doivent entourer l'ensemble du public de sorte ne laisser aucun supporter filtrer d'un côté ou d'un autre. De plus, un espace des deux côtés doit être laissé vide afin d'assurer la sécurité et de pallier à certains débordements. Nous n'avons pas eu beaucoup de mal à faire ses propositions, elles existent déjà, et elles ont déjà fait leurs preuves dans d'autres pays. D'autres marocains peuvent en apporter d'autres, et nous les invitons à se joindre à nous sur notre Page Facebook pour en discuter. A défaut de pouvoir innover, prenons tout simplement les idées de ceux qui nous ont précédé, adaptons les un peu et le tour est joué. Eradiquer le Hooliganisme est une nécessité, c'est un devoir national. La balle est maintenant dans le camp de nos responsables fédéraux. Suivant