Le président de la Confédération africaine de football (CAF) se déclare plus que jamais opposé au fait qu'une commission d'évaluation ait le droit d'écarter la candidature du Maroc à l'organisation de la Coupe du monde 2026. Au micro de RFI, le Malgache Ahmad assure par ailleurs que la CAF renégocie actuellement l'énorme contrat médias/marketing signé avec la société française Lagardère Sports. Entretien.
RFI : Président Ahmad, la FIFA a mis en place une « Task Force » chargée d'évaluer les candidatures du Maroc et du trio Etats-Unis-Canada-Mexique à l'organisation de la Coupe du monde 2026.
Pourquoi selon vous les attributions de cette commission d'évaluation sont-elles contestables ?
Ahmad : C'est contestable et contesté par nous-même, l'Afrique, et en partie aussi par l'Europe. Par moi, personnellement, en tête, avec les membres du conseil africain. Parce que nous estimons que la réforme introduite [en février 2016, Ndlr] au niveau de la Fédération internationale de football donne la responsabilité et le pouvoir au Congrès de désigner le(s) pays hôte(s) de la Coupe du monde. Nous estimons donc que le Conseil [le gouvernement de la FIFA, Ndlr] doit être comme une boîte aux lettres qui transmet les dossiers de candidature au Congrès [le parlement de la FIFA qui regroupe 211 associations, Ndlr].
C'est au congrès de voter en son âme et conscience pour le pays qui réussira à le convaincre en vue de l'organisation. Il ne faut pas oublier qu'on n'organise pas uniquement pour des raisons financières un grand événement comme la Coupe du monde. Il y a aussi d'autres intérêts qui doivent entrer en jeu. Cette Task Force, c'est pour nous un retour en arrière. Ce que nous cherchons, c'est le fait que la Task Force ait seulement pour rôle d'analyser les dossiers de candidature, de collecter les informations, pour qu'on puisse les envoyer [aux présidents d'association qui voteront le 13 juin 2018 à Moscou, Ndlr]. [...] Aujourd'hui, on donne à une instance qui a été créée par le Conseil tous les pouvoirs. Non seulement le pouvoir d'éliminer un candidat, mais le fait aussi que cette décision soit sans appel. On n'a jamais vu une instance pareille ! [...] Même le président [de la FIFA, Ndlr] Gianni Infantino n'a pas ce pouvoir de décider sans appel. C'est ça que nous contestons vigoureusement.
Est-ce que le Maroc a raison de contester un changement de critère d'évaluation pour l'organisation du Mondial 2026 ?
Je pense que tout le monde en ferait de même. Lorsque les règles du jeu ne sont pas claires dès le départ et qu'il y a eu une modification en cours de route, ça laisse de la suspicion. Donc, c'est pour ça que le Maroc conteste. [...] Là, on n'est plus dans la gestion du football moderne. Peut-être qu'on avait des choses comme ça durant les années 1930 et les années 1940. Mais plus de nos jours...
Est-ce que vous n'avez pas peur que votre prise de position vous mette en porte à faux vis-à-vis de Gianni Infantino et de la FIFA ?
Non, chacun défend les intérêts par rapport à son mandat. J'ai été élu à la tête de la Confédération africaine de football pour défendre les intérêts de l'Afrique. C'est vrai que je suis vice-président de la FIFA. Mais c'est par ès-qualités. Et c'est mon devoir de soutenir un pays. Surtout s'il s'agit d'un seul pays situé sur le continent où j'ai été élu. Certains de vos collègues journalistes assurent que j'ai été élu à la CAF par l'implication de Gianni. Si j'avais été élu par son implication, est-ce que je pourrais contester ainsi comme cela ? Si je le fais, c'est parce que je suis indépendant. [...] Sur un tout autre sujet, où en est la CAF dans son contrat avec la société française Lagardère Sports ? En avril 2017, vous avez estimé que ce n'était pas un bon contrat.
Y a-t-il eu ou va-t-il y avoir des aménagements dans ce contrat médias et marketing à un milliard de dollars signé par votre prédécesseur, Issa Hayatou ?
Une commission a été montée. Ses membres ont déjà eu deux ou trois réunions. Et nous continuons. Ce qui me réjouit, c'est que Lagardère Sports a accepté de discuter. Ils sont beaucoup plus flexibles dans les discussions. Ils acceptent de renégocier. Jusqu'où ? Comment ? Par rapport à la durée ? Il faut qu'on essaie de voir quels sont les intérêts du football africain. La commission travaille là-dessus [...] Le rapport que j'ai eu à travers mes vice-présidents qui sont en charge du dossier est encourageant.
Pour la CAN 2019, Lagardère Sports va-t-elle du coup verser à la CAF plus d'argent qu'initialement prévu ?
La CAF a en effet décidé qu'il y aurait désormais davantage de matches durant cette compétition. Or, 50 millions de dollars, c'est intéressant pour un tournoi à 32 matches, mais ça l'est beaucoup moins pour 54 rencontres... Je pense que par rapport aux droits TV, entre un tournoi à 16 équipes et un autre à 24 équipes, ce n'est pas pareil. Il y aura plus de matches. On verra les discussions qu'on va avoir. Ça en fait partie. Au micro de RFI, le Malgache Ahmad assure par ailleurs que la CAF renégocie actuellement l'énorme contrat médias/marketing signé avec la société française Lagardère Sports. Entretien.
RFI : Président Ahmad, la FIFA a mis en place une « Task Force » chargée d'évaluer les candidatures du Maroc et du trio Etats-Unis-Canada-Mexique à l'organisation de la Coupe du monde 2026.
Pourquoi selon vous les attributions de cette commission d'évaluation sont-elles contestables ?
Ahmad : C'est contestable et contesté par nous-même, l'Afrique, et en partie aussi par l'Europe. Par moi, personnellement, en tête, avec les membres du conseil africain. Parce que nous estimons que la réforme introduite [en février 2016, Ndlr] au niveau de la Fédération internationale de football donne la responsabilité et le pouvoir au Congrès de désigner le(s) pays hôte(s) de la Coupe du monde. Nous estimons donc que le Conseil [le gouvernement de la FIFA, Ndlr] doit être comme une boîte aux lettres qui transmet les dossiers de candidature au Congrès [le parlement de la FIFA qui regroupe 211 associations, Ndlr].
C'est au congrès de voter en son âme et conscience pour le pays qui réussira à le convaincre en vue de l'organisation. Il ne faut pas oublier qu'on n'organise pas uniquement pour des raisons financières un grand événement comme la Coupe du monde. Il y a aussi d'autres intérêts qui doivent entrer en jeu. Cette Task Force, c'est pour nous un retour en arrière. Ce que nous cherchons, c'est le fait que la Task Force ait seulement pour rôle d'analyser les dossiers de candidature, de collecter les informations, pour qu'on puisse les envoyer [aux présidents d'association qui voteront le 13 juin 2018 à Moscou, Ndlr]. [...] Aujourd'hui, on donne à une instance qui a été créée par le Conseil tous les pouvoirs. Non seulement le pouvoir d'éliminer un candidat, mais le fait aussi que cette décision soit sans appel. On n'a jamais vu une instance pareille ! [...] Même le président [de la FIFA, Ndlr] Gianni Infantino n'a pas ce pouvoir de décider sans appel. C'est ça que nous contestons vigoureusement.
Est-ce que le Maroc a raison de contester un changement de critère d'évaluation pour l'organisation du Mondial 2026 ?
Je pense que tout le monde en ferait de même. Lorsque les règles du jeu ne sont pas claires dès le départ et qu'il y a eu une modification en cours de route, ça laisse de la suspicion. Donc, c'est pour ça que le Maroc conteste. [...] Là, on n'est plus dans la gestion du football moderne. Peut-être qu'on avait des choses comme ça durant les années 1930 et les années 1940. Mais plus de nos jours...
Est-ce que vous n'avez pas peur que votre prise de position vous mette en porte à faux vis-à-vis de Gianni Infantino et de la FIFA ?
Non, chacun défend les intérêts par rapport à son mandat. J'ai été élu à la tête de la Confédération africaine de football pour défendre les intérêts de l'Afrique. C'est vrai que je suis vice-président de la FIFA. Mais c'est par ès-qualités. Et c'est mon devoir de soutenir un pays. Surtout s'il s'agit d'un seul pays situé sur le continent où j'ai été élu. Certains de vos collègues journalistes assurent que j'ai été élu à la CAF par l'implication de Gianni. Si j'avais été élu par son implication, est-ce que je pourrais contester ainsi comme cela ? Si je le fais, c'est parce que je suis indépendant. [...] Sur un tout autre sujet, où en est la CAF dans son contrat avec la société française Lagardère Sports ? En avril 2017, vous avez estimé que ce n'était pas un bon contrat.
Y a-t-il eu ou va-t-il y avoir des aménagements dans ce contrat médias et marketing à un milliard de dollars signé par votre prédécesseur, Issa Hayatou ?
Une commission a été montée. Ses membres ont déjà eu deux ou trois réunions. Et nous continuons. Ce qui me réjouit, c'est que Lagardère Sports a accepté de discuter. Ils sont beaucoup plus flexibles dans les discussions. Ils acceptent de renégocier. Jusqu'où ? Comment ? Par rapport à la durée ? Il faut qu'on essaie de voir quels sont les intérêts du football africain. La commission travaille là-dessus [...] Le rapport que j'ai eu à travers mes vice-présidents qui sont en charge du dossier est encourageant.
Pour la CAN 2019, Lagardère Sports va-t-elle du coup verser à la CAF plus d'argent qu'initialement prévu ?
La CAF a en effet décidé qu'il y aurait désormais davantage de matches durant cette compétition. Or, 50 millions de dollars, c'est intéressant pour un tournoi à 32 matches, mais ça l'est beaucoup moins pour 54 rencontres... Je pense que par rapport aux droits TV, entre un tournoi à 16 équipes et un autre à 24 équipes, ce n'est pas pareil. Il y aura plus de matches. On verra les discussions qu'on va avoir. Ça en fait partie.