Au début du 20e siècle, avec l'établissement du protectorat français, les femmes marocaines ont connu une émancipation sans précédent en participant à la lutte contre le colonisateur à côtés des hommes. «Les femmes participaient de plusieurs manières à la résistance contre le colonisateur : elles approvisionnaient en eau et nourriture les combattants, chargeaient les fusils et parfois remplaçaient les morts au front. Elles marquaient les hommes qui fuyaient les combats avec du henné pour les ridiculiser et les marginaliser et interdisaient à leurs épouses de s'approvisionner en eau aux puits et aux sources», (Moqawama wa Jaïch Attahrir, 1985, 13, p. 91-93). Feue Malika Al Fassi, sœur du fondateur du parti de l'Istiqlal est l'une des premières figures féminines à adhérer au mouvement nationaliste en 1937 et signataire du Manifeste de l'indépendance du 11 Janvier 1944. Quelques années après, feue Touria Chaoui allait faire les manchettes des journaux du monde entier. Elle fut la toute première jeune femme pilote dans l'histoire dans le Grand Maghreb. Bourrée de talent, la jeune fassie a 15 ans quand elle passe avec succès -malgré les obstacles liés à sa condition de jeune marocaine- les épreuves de l'école de l'air de Tit Mellil réservés pourtant aux seuls citoyens européens. L'histoire tournera à la tragédie quand le 1er mars 1956, la jeune fille a 19 ans quand elle est assassinée devant le domicile familial à Casablanca vraisemblablement par « un jeune homme à qui elle aurait rejeté sa demande en mariage ». Le crime avortera le rêve d'une génération mais ne tuera pas pour autant l'ambition d'une reconsidération de la condition féminine.