La presse marocaine a célébré jeudi dernier sa journée nationale de l'information. L'occasion de revenir sur la situation de la liberté de la presse dans le pays. Les agressions des journalistes par les forces de l'ordre se multiplient selon le Syndicat national de la presse marocaine. «Pressions, intimidations, matraque, violence… la situation de la liberté de la presse au Maroc n'a pas changé d'un iota. Il y a un grand écart entre le discours et la réalité. D'une part, des projets pour le développement de la presse sont lancés notamment le projet du nouveau code de la presse et celui du droit d'accès à l'information. Toutefois, on ne constate aucun changement dans la réalité». Le constat est fait par Younes Moujahid, Secrétaire général du Syndicat national de la presse marocaine (SNPM), à l'occasion de la journée nationale de l'information, célébrée le 15 novembre de chaque année. «Les violations de la liberté de la presse se multiplient, les agressions contre les journalistes dans l'exercice de leur mission augmentent. Nous avons dénoncé cela à maintes reprises mais en vain. Le dernier incident qui a eu lieu le mardi 13 novembre à Casablanca démontre qu'il n'y a pas d'avancée. Les journalistes et photographes présents lors du sit-in organisé par le mouvement du 20 février ont été tabassés par les forces de l'ordre », dénonce Younes Moujahid. Et de poursuivre : « La police continue d'agresser les journalistes et les photographes lors de l'exercice de leur métier. Ces conditions ne permettent pas aux journalistes de faire leur travail d'investigation et de couverture d'événements », renchérit le Secrétaire général du SNPM, qui a vivement dénoncé via un communiqué cette « agression » des forces de l'ordre. « C'est une violation des principes de la constitution et des lois en vigueur. La constitution consacre le droit à la liberté d'opinion et d'expression. Elle garantit également le droit d'accès à l'information. Toutefois, ce n'est pas respectée», s'indigne-t-il. La question de la sécurité des journalistes se pose avec acuité. Le syndicat ne veut pas se contenter des paroles mais décide d'agir. Il lance une campagne pour la protection des journalistes. Le SNPM adressera un mémorandum au Chef de Gouvernement et au Conseil national des droits de l'homme dans lequel il exigera l'ouverture d'une enquête au sujet de « l'agression » qu'ont subie les journalistes mardi dernier à Casablanca. Le syndicat appelle également les associations des droits de l'Homme de soutenir son initiative et de porter l'affaire devant le Parlement. Le Syndicat national de la presse marocaine brandit même la menace de boycotter la couverture des activités officielles si de telles violations arrivent à se reproduire. La campagne de dénonciation qui sera initiée par le syndicat comprend également l'organisation d'une exposition de photos montrant les « agressions » commises par des forces de l'ordre lors du sit-in du mouvement du 20 février. De son côté, l'Organisation pour les libertés d'information et d'expression (OLIE) dénonce « l'intervention musclée » des forces de l'ordre pour disperser la manifestation. Son président déplore « la régression de la liberté de la presse ». « Les journaux subissent des pressions directes et indirectes de la part des autorités. La publicité demeure toujours un moyen de pression sur la ligne éditoriale des journaux », regrette-t-il. Bien qu'une réforme du Code de la presse ait été engagée, les professionnels ne sont pas optimistes. D'ailleurs, cette réforme accuse du retard. Le chantier a été lancé en 2007. Toutefois, rien de concret. Les pourparlers avec le professionnels butent sur plusieurs points. Pour trouver un terrain d'entente, un comité scientifique du dialogue et de concertation sur le Code de la presse et de l'édition, présidé par Larbi Messari, a été créé récemment. Sa mission est d'initier un processus de dialogue national institutionnel en vue de l'élaboration d'un nouveau Code de la presse. « Le comité scientifique est une commission consultative. Il va émettre des recommandations à l'issue des concertations avec les professionnels. Ensuite, un nouveau travail sera entrepris par un autre comité pour aboutir ensuite sur un nouveau code de la presse », note Younes Moujahid. En outre, le projet de loi instituant le Conseil national de la presse en tant qu'instance professionnelle indépendante régissant la profession se fait toujours attendre. * Tweet * *