Le président du Syndicat National de la Presse Marocaine (SNPM), Younès Moujahid a estimé, mercredi à Rabat, que l'ouverture du débat sur les cahiers des charges des médias audiovisuels publics (SNRT et Soread-2M) est une initiative positive, qui doit être menée à son terme. Ce débat ne doit pas non plus prendre une dimension idéologique ou religieuse pour le dévier de l'objectif recherché et qui consiste à aider les médias à jouer pleinement leur rôle en toute indépendance en tant que service public par excellence, a-t-il dit lors de la présentation du rapport annuel du SNPM à l'occasion du 3 Mai, Journée mondiale de la liberté de la presse. Aucun débat n'était permis à ce sujet dans le passé, a-t-il dit, appelant toutefois à l'approfondissement de la réflexion collective dans le but d'asseoir plus de démocratie, telle que prévue dans la nouvelle Constitution. Selon Moujahid, le dernier Conseil fédéral national du SNPM avait émis un certain nombre d'observations à ce propos, selon lesquelles les concertations menées à ce sujet n'ont pas été élargies à tous les partenaires, que la consultation n'a pas été menée jusqu'au bout et que l'approche participative n'a pas été suivie comme il se doit et jusqu'à son terme, sachant que la réforme du secteur est censée être participative. Critiquer les cahiers des charges ne signifie pas qu'il faut s'aligner sur l'avis des directeurs généraux, lesquels ne sont pas non plus habilités à défendre l'indépendance de la profession, tâche qui revient aux professionnels eux-mêmes, a affirmé Moujahid. Au niveau des établissements publics que sont la SNRT, 2M et l'Agence Maghreb arabe presse (MAP), le rapport ne fait état d'aucune nouveauté, a dit Moujahid, selon lequel le manque de transparence marque toujours leur gestion. Malgré le fait que tout le monde est d'accord pour dire que le statut de la MAP est dépassé, rien n'annonce qu'il va être révisé dans un proche avenir, a-t-il jouté. Au niveau de la presse écrite, le paysage est marqué par une anarchie totale, a-t-il dit, annonçant que des discussions sont en cours avec les éditeurs pour redresser la donne. Ce sont certes des entreprises privées, mais qui doivent assurer un service public très sensible, respecter les droits des journalistes et aider à accompagner comme il se doit la mise en œuvre de la nouvelle Constitution du pays, a-t-il commenté. Selon Moujahid, l'année écoulée a été marquée aussi par une série de violations flagrantes des droits et libertés des journalistes dont certains ont été victimes d'agressions, de maltraitance et de licenciements abusifs, en particulier les photographes lors de la couverture des manifestations organisées ici et là dans le pays. Pour le syndicat, a-t-il dit, la protection des journalistes et de leurs droits est une priorité car sans respect de la liberté et des droits des journalistes, il est inconcevable de prétendre que la nouvelle Constitution ait permis l'avènement d'une nouvelle ère de démocratie, de respect des droits de l'homme et des libertés d'expression et d'opinion dans le pays, a-t-il ajouté. Le rapport du SNPM consacre aussi, comme c'est le cas tous les ans, tout un chapitre à la déontologie de la presse, dont le respect profite en premier aux journalistes eux-mêmes, a-t-il dit. Le président du SNPM a par ailleurs indiqué que les discussions sont toujours en cours au sujet du Conseil national de la presse, précisant que le SNPM rejette toute intervention étrangère dans ce débat pour doter la profession d'un établissement indépendant au service des professionnels.