Qatar a été entre vendredi et dimanche la troisième étape du périple que le roi Mohammed VI entreprend dans la région du Golfe. Elle précède la visite aux Emirats Arabes Unis et succède à celle de la Jordanie où le souverain a déployé une intense activité. Le roi Mohammed VI a eu des entretiens dimanche avec l'Emir du Qatar au Diwan Emiri à Doha. Dimanche en fin de matinée, aura été la journée des grands entretiens, des signatures d'accords, enfin d'un dialogue maroco-qatari intense et diversifié. Ouvrant le chapitre de l'échange, le roi Mohammed VI et Cheikh Hamad Ben Khalifa Al-Thani, Emir de Qatar se sont longuement entretenus en tête-à-tête sur la coopération bilatérale qui connaît de nos jours une dynamique certaine, sur les questions régionales, notamment le Maghreb et le monde arabe, entre autres la Syrie, enfin sur la vision que les deux chefs d'Etat pour promouvoir la démocratie dans la région. Qatar constitue une étape significative dans la tournée royale au Golfe. Les deux chefs d'Etat entretiennent une amitié confortée chaque jour par la conviction partagée qu'il faut consolider l'unité du monde arabe sous la bannière d'une démocratie moderne et dans le cadre de la solidarité arabo-islamique. En témoigne la cérémonie d'accueil que l'Emir de Qatar a réservée au Roi Mohammed VI, la teneur des entretiens – politiques économiques, sociaux et autres – entre les deux chefs d'Etat, le déjeuner offert dans ce cadre dimanche et, plus que significatif, les séances de travail élargies ayant réuni les membres des deux gouvernements. Un peu moins de trois ans après son accession au Trône, le roi Mohammed VI s'était rendu en visite au Qatar, les 5 et 6 juin 2002 et l'Emir du Qatar s'était à son tour rendu trois fois au Maroc, en octobre 2002, en juillet 2005 et en novembre 2011. Ces visites, comme celle que Mohammed VI a entamée vendredi et samedi à Doha, renforcent à la fois une coopération bilatérale prometteuse et donnent la mesure de la volonté des deux chefs d'Etat à aller de l'avant. Les opérateurs qatari, dont beaucoup sont déjà présents au Maroc, continuent d'investir au Maroc, un pays qui, disent-ils à l'unanimité, « leur inspire confiance, les rassurent et qui oppose une certaine résistance à la crise mondiale... » ! Les secteurs de prédilection sont le tourisme, l'agriculture et l'industrie. C'est dans le même esprit que Nizar Baraka, ministre de l'Economie et des finances, s'est dit optimiste et place la visite royale à Qatar dans le cadre d'une nouvelle impulsion en termes d'investissements et de projets . Il a plaidé « en faveur d'une action soutenue pour hisser les échanges économiques et commerciaux entre le Maroc et le Qatar au niveau escompté, surtout que le Maroc est appelé à avoir un statut avancé dans ses relations avec les pays du Conseil de la coopération du Golfe (CCG). » L'étape jordanienne Outre une série d'entretiens en tête-à-tête ou élargis, jeudi, entre Mohammed VI et Abdallah de Jordanie, la visite à Amman a connu un temps fort dont la symbolique n'a d'égale que leur volonté de souligner leur solidarité avec le peuple syrien martyre. Il s'agit de la visite que Mohammed VI a rendu à « l'hôpital marocain de campagne », installé par selon sa volonté au Camp Zâatari et qui a duré un long moment, parce qu'il s'est enquis en détails des conditions , du fonctionnement et de la portée de cet hôpital. Dans la foulée de cette visite, et exprimant son soutien , mais aussi celui du peuple marocain, le Roi du Maroc a remis des dons aux réfugiés syrien regroupés dans ce camp. Le Maroc a toujours été présent auprès du peuple syrien lorsque celui-ci traverse de graves épreuves. Et personne n'oublie l'envoi en 1973, en pleine guerre avec Israël, de troupes marocaines des FAR pour combattre sur le plateau du Golan auprès des soldats syriens...En se rendant au camp Zaatari, le Roi du Maroc renouvelle ainsi sa solidarité avec le peuple syrien, victime des affres de la guerre, obligé de se réfugier, femmes, enfants et vieillards ...Il leur apporte un soutien concret et, en même temps, peut se prévaloir d'être dans ces conditions le premier chef d'Etat étranger à leur rendre visite, sur place. D'emblée, il faut souligner la dimension de l'accueil exceptionnel que le Roi de Jordanie a réservé jeudi au roi Mohammed VI, un accueil officiel empreint d'une grande chaleur et d'autant plus enthousiaste qu'il s'inscrit dans l'esprit d'une amitié profonde et constamment renforcée entre les deux Rois. Le peuple jordanien a suivi cette cérémonie haute en couleurs et forte en symboles. Avec la Jordanie, il y a plus qu'une amitié traditionnelle ! Celle-ci atteint à une dimension quasi fraternelle. Elle s'inscrit dans un long cours, et on ne compte plus les visites croisées, d'un pays à l'autre, comme on ne cesse de souligner qu'il existe entre le Maroc et la Jordanie plus qu'une vision commune. Les deux pays, à des antipodes géographiques, incarnent l'image de deux monarchies complémentaires et les deux rois – qui ont un an de différence seulement, donc le même âge – sont arrivés au pouvoir, la même année aussi, en 1999 à quelques cinq mois de différence. Résolument ouverts et soucieux d'émanciper leurs peuples respectifs, démocrates invétérés, ils connaissent depuis treize ans maintenant un parcours quasi similaire en termes de gestion du pouvoir. Ils veulent asseoir une démocratie moderne, tout en s'enracinant dans la tradition musulmane et des valeurs de l'Islam authentique et non dévoyé. De ce fait, ils incarnent un modèle singulier dans un monde arabe traversé par l'ouragan de la contestation sociale et l'émergence des jeunesses en révolte. Le Maroc et la Jordanie sont les deux seules nations en dehors des pays du Golfe qui font partie depuis un peu plus d'un an du CCG (Conseil de coopération du Golfe). De ce fait, ils ont bénéficié du don financier de soutien à leurs projets de développement de 5 milliards de dollars US chacun , couvrant leurs besoins entre 2012 et 2015. Une manne versée dans les fonds de chantiers d'infrastructures et de projets socio-économiques. Mais aussi le signe que le Maroc est aujourd'hui un modèle qui inspire une confiance indéniable et remplit son rôle de pilier de la stabilité et de la sécurité. Avant la visite du roi Mohammed VI aux Emirats Arabes Unis et à Koweït, le Roi Mohammed VI a renouvelé ainsi aussi bien à Djeddah, Amman qu'à Doha l'engagement du Maroc pour une synergie multidimensionnelle avec les pays visités. En témoignent à la fois la teneur des entretiens bilatéraux, la signature de plusieurs accords et, surtout, la proclamation du postulat qu'il n'est aujourd'hui de développement que partagé et démocratique... * Tweet * *