Après plus d'une année de travail pour l'élaboration d'une feuille de route pour le secteur de la microfinance, la Fédération nationale des associations de microcrédit a dévoilé lors du Symposium international sur la microfinance une stratégie nationale ayant des visées jusqu'au 2020. Le président de la FNAM, Tarik Sijilmassi a souligné que « la stratégie nationale de la micro-finance doit créer 2 millions d'emplois à l'horizon 2020 ». La tant attendue feuille de route du secteur de la micro-finance a finalement été dévoilée jeudi dernier lors d'un symposium organisé à Skhirat par la fédération nationale des associations de microcrédit (FNAM) et le Centre Mohammed VI de soutien à la micro-finance solidaire. Cette stratégie projette, à l'horizon 2020, de servir plus de 3 millions de bénéficiaires pour un montant global de crédits de 25 milliards de DH. « Des actions sont envisagées en faveur d'un maillage plus complet du territoire national avec une implantation prioritaire dans les zones de pauvreté, surtout en zones rurales », a indiqué Idriss El Azami El Idrissi, ministre délégué chargé du Budget, à l'ouverture du premier symposium international de la micro-finance au Maroc. Un maillage essentiel Le ministre a rappelé la place qu'occupe la micro-finance au sein du système financier marocain en tant que levier important de par le rôle qu'il joue dans l'inclusion financière, la lutte contre la pauvreté et l'insertion des populations économiquement faibles, à travers la création des emplois et des activités génératrices de revenu. Et de souligner que l'action des pouvoirs publics dans ce cadre se focalise autour de quatre principaux axes, à savoir l'élargissement du champ d'activités des associations de microcrédit, la mise en place d'incitations fiscales, le développement et la diversification des ressources financières mobilisées en faveur du secteur et le renforcement du cadre de sa supervision. Pour le roi, dans une lettre lue par sa conseillère Zolikha Nasri, cette nouvelle stratégie marquera « une étape nouvelle dans le processus de consolidation du secteur de la micro-finance devenu un acteur agissant dans la lutte contre la pauvreté et l'exclusion financière des populations défavorisées ». Née il y a 20 ans, la micro-finance a le mérite de répondre aux besoins financiers des plus démunis et contribue, ainsi, à l'élargissement du champ d'inclusion financière de l'ensemble de la population et ce, grâce à l'implication des acteurs associatifs, aux interventions des bailleurs de fonds internationaux et aux encouragements et appuis financiers substantiels de l'Etat. 2 millions d'emplois De son côté, le président de la FNAM, Tarik Sijilmassi, lors de son intervention, a souligné que « la stratégie nationale de la micro-finance doit créer 2 millions d'emplois à l'horizon 2020. Dans la décennie, le secteur de la micro-finance doit pouvoir servir 3,2 millions de bénéficiaires et générer ou financer 2 millions d'emplois à temps partiel additionnels ». Afin de concrétiser ces objectifs, une trajectoire en deux étapes s'impose, à savoir l'amélioration de l'efficacité du secteur et son évolution vers les meilleurs pratiques financières, précisant que ladite trajectoire repose sur 49 actions organisées autour de 7 leviers stratégiques, notamment l'amélioration de l'environnement institutionnel et concurrentiel, le ciblage des bénéficiaires et le développement de l'offre. Le président de la FNAM a indiqué que le secteur de la micro-finance, en mettant le cap sur ces objectifs, vise à combiner la création d'activités génératrices de revenus avec l'inclusion financière et sociale des citoyens démunis, et ce, dans le dessein de lutter contre la pauvreté. « Aujourd'hui, nous avons 900 000 bénéficiaires actifs. Au total, sur les vingt dernières années, plus de 40 milliards DH de microcrédit ont été accordés au profit de 4,5 millions de personnes, ce qui leur a permis de créer une activité génératrice de revenu », a indiqué Sijilmassi, ajoutant que les associations de microcrédit ont contribué jusqu'à présent à la création d'un million d'emplois au Maroc. Il a expliqué, au sujet de l'écart entre le nombre des crédits et celui des emplois créés, qu'« un microcrédit octroyé ne signifie pas nécessairement la création d'un emploi, puisqu'il faudrait retrancher les crédits non utilisés directement dans l'emploi ». En outre, Sijilmassi a souligné que le secteur continue d'investir dans le renforcement de ses capacités et la modernisation de ses structures, faisant état de plus de 50 millions DH investis en 2012 et 2013 dans des projets visant à « hisser les pratiques du secteur aux meilleurs standards internationaux ». Il a déploré, toutefois, que le statut des associations de microcrédit limite leur capacité à mobiliser des ressources financières importantes et à faible coût, à côté d'un cadre réglementaire qui ne permet pas de mobiliser la micro-épargne, évoquant la problématique de recouvrement due à des contraintes juridico-administratives. * Tweet * *