A l'issue de la session parlementaire extraordinaire consacrée, jeudi dernier, à la présentation du projet de loi de finances 2012 aux deux chambres, l'opposition ne s'est pas montrée convaincue. Amorce d'une année blanche « C'est un projet qui vient très en retard et n'apporte rien de vraiment nouveau à priori. Nous allons l'étudier et en discuter plus en profondeur », déclare le jeune parlementaire du PAM, Younes Sekkouri, avant de souligner que la sécheresse qui frappe le Maroc et la conjoncture mondiale laissent présager une année très difficile. « Ce sont autant d'éléments qui feront de cette année, une année blanche. Il faut se mettre à la place des entrepreneurs qui attendent toujours des marchés et des appels d'offres, des membres de l'administration qui, je suppose, ne font pas grand-chose depuis des mois, parce que tout le monde est dans l'expectative », estime-t-il. Et de préciser que cette situation est intimement liée à la composition du gouvernement. « La vraie question, aujourd'hui, se rapporte à l'incohérence du gouvernement dans sa composition. Le fait d'avoir un ministère à deux têtes, des divergences et que la responsabilité des deux ministres ne soit précisée par un décret, que 24h avant la présentation du PLF, démontre clairement, à mon avis, qu'il y a un problème de coordination et de cohérence dans le travail gouvernemental », affirme le jeune député. Et ce n'est pas tout, sur la liste de ses remarques, Sekkouri souligne surtout sa surprise de ne trouver aucun élément dans le PLF sur la reddition des comptes, le contrôle et la transparence des dépenses publiques. « Nous n'avons pas vu dans le PLF des garanties sur comment tous ces milliards et millions des budgets seront réellement dépensés », soulève-t-il dévoilant ses vives inquiétudes quant à l'efficacité attendue du gouvernement. Au même parti de l'opposition, la députée Naïma Farrah se dit déçue par le PLF. « Nous nous attendions à y retrouver les engagements promis par le PJD dans son programme. Mais ce que nous avons constaté, aujourd'hui, c'est un net recul à différents niveaux surtout pour ce qui est du taux croissance. Nous trouvons que, pour certaines questions comme le chômage, ce PLF a repris le précédent et n'a pas apporté de nouveautés », confie-t-elle. La parlementaire estime que le gouvernement n'arrive toujours pas à prendre des décisions unanimes lui permettant de conjuguer ses efforts pour tracer son chemin. Un projet hors normes Au RNI, l'opposition joue la raison et la patience. Le président du groupe des députés RNIstes, Dr. Chafik Rachadi, qui a suivi point par point l'exposé du PFL par les deux ministres Nizar Baraka et Driss Azami Idrissi. « C'était l'occasion pour le gouvernement de mettre en œuvre sa stratégie (…) Nous avons tellement attendu qu'il y ait de la créativité, malheureusement, il n'y en pas eu », déclare ce député annonçant que le groupe du RNI se penchera très rapidement sur tout le texte pour exposer très bientôt ses « remarques implicites et explicites ». Dr Rachadi tient tout de même à préciser qu'il n'est pas déçu « Il ne faut pas exagérer, il n'y a pas eu de déception, c'est juste qu'il n'y a pas eu de nouveautés ». A l'USFP, par contre, on n'hésite pas à parler de véritable déception. « Nous nous attendions à mieux ! », s'exclame Ahmed Zaidi, président du groupe parlementaire de ce parti qui sera le premier à organiser une journée d'étude autour du PLF, ce lundi au parlement. D'ici là, ses remarques sur ce texte restent axées sur l'art et la manière de le présenter. « Nous trouvons maladroit que ce PLF soit présenté par deux membres du gouvernement et non un seul comme il est de coutume. C'est une première qui dénote, à notre sens, une divergence au sein du gouvernement et cela risque de démoraliser l'opinion publique », affirme Ahmed Zaidi précisant que son parti voulait intervenir au cours de la présentation du PLF pour contester cette « maladresse », mais qu'il s'est désisté afin de pas prolonger le retard. « Avec tout ce retard pris par le gouvernement, l'impact sera nécessairement négatif. Le gouvernement parviendra-t-il à mettre en exécution son programme d'ici la fin de l'année ? », se demande le président du groupe Usfpéiste. A-t-on encore oublié l'égalité ? La députée du PPS Rachida Tahiri est avant tout une militante féministe acharnée. A l'issue de la présentation du PLF au Parlement, son sourire se fait timide, Rachida n'est pas vraiment satisfaite mais elle garde son optimisme. « Nous n'avons pas trouvé dans le PLF et en détails de l'Agenda gouvernemental pour l'égalité, qui représente, en fait, l'engagement de chacun des 25 ministères. Dans l'exposé, nous n'avons pas entendu s'il y aura des actions dans ce sens », souligne Rachida Tahiri relevant aussi l'absence des droits civils dans le contenu de l'exposé. « Nous espérons que ce n'est pas un oubli. Nous continuons à attendre les réformes du code pénal et la loi contre la violence », rappelle la féministe soulignant que le chef du gouvernement s'est lui-même engagé à respecter l'Agenda gouvernemental sur l'égalité.