Le Mouvement pour la démocratie paritaire s'insurge contre ce qu'il appelle « le désengagement du Maroc » vis-à-vis des femmes. Un sit-in a été organisé, lundi paritésoir à Rabat, pour appeler le gouvernement à appliquer la parité. A 16h tapantes, ce lundi, les militantes étaient déjà sur place. En réponse à l'appel du Mouvement pour la démocratie paritaire, elles sont venues en grand nombre crier leur droit d'accès à la gestion du Maroc de demain. Le sit-in, qui a duré moins d'une heure, devait servir à rappeler au gouvernement et aux partis politiques leurs promesses non tenues. La déception des féministes a fini par susciter une révolte qui ne fera que grandir en ce moment précis où les projets de loi organiques sur les partis et la Chambre des représentants sont soumis aux députés. « Nous avons décortiqué ces lois et soumis nos propositions d'amendements et notre mémorandum aux partis et aux membres du gouvernement. Tous nous ont assuré que la parité était, pour eux, une priorité, mais les projets de lois n'ont pas subi les changements nécessaires pour cela. La parité est restée cloîtrée dans le texte de la Constitution », regrette la coordinatrice du mouvement, Khadija Rebbah. Le plaidoyer des féministes se réfère à l'article 19 de la Constitution qui stipule clairement que «l'homme et la femme jouissent, à égalité, des droits et libertés à caractère civil, politique, économique, social, culturel et environnemental ». L'article 30 de ce texte appelle aussi l'Etat à faciliter la mise en œuvre de cette parité au moyen de mécanismes. Les féministes poursuivront leur combat qui risque de les amener à saisir le Conseil constitutionnel. Ce sont les arguments primordiaux que brandissent, à présent, les féministes, pour rappeler à l'ordre un gouvernement qu'elles qualifient de « sourd ». « Nous revendiquons du gouvernement la mise en place concrète de son agenda de l'égalité 2011-2015. C'est lui-même qui a pris cet engagement. Récemment, c'est notre ambassadeur auprès des Nations Unies qui a affirmé à la communauté internationale l'importance que revêt la parité pour le Maroc. Mais entre la Constitution et la réalité, il n'y a que des discours !», s'insurge Khadija Rebbah. Pour les féministes, la parité s'est noyée dans le débat actuel autour de la liste nationale. « Cette liste a été mise en place en 2002, puis en 2007 parce qu'il n'y avait pas d'autre alternative pour permettre à la femme d'accéder à la prise de décision politique. A présent que la nouvelle Constitution exige, noir sur blanc, la parité, pourquoi s'enliser dans ce faux débat de liste nationale partagée entre femmes et jeunes ? », s'interroge cette féministe précisant que les jeunes partagent entièrement le constat du mouvement féministe. « Les textes de lois sur les partis et sur la Chambre des représentants ne prévoient pas de mécanismes favorisant la parité. Lorsqu'ils seront votés tels qu'ils sont, ils serviront à mettre en place le nouveau gouvernement et l'arsenal juridique de base qu'il devra suivre. La parité ne sera donc pas juridiquement imposée et cela nous ne pouvons l'accepter !», martèle Khadija Rebbah. Et d'accuser le gouvernement d'avoir « peur » des femmes et de favoriser donc « un pouvoir strictement masculin ». Elles promettent de ne pas baisser les bras pour autant. Les féministes poursuivront leur combat qui risque de les amener à saisir le Conseil constitutionnel. « Nous ne disposons pas d'autre choix. Si ces lois sont votées jeudi ou vendredi, nous irons au Conseil constitutionnel pour réitérer nos revendications et faire valoir nos droits», annonce la coordinatrice du mouvement qui compte organiser un tribunal symbolique sur la parité à la fin de cette semaine. Le boycott des élections, lui, reste au centre du débat au sein du mouvement. « Nous n'avons pas encore tranché la question. Nous en discutons toujours avec l'ensemble des membres », affirme Khadija Rebbah. La semaine prochaine sera donc décisive pour les féministes.