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Maradji, 55 ans de photographie | Le Soir-echos
Publié dans Le Soir Echos le 03 - 03 - 2012

En 1956, dès le retour d'exil du roi Mohammed V et de la famille royale, il va prendre l'initiative de suivre le monarque à la trace dans tous ses déplacements. A l'époque, rares étaient les représentants de la profession.
Quelques années plus tard, en 1959, il effectue un stage à Paris au sein de l'agence de photo internationale Keystone. Il y apprendra à immortaliser les mannequins sublimes de la place parisienne. Il photographie à l'époque les figures et les célébrités du domaine des lettres et de la politique depuis le Quartier latin, où il avait établi son QG. A son retour au Maroc, il propose ses photos noir et blanc aux journaux de l'époque et en 1961, il crée à Casablanca APPM, première agence marocaine de photos de presse, la légende Maradji était alors née. Mohamed Maradji, personnage incroyable, débordant d'énergie, a su canaliser sa rage de réussir et la conjuguer à son talent naturel d'homme d'image. En parallèle il se spécialise dans le noir et blanc, considéré depuis toujours et pour longtemps par les connaisseurs comme le Must. L'homme dépasse alors la simple prise de vue de personnages célèbres ou anonymes, il trouve la clé pour aller au delà et s'épanouit dans son art. Il invite des mannequins parisiennes de renom et les fait poser en caftan (et s'il était le vrai précurseur de Caftan ?) A cette époque, il fait venir au Maroc de nouveaux équipements photographiques encore jamais importés, dont des flashs réflecteurs, parapluies, chambre 9X12… Mais les outils ne seront que des outils au service de la véritable valeur de l'artiste, son œil toujours en éveil et ouvert à tous les challenges. Son parcours de self-made-man lui vaut le respect, car cet enfant du peuple est devenu une icône du reportage photographique au Maroc et surtout un témoin privilégié des grands événements historiques. Après l'intronisation de sa majesté Hassan II, les efforts de Maradji lui ont permit de réaliser le premier portrait officiel en couleur en 1966… Maradji a largement contribué, en parcourant le monde, à l'enrichissement de la mémoire photographique qui restera longtemps marquée de son empreinte. Il a publié, entre autres, un superbe ouvrage sur la Marche verte préfacé par Maurice Druon de l'Académie française. Le magazine «Jeune Afrique» l'a qualifié, à juste titre, «d'œil du Maroc». Au cours de sa carrière de plus d'un demi siècle, Maradji a été plusieurs fois primé pour ses œuvres photographiques et expositions, notamment par la société Académique française «Art-Science et Lettres» qui lui a décerné la médaille d'or en 2007 à Paris ; il a aussi été décoré par de nombreux chefs d'état, dont feu S.M. Hassan II, Jaques Chirac, le roi Juan Carlos, et S.M. Mohammed VI en 2006. Le doyen et pionnier des photographes marocains aime se définir comme le professionnel qui a photographié trois rois du Maroc, sept présidents américains, dont John Kennedy, et six présidents français, dont Charles De Gaulle. Maradji poursuit, aujourd'hui encore, son activité inlassable avec son dernier livre paru en 2009 «Maradji, témoin de son époque, 50 ans de photographies», c'est la première fois que le Maroc contemporain est raconté par l'œuvre d'un même photographe.
D'après votre longue carrière. Comment va la photographie aujourd'hui ?
Très très mal du côté industriel et fabrication de produits spécifiques photo. Surtout avec la disparition des marques prestigieuses, telles que Kodak, Agfa et les autres, le terme Photo a été remplacé par image ou Affiche. C'est désolant malgré l'avènement du numérique.Par contre et heureusement du côté artistique il y a une génération de jeunes photographes marocains d'un très grand niveau professionnel qui font honneur à la profession tels que Rami, Nemaoui, Tazi, Bounhar, Jamal Benabdeslam et d'autres encore.
Et du côté féminin ?
Ah oui. C'est une fierté de ce côté-là. Il y a un grand nombre de filles marocaines avec leur grande culture universitaire, elles ont préféré embrasser avec passion notre profession. Je pense à Leila Ghandi, un véritable bonheur de la photographie, rêveuse et courageuse, Leila Alaoui et aussi d'autres. Qui dit mieux !
A quand une exposition de Maradji ?
J'en ai fait des dizaines pendant ma carrière, mais actuellement je travaille sur un projet d'envergure. Le choix est très dur à faire, d'abord il faut différencier les thèmes, car mes archives de plus d'un demi siècle sont riches en différents reportages et prises de vue. Il y a l'architecture, le paysage, la nature morte, les hommes politiques et artistes, chefs d'états etc…
Pourquoi ne participez-vous pas aux ventes aux enchères ?
Depuis plusieurs années je suis sollicité par plusieurs galeries à Paris et Londres. Même ici aux Maroc, mes amis galeristes insistent sur ce sujet, mais je leurs réponds toujours par le mot
«Pas maintenant, après » ou « lorsque j'aurais le temps » car effectivement dans notre profession on n'a jamais le temps. Bien qu'il y ait dans ma caverne d'Ali Baba un trésor d'archives inestimables accumulées depuis les années 60, dont des tirages sur pa


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