Alors que l'audience réouvre aujourd'hui, la peine capitale requise contre l'ancien dirigeant égyptien divise. Comment juge-t-on un ancien dictateur ? Eclairage, à la lueur des précédents procès d'anciens chefs d'Etat. « L'accusation réclame la peine maximale contre Moubarak et les autres accusés, à savoir la peine de mort par pendaison », a déclaré jeudi le procureur Moustafa Khater avant d'argumenter : « Pour la mort d'une personne, on encourt la peine de mort, alors que devrait dire le tribunal lorsqu'il est question de la mort de centaines de personnes ? » Accusé d'être responsable du meurtre de 850 manifestants lors de la révolte contre le régime, l'ex-leader égyptien encourt la peine capitale. Ce qui n'a pas manqué de réjouir certains proches de victimes, qui ont acclamé le réquisitoire de Khater dénonçant la « tyrannie » de l'ancien président. « La mort, la mort! Dieu est le plus grand! », ont-ils scandé. Accusé d'être responsable du meurtre de 850 manifestants lors de la révolte contre le régime, l'ex-leader égyptien encourt la peine capitale. Accusé d'être responsable du meurtre de 850 manifestants lors de la révolte contre le régime, l'ex-leader égyptien encourt la peine capitale.
Un dictateur jugé : une exception Un dictateur jugé : une exception Alors que l'audience reprend aujourd'hui, la peine capitale requise contre l'ex-raïs suscite diverses réactions. Derrière ce procès historique se dessine une question, qui divise : comment juge-t-on un dictateur ? Comment un procès tourne-t-il en vengeance populaire ou en véritable exercice démocratique ? Premier constat, il est rare de voir un ancien président dans le box des accusés. Il suffit de regarder du côté de la Tunisie pour voir que Ben Ali risque fort de rester aux abonnés absents tout au long de son procès, réfugié en Arabie Saoudite et protégé par les refus d'extradition de Ryiad. La procédure risque de s'éterniser, à l'instar des procès de certains chefs d'Etat qui ont été inculpés sans jamais être jugés. C'est notamment le cas de l'ancien dictateur chilien, Augusto Pinochet, décédé en décembre 2006. A la tête d'un régime au cours duquel plus de 3 000 personnes sont mortes ou ont disparu, Pinochet est décédé en laissant impunis les nombreux crimes commis entre 1973 et 1990, dont les tristement célèbres dossiers de la Caravane de la mort et l'Opération Condor. Plus récemment, on peut penser également à Mouammar Kadhafi, qui a été tué avant l'ouverture d'un quelconque procès. En revanche, d'autres ex-dirigeants ont bel et bien été exécutés suite à leur procès. Le cas le plus récent est celui de l'ancien dictateur irakien Saddam Hussein, pendu le 30 décembre 2006, après avoir été inculpé en 2004 pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre. C'est le Tribunal spécial irakien qui a prononcé la sentence, bien que vivement critiqué par l'association américaine Human Rights Watch qui avait dénoncé l'absence de garanties pour les droits des accusés. De son côté, Amnesty International avait estimé que le procès avait été « une affaire glauque, marquée par de graves failles qui remettent en question la capacité du tribunal, tel qu'il est établi actuellement, à administrer une justice juste, en conformité avec les normes internationales ». Autre sentence controversée : celle du dirigeant roumain, Nicolae Ceausescu et de sa femme, tous deux fusillés après un procès éclair en 1989. Enfin, si pour certains la condamnation à mort a été exécutée, pour d'autres, une grâce a été prononcée. C'est notamment le cas de l'ex dictateur malien Moussa Traoré mais aussi de Jean-Bedel Bokassa, l'empereur mégalo de Centrafrique qui se fit couronner comme Napoléon, et qui fut gracié en 1993 après sa condamnation à mort en 1987. Difficile de juger un dictateur, tout en maintenant les conditions d'un procès équitable donc. Une chose est sûre, la justice internationale n'a pas encore trouvé de véritables modus operandi qui fassent l'unanimité.