Treize exemplaires du Dernier combat du captain Ni'mat de Mohamed Leftah sont chez deux libraires au Maroc. Les livres ont finalement été importés mais la vente reste interdite. Les détails. Le dernier combat du capitaine Ni'mat existe en librairie au Maroc. Seul hic, il est interdit à la vente. Après une première tentative d'importer 250 exemplaires, qui s'est soldée par un échec, deux libraires ont réussi à s'approprier quelques exemplaires. Les propriétaires attendent donc impatiemment la levée de l'interdiction. Une interdiction qui ne dit pas son nom comme tient à le rappeler Colette Lambrichs, la directrice de La différence, la maison d'édition qui a publié l'oeuvre intégrale de Mohamed Leftah. « La librairie Kalila Wa Dimna de Rabat possède une licence d'importation et a réussi à acheminer 5 exemplaires de l'ouvrage commandés directement auprés de la maison d'édition en France. Pour faire passer la commande à la douane, il faut absolument le cachet du bureau des publications étrangères au sein du ministère de la Communication, sauf que c'est impossible. Une preuve que le livre est interdit », déclare Souad Balafrej, directrice de Kalila Wa Dimna. Les huit exemplaires ont malgré cela franchi la barrière de la douane, mais les livres ne sont pas vendus. « Pour faire passer la commande à la douane il faut absolument le cachet du bureau des publications étrangères au sein du ministère de la Communication. » Souad Balafrej, directrice de la librairie Kalila Wa Dimna. « J'ai réussi à convaincre les douaniers en leur donnant par ailleurs un engagement écrit. Cet engagement en question stipule que je ne vais pas vendre ces exemplaires sans l'autorisation du bureau des publications étrangères », souligne la même source. Autre cas similaire, celui de la librairie des Colonnes à Tanger, qui a été rachetée par Pierre Berger. Peur de vendre « Nous avons l'information selon quoi cette librairie a commandé 8 exemplaires et a réussi à avoir l'autorisation du ministère de la communication pour qu'ils franchissent la douane, sauf que la situation est pareille qu'a Rabat, les responsables de la librairie ont peur de les vendre à cause de l'interdiction », déclare Rachid Khaless le président de l'association Med Cultures Tanger. Ce dernier a, on s'en souvient, soutenu le propriétaire de la librairie la Virgule de Tanger. Braver ou non la censure Ce dernier a souhaité braver la censure et a commandé deux cents exemplaires à la maison d'édition, sauf que jusqu'a présent les livres ne sont pas encore acheminés. « Nous avons fait une première tentative avec Sochepress, mais elle a échoué, nous allons opter pour un autre choix car nous n'allons pas baisser les bras», précise le même Rachid Khaless. Ce dernier n'hésite pas par ailleurs à regretter le manque de courage des libraires qui posèdent a présent le livre censuré de Leftah mais qui n'osent pas le vendre à cause de l'absence d'autorisation. « Je considère que c'est un manque d'audace. Un libraire qui possède le livre doit le vendre. » Souad Balafrej ne voit pas cela du même angle. Interrogée à ce propos, elle déclare : « Si je les vends malgré l'interdiction, on peut carrément m'enlever la licence d'importation et ce ne sera pas drôle. » Rencontre autour des livres censurés à Tanger La librairie La virgule organise une rencontre autour de l'oeuvre de Mohamed Leftah le 28 janvier et par la même occasion autour du sujet des livres censurés au Maroc. En attendant l'importation et la distribution du dernier combat du capitaine Ni'mat, l'association Tanger Med Cultures (dirigée par Rachid Khaless), dont le propriétaire de la librairie est membre, compte communiquer autour de cette censure du livre. Plusieurs amis de l'écrivain défunt seront de la partie. Abdelatif Laabi, signataire de la pétition contre l'interdiction, est l'un des intervenants à ce débat.