Comme chaque année, le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, a répondu hier à une série de questions de la population. Une opération de communication qui intervient alors que la contestation gronde dans le pays. Il y a de l'indignation dans l'air en Russie. Samedi dernier, la contestation a pris une ampleur sans précédent. Plusieurs dizaines de milliers de personnes sont sorties dans les rues à travers tout le pays pour réclamer l'annulation des dernières élections et exiger un scrutin transparent. Organisées le 4 décembre, les législatives ont été la goutte qui a fait débordé le vase. Des témoignages de fraudes, avec vidéos à l'appui, ont massivement circulé, remettant en question la victoire annoncée du parti au pouvoir, Russie Unie, avec 49% des voix. Mais pour le pouvoir en place, pas question de remettre en question les élections. « L'opposition dira toujours que les élections ne sont pas honnêtes, c'est le cas partout et dans tous les pays (…) A mon avis, le résultat de ces élections reflète indéniablement l'état des forces dans le pays », a déclaré hier le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, lors d'une séance de questions-réponses télévisées. N'accordant guère de crédit aux opposants, il a ironisé quelques minutes plus tard sur le ruban blanc qu'arboraient samedi dernier les manifestants de l'opposition, affirmant avoir cru reconnaître le symbole de « la lutte contre le sida . Encore une de ces plaisanteries douteuses dont l'ex-agent du KGB a le secret. Troisième mandat Jugeant que la contestation visait à « priver de légitimité le pouvoir dans le pays », il a indiqué avoir ordonné d'installer des web-caméras de surveillance dans tous les bureaux de vote pour la présidentielle. Pour rappel, déjà président de 2000 à 2008, Vladimir Poutine est devenu chef du gouvernement, faute de pouvoir enchaîner plus de deux mandats consécutifs. Mais en septembre dernier, il a annoncé son intention de revenir au Kremlin à la présidentielle de mars. L'actuel président Dmitri Medvedev, qui avait un temps incarné des espoirs de libéralisation du régime, a renoncé à briguer une réélection pour lui laisser la place. Céline Girard