Lors de la tenue de son douzième conseil national, en fin de semaine dernière à Casablanca, le Parti socialiste unifié a pris la décision de boycotter les élections. Nabila Mounib, membre du bureau politique du parti, s'explique. C'est finalement le boycott qu'a choisi le PSU, face à l'échéance des prochaines législatives. Malgré quelques résistances, comme celle de Mohamed BensaïdAït Idder, qui est favorable à la participation, l'écrasante majorité des membres du parti se sont prononcés en défaveur de la participation au proche scrutin. Le Soir échos, en marge de la tenue du conseil national du PSU, a pu s'entretenir avec Nabila Mounib, membre du bureau politique du parti. Sans langue de bois, elle nous livre ses impressions sur ce conseil et fait part de son amertume sur le processus de réforme dans lequel s'est engagé le Royaume. En quoi ce conseil national est-il historique ? On le considère comme historique parce que le contexte régional est historique. On attend des choses intéressantes qui doivent se passer dans notre pays, notamment suite au M20F, un mouvement qui se poursuit dans le temps. Ce dernier a clairement notifié qu'il est pour la démocratisation et qu'il lutte contre toute forme de corruption dans le pays. Nos jeunes ont démontré qu'il était possible de lutter de manière pacifique pour réaliser ces objectifs qui étaient aussi ceux de leurs aînés. Nous considérons donc que nous passons par une période historique et nous ne voulons pas rater, encore une fois, le rendez-vous avec l'histoire, pour démocratiser les institutions et pour passer à une monarchie parlementaire. C'est cela l'expression que prend la démocratisation pour nous, en tant que PSU. La monarchie doit montrer plus clairement qu'elle est contre la corruption. «La monarchie marocaine doit montrer plus clairement qu'elle est contre la corruption ». Pour vous, il n'y a pas assez de gages de bonne volonté ? Moi je n'en ai pas vu. J'ai vu seulement une tentative de calmer les esprits, en essayant de précipiter ce qui se passe : en organisant des élections anticipées, en votant une Constitution manigancée et mise en place d'une manière non démocratique, sans écouter la voix du peuple. Je pense que le système marocain a fait comme si rien ne se passait dans le monde arabe. Nous avons raté plusieurs rendez-vous avec l'histoire, et cela depuis plus de cinquante ans. Je pense que notre parti a parfaitement assimilé cette période, et c'est la raison pour laquelle il a appuyé ce mouvement et qu'il a révisé sa stratégie, soit être plus offensif pour justement atteindre cet objectif, quitte à pousser le système à revoir sa copie de la Constitution pour la mise en place d'un Etat démocratique. Nabila Mounib, membre du bureau politique du PSU. Pourquoi ne pas avoir commencé par le congrès, plutôt que par le conseil national ? Le conseil national est de toute façon l'instance qui décide. C'est lui qui va nous dire s'il faut organiser le congrès maintenant ou attendre l'échéance des élections. Nous ne sommes pas dans la précipitation, mais plutôt dans la construction. Je pense qu'il y a une vision au niveau du PSU, avec ses alliés (PADS / CNI) et avec d'autres constituants de la société civile : l'Alliance pour la monarchie parlementaire, qui regroupe, en plus de l'alliance de la gauche démocratique, d'autres organismes. Et cela montre que quelque chose est en train de mûrir et de se construire, et nous PSU, sommes dedans. Tout cela influe sur nos rendez-vous prochains, concernant les élections, la tenue du congrès, et nos objectifs à court et à moyen termes. Pourquoi ne pas avoir commencé par le congrès, plutôt que par le conseil national ? Le conseil national est de toute façon l'instance qui décide. C'est lui qui va nous dire s'il faut organiser le congrès maintenant ou attendre l'échéance des élections. Nous ne sommes pas dans la précipitation, mais plutôt dans la construction. Je pense qu'il y a une vision au niveau du PSU, avec ses alliés (PADS / CNI) et avec d'autres constituants de la société civile : l'Alliance pour la monarchie parlementaire, qui regroupe, en plus de l'alliance de la gauche démocratique, d'autres organismes. Et cela montre que quelque chose est en train de mûrir et de se construire, et nous PSU, sommes dedans. Tout cela influe sur nos rendez-vous prochains, concernant les élections, la tenue du congrès, et nos objectifs à court et à moyen termes. Un pôle de gauche réunissant 5 partis (USFP, FFD, PPS, les Verts, PS) est en train de se construire. Avez-vous été contactée ? Non, pas du tout. Je pense que le pôle qui s'est constitué, et qui s'est appelé « gauche », n'a de gauche que le nom. De toute façon, on voit que ce sont toujours les mêmes qui choisissent la précipitation, et ce depuis le gouvernement d'alternance. Ces partis-là, qui étaient comptés dans le bloc démocratique, socialiste et progressiste, ne sont intéressés aujourd'hui que par les postes ministériels, plutôt que d'aller vers une réelle politique de gauche, une politique démocratique et progressiste. Ces regroupements sont des regroupements de peur. Peur d'être mis à l'écart, de ces jeux que nous considérons comme pourris et qui ne nous mèneront à rien, malheureusement. De toute façon, nous sommes contre ces groupuscules qui suivent leurs intérêts propres et oublient l'intérêt de leurs instances. Je parle de personnes qui sont maintenant dans ce pôle et qui ne sont pas représentatives de leurs partis, de leurs bases. Je ne vois que des individus vieux, qui n'ont rien donné, qui ont participé à un jeu truqué depuis le départ et qui, aujourd'hui, essaient de trouver une sorte de coalition pour être encore présents dans le gouvernement. On prend les mêmes et on essaie de refaire un jeu que les Marocains refusent : ils l'ont dit et exprimé très clairement, ils ne veulent plus de ces vieux, il ne veulent plus de ceux qui «vendent le match», comme on dit en darija. On veut autre chose. Toutefois, nous sommes convaincus qu'il existe encore des esprits libres dans ce pays, qui sont dégoutés de ce jeu politique pourri et qui pourraient revenir aujourd'hui. Et nous, au PSU, on y croit très fermement. De toute façon, il n'y a pas d'autre alternative à la corruption et au despotisme que de se révolter de manière pacifique, et de demander ce que le peuple marocain mérite, c'est à dire la démocratie, la citoyenneté, et la justice sociale. Tout ceci dans l'intérêt de la paix sociale. Nous sommes installés sur une poudrière, le taux de chômage a augmenté d'une manière qui fait peur, la pauvreté et la violence aussi.