Après avoir boycotté la commission de révision de la Constitution, le Parti socialiste unifié (PSU) a présenté, hier à Rabat, ses propositions pour une nouvelle Constitution. Après avoir boycotté la commission de révision de la Constitution, le Parti socialiste unifié (PSU) a présenté, hier à Rabat, ses propositions pour une nouvelle Constitution. Si nous avons refusé de soumettre nos propositions à la Commission de révision de la Constitution, c'est parce que nous contestons la nomination de ses membres par une seule et même partie. La réforme qui en découlera relatera sans nul doute une vision unilatérale malgré les audiences accordées à nombre d'organismes ». Virulent comme à son habitude, Mohammed Sassi, membre du conseil national du PSU, a tenu, au tout début de la conférence organisée hier à Rabat par son parti, à expliquer une décision qu'il estime légitime. « Nous nous réjouissons du débat public que dynamisent les jeunes du 20 février et nous considérons que notre rôle est de les accompagner », précise-t-il. Pour Mohamed Bensaid Aït Idder, c'est en s'assignant ce rôle que le PSU témoigne de sa volonté de participer à un débat national où « les jeunes n'ont plus peur, ni du sacré ni des personnes considérées comme telles ». « Nous aspirons à une réelle refonte des partis politiques, à ouvrir la voie de la démocratie et à nourrir un débat critique pour la nouvelle génération», déclare Mohamed Bensaid Aït Idder. Pour suivre la transition, le PSU estime urgent pour le Maroc de se doter d'une nouvelle Constitution et non de réformer l'actuelle. Pour le PSU, il est temps de combler la grosse lacune d'un retard qui se prolonge depuis 1956. « Nous avons déjà agi en faisant des propositions claires en 2006 et 2007. A présent, le PSU revendique, à nouveau, l'urgence d'abolir tout lien entre la politique de la sacralité et entre le pouvoir et le monde des finances exigeant ainsi la reconnaissance d'une citoyenneté globale et totale à tous», résume Nabila Mounib, membre du bureau politique du PSU. « Adopter la monarchie parlementaire est la seule voie qui permettra de concilier démocratie et monarchie. (…) Cela veut dire que le pouvoir du gouvernement sera aux mains des électeurs et le rôle essentiel du roi sera de permettre à ces derniers d'exercer leur pouvoir », explique Mohammed Sassi en présentant les différentes propositions de son parti devant remédier aux dysfonctionnements politiques liés tous à « l'Etat-Makhzen ». Dans la vision du PSU, le chef du gouvernement devra assurer la gestion, le régime, dans sa globalité, et en rapporter l'état des lieux au roi. Le PSU propose, en remède à la situation, l'utilisation de la technique constitutionnelle. « Nous insistons sur le fait que le peuple doit détenir le pouvoir, en être la source, et que la suprématie de la Constitution s'applique à tous. Aucune personne ou catégorie ne peut s'octroyer le droit d'exercer une quelconque suprématie. Et pour cela, il est nécessaire d'abolir toutes les coutumes qui s'y opposent. La Constitution devra le préciser et ne laisser aucune voie permettant une quelconque révision », indique Mohammed Sassi. Le PSU a pour vision de faire du Maroc un Etat civil, démocratique et décentralisé où l'Islam restera la religion officielle sans, bien entendu, priver d'autres d'exercer d'autres cultes dans le respect. « Nous proposons que le roi ait un rôle symbolique dans une monarchie parlementaire citoyenne, qu'il y soit chef de l'Etat et garant de sa continuité et le seul représentant suprême », souligne encore ce membre du Conseil national. Et de préciser que, pour le PSU, le titre de Commandeur des croyants devra être l'équivalent d'une supervision symbolique de l'exercice de la religion « sans ingérence dans la gestion des établissements ». Toujours à propos du rôle du souverain, le PSU suggère qu'en tant que chef suprême des FAR, il a le droit de procéder aux nominations aux postes militaires suite aux propositions faites par le ministre de la Défense par le biais du président du gouvernement. «Nous proposons que l'exercice du roi soit limité à la déclaration de guerre ou à titre exceptionnel », ajoute ce membre du PSU. Dans ses propositions, le PSU souligne l'importance de créer un comité indépendant pour la supervision des élections et de ne pas valider un scrutin où le nombre des votes n'aura pas représenté au moins 50% des électeurs. Le PSU insiste également sur l'interdiction de la transhumance politique, l'intégration de l'électorat des Marocains résidant à l'étranger, ainsi que celui des résidents étrangers au Maroc. L'égalité des sexes, l'application d'un quota dans la perspective d'atteindre la parité, l'abolition de la peine de mort et l'octroi d'une indemnisation pour le chômage sont également sur la liste du PSU. Autre point essentiel, pour ce parti, remettre les attributions du Conseil des ministres à celui du gouvernement à condition que la Constitution de ce dernier ne dépasse pas les 35 ministres. Dans cette vision, le chef du gouvernement devra assurer la gestion, le régime, dans sa globalité et en rapporter l'état des lieux au roi. « Nous voudrions que la deuxième Chambre du Parlement soit annulée et que la responsabilité du gouvernement face au Parlement soit reconnue ». Une démocratie au diapason des besoins, c'est un idéal pour lequel le PSU continuera son militantisme qu'il veut populaire et certainement pas « administratif ». Leïla Hallaoui