IQ84 est une trilogie parue au Japon en 2009 et sortie en France le 18 août 2011 chez Belfond. Le roman nippon de Haruki Murakami, écrivain pressenti pour le prix Nobel 2011, a atteint des chiffres de vente colossaux. Prévu dans nos librairies à partir du 15 septembre, le triptyque fantastique, qui a immédiatement récolté un immense succès au Japon, à l'instar des romans précédents de cet auteur invétéré, est un mélange subtil d'imaginaire et de psychologique. En effet, en seulement 4 mois, les deux volumes de 1Q84 ont battu des records de vente inégalés et se seraient écoulés à plus de 3,8 millions d'exemplaires. De prime abord, le titre apparaît comme un hommage explicite au décapant 1984 de Georges Orwell, grâce à un jeu sur la prononciation dans la langue japonaise, où la lettre Q se prononce comme le chiffre 9. Réputé pour son goût prononcé pour le fantastique, Murakami signe un étrange récit surréaliste qui oscille entre deux points de vue, et couvre trois périodes temporelles. Une segmentation de perspectives qui se décline par chapitres intercalés : celle d'Aomame, une jeune femme qui commet des meurtres pour une obscure organisation, et de Tengo, un auteur non-publié qui enseigne les maths. La fiction de Murakami est un exercice de style atypique initié par cet auteur féru de vies parallèles et d'univers interposés, expérimentés par les personnages du récit. Dans « 1984 », Georges Orwell s'est érigé en chantre de la théorie de « Big Brother » qui a fait le tour du monde, dépeignant le futur inconnu. Se détachant du roman d'anticipation, Haruki Murakami, s'est penché sur le passé, non sur le futur proche. En situant l'histoire en 1984, avant les téléphones portables et les mails électroniques, il a interdit à ses personnages d'utiliser ces outils. Murakami signe un étrange récit surréaliste qui oscille entre deux points de vue, et couvre trois périodes temporelles. « L'écriture de ce roman m'a permis de réaliser l'ampleur de ces 27 années, où il n'y avait aucune connexion entre l'accessibilité qui nous entoure et le degré de bonheur que nous ressentons », a-t-il déclaré au New Yorker, lors de la sortie de son roman. Le roman mêle habilement la violence et le meurtre à une réflexion sur l'amour, la vie et l'histoire. Il puise sa fiction de ce qui a existé avant son début, et les héros sont fortement influencés par la vie avant leur naissance. L'un des thèmes récurrents du roman est la frontière ténue entre l'individuel et le collectif, le conscient et l'inconscient, sujet de prédilection chez Murakami. L'auteur transforme la mémoire en une idéologie foncièrement collective. Fasciné par l'Occident, il multiplie les références multiples sur la culture occidentale. Ayant vécu en Grèce, il revendique l'individualisme de ses personnages et de son pays, qui se cloître dans un système social fermé et certaines traditions qui persistent depuis l'après-guerre. Ses romans oscillent entre histoires d'amour comme « La ballade de l'impossible » (Norwegian Wood), adapté au Cinéma et « Les amants de Spoutnik », des fables fantastiques comme « La Course du mouton sauvage » dans lequel son héros se lance dans une quête rocambolesque d'un mystérieux mouton. Il a également signé des œuvres non-fictives, une collection de témoignages des survivants et des membres de Aum Cult, secte religieuse nippone responsable des attaques au gaz de Tokyo en 1995. Mais son plus grand succès reste «Kafka sur le rivage » sorti en 2006, et le magistral recueil de nouvelles comiques et surréalistes, «L'Eléphant s'évapore ». Né à Kyoto en 1949, Haruki Murakami est le traducteur japonais des auteurs anglo-saxons Scott Fitzgerald, Raymond Carver et John Irving. Ce vétéran de la littérature nippone arrive 3e favori pour remporter le Nobel, derrière Ngugi Wa Thiong'o, un auteur kenyan, et Cormac McCarthy (No country for old men), un Américain. En cas de victoire, Haruki Murakami deviendrait le troisième Japonais à recevoir ce prix prestigieux, après Kenzaburo Oe, en 1994, et Yasunari Kawabata en 1968. Vivement son nouvel opus dans nos rayons.