A l'issue de la réunion trimestrielle du conseil de BAM mardi à Rabat, Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib, a affirmé que le déficit budgétaire serait compris entre 4,5 et 5 % du PIB. De son côté, le taux de croissance global projeté pour cette année évoluerait entre 4,5 et 5 % au lieu des 4,3 % initialement prévus. A écouter Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib (BAM), il semblerait que la situation actuelle et les perspectives de croissance de l'économie nationale ne laissent aucunement entrevoir d'inquiétudes. Le gouverneur de la banque centrale, qui intervenait à l'issue de la réunion trimestrielle du conseil de BAM lors d'une conférence de presse mardi à Rabat, a annoncé que le déficit budgétaire pour l'année 2011 serait compris entre 4,5 et 5 % du PIB contre la fourchette de 3,5 à 4 % initialement prévue. « C'est une bonne chose », commente-t-il. A en croire Jouahri, cette pression à la hausse est à attribuer en premier lieu au pic historique des dépenses de compensation, qui ont franchi la barre des 45 milliards de dirhams. Le poids de la masse salariale, suite à la décision gouvernementale d'augmenter le SMIG de 15 % en deux étapes (10 % en juillet et 5 % en 2012), ainsi que le salaire des fonctionnaires intervient en second lieu. Le bond historique des charges de compensation est contrebalancé par le repli conséquent des dépenses d'investissements et de celles de fonctionnement, et les indicateurs disponibles laissent croire que l'investissement public devrait s'inscrire en baisse. Déjà, au terme du premier trimestre, les dépenses d'investissements ont enregistré une contraction de près de 17 %. Ce repli anticipé des investissements de l'administration publique ne manquerait pas à son tour de se répercuter négativement sur l'investissement total, qui ne devrait progresser en valeur qu'aux alentours de 5 %. Pour rappel, les charges de fonctionnements avaient été abaissées de 10%. À analyser de près la lecture purement technique de Jouahri, il ressort que le «package social » présenté ne tient en fait pas compte des promesses des politiques de recruter davantage. Encore faut-il s'assurer concrètement des augmentations du SMIG prévues, puisqu'aucun outil de contrôle ou de suivi n'existe pour s'enquérir sur le terrain des modifications à apporter. Autre point culminant, il s'avère que la banque des banques a minimisé les effets directs et indirects du printemps arabe sur l'économie marocaine. Le taux de croissance global projeté pour cette année, évoluerait entre 4,5 et 5 % au lieu des 4,3 % initialement prévus. Cette «performance» serait tirée principalement par le PIB non agricole, qui se situerait entre 4,5 et 5,5 %. Quant à la valeur ajoutée agricole, bien que les documents fournis par Bank Al-Maghrib ne nous livrent aucun chiffre à ce titre, les jeux de scénarios établis prédisent une bonne campagne agricole. Les trois méthodes scientifiques de calcul prévoient en moyenne une production céréalière de l'ordre de 80 millions de quintaux. A une question portant sur l'impact des dernières pluies sur la qualité des rendements, Jouahri a répondu que ces estimations sont purement et simplement basées sur des considérations et applications économétriques. «Ce qui compte, c'est que ce que nous mettons en définitive en silo». Dans ce contexte de morosité ambiante, les répercussions politico-économiques du printemps arabe se traduiraient nécessairement par des tensions inflationnistes, une tendance que les projections de BAM écartent du moins sur le court terme. Puisque la prévision centrale de l'inflation pour le troisième trimestre 2012 laisse dégager un taux de 2,4 %. S'agissant de l'année en cours, BAM a révisé à la baisse ses prévisions, soit 1,4 % au lieu de 2,1 %. A noter enfin que le conseil de BAM a pris la décision de maintenir inchangé le taux directeur à 3,25 %. Mohamed Mounjid