Et si on se faisait un petit week-end entre Marocaines de la diaspora ? C'est la proposition sans artifices qu'a faite le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME) aux Marocaines vivant en dehors de leur pays d'origine. Une première rencontre, dédiée aux Marocaines d'Europe, s'est tenue les 18 et 19 décembre derniers à Bruxelles. Pari gagné ! Durant les deux journées riches en rencontres et en débats fructueux, les Marocaines vivant de l'autre côté de la Méditerranée se sont retrouvées au cœur du vieux continent et ont pu disséquer, ensemble, les différents problèmes qu'elles rencontrent au quotidien. Complications de l'application de la Moudawana, l'amère réalité des discriminations ou encore vie citoyenne, l'occasion leur a été donnée de vider leur sac en une sorte de thérapie collective. Quel que soit leur pays de résidence, les histoires avaient des convergences multiples, rassurant plusieurs Marocaines de la diaspora, qui se sont ainsi senties moins seules dans leurs combats. Pays arabes et Afrique subsaharienne Après la rencontre bruxelloise et au vu de la répartition géographique des Marocains à travers le monde, le CCME a jugé nécessaire d'aller ensuite à la rencontre des Marocaines d'Amérique, les 14 et 15 mai prochain à Montréal. Contrairement aux pays d'Europe où l'émigration marocaine a d'abord été forcée, celle des Amériques est choisie. Si cette émigration a débuté assez timidement au seizième siècle, elle n'a réellement pris son envol qu'au début des années 1960. L'engouement des Marocains pour le Pays de l'érable est particulièrement grandissant puisque les Etats-Unis et le Canada sont aujourd'hui les destinations privilégiées des Marocains attirés par l'Amérique. Cette population compte 42% de femmes, mais n'est pas encore assez étudiée. Après les deux journées prévues dans la métropole québécoise, les deux prochaines rencontres seront consacrées aux femmes marocaines d'Afrique subsaharienne puis à celles des pays arabes. Elles seront programmées au cours de cette année. 3 QUESTIONS À … Amina Ennceiri, membre du CCME et présidente du groupe de travail « Approche genre et nouvelles générations » Quelles ont été les réactions des participantes et des Marocaines qui vivent en dehors de l'Europe, au lendemain de la rencontre bruxelloise ? Les réactions confirment la nécessité de capitaliser les acquis des deux précédentes rencontres de Marocaines d'ici et d'ailleurs, organisées en 2008 et 2009 à Marrakech. La rencontre de Bruxelles a rassemblé près de 250 femmes et a été importante pour le tissu associatif féminin au Maroc et en Europe. Une dynamique associative s'est enclenchée entre les ONG marocaines d'ici et d'ailleurs, notamment sur leurs formes d'engagement. A Montréal, quelles modifications seront apportées par rapport aux thématiques ? Y aura-t-il une adaptation des axes par rapport aux spécificités de la région ? Nous traitons trois problématiques essentielles, « agir contre les discriminations », « agir pour l'égalité » et « femmes et citoyennes ». Elles sont apparues comme les défis communs à relever pour les femmes marocaines d'ici et d'ailleurs. A l'intérieur de chaque problématique, des questions spécifiques à chaque région vont être traitées ou soulevées dans les différents espaces. Ces rencontres permettent de mettre en lumière des phénomènes existants mais jusqu'alors invisibles. Vous comptez réserver une place à un rappel de l'histoire de l'émigration marocaine aux Amériques. En quoi ce rappel est-il nécessaire ? Appréhender l'aspect historique de l'émigration marocaine nous paraît fondamental et l'est encore plus concernant cette région éloignée, où l'émigration a pris récemment un véritable essor. L'histoire des migrations marocaines en Europe est connue grace à l'existence de travaux de recherches et de mémoires.En revanche, on ne dispose pas de beaucoup d'informations sur l'histoire des migrations marocaines vers les Amériques.