Un autre report. Dans l'affaire du centre de bienfaisance Ichrak, le verdict se fera encore attendre. «L'affaire est reportée pour la quatrième fois, maintenant. La prochaine audience est prévue le 17 septembre prochain. De nouveaux documents viennent d'être ajoutés au dossier et doivent être étudiés», déclare Najia Adib, la présidente fondatrice de l'association «Touche pas à mes enfants», à la sortie du tribunal de première instance de Salé, vendredi 2 juillet. Un énième report qui fait soupirer la militante ayant été l'origine de la plainte déposée contre le directeur du centre de bienfaisance Ichrak pour viol de mineures. Rappelez-vous, c'est au mois de mai de l'année dernière que le scandale de l'orphelinat de Salé a éclaté. Le directeur de cet établissement, un orphelinat hébergeant 34 filles, a été accusé par les pensionnaires d'abus sexuels. Plusieurs d'entre elles hésitaient à briser le silence jusqu'à ce qu'une jeune russe, Anna, ait réussi à les convaincre de tout révéler. Arrivée le 20 février 2009 à l'orphelinat pour enseigner volontairement l'anglais aux pensionnaires, Anna découvre leur calvaire. Soutenue par ses amis, elle réunit alors des preuves, dont des expertises médicales prouvant le viol, puis demande l'aide de plusieurs organisations. C'est finalement «Touche pas à mes enfants» qui lui accorde l'attention recherchée, puis dépose plainte auprès du procureur de Salé. En mai 2009, l'affaire fait trembler les habitants de Salé. Le présumé pédophile, selon les témoignages des fillettes, abusait d'elles depuis trois ans déjà. La ministre du Développement social, de la famille et de la solidarité, Nouzha Skalli, s'empresse ainsi de fermer la porte du centre et confie les pensionnaires à d'autres établissements afin qu'elles soient au moins débarrassées des mauvais souvenirs. Le présumé pédophile a été emprisoné le même mois, avant que son avocat n'obtienne de la chambre de Conseil du tribunal sa libération provisoire. Pour «Touche pas à mes enfants», qui a toujours revendiqué des verdicts dissuasifs contre les pédophiles, le tribunal de première instance devrait se déclarer incompétant dans cette affaire : «C'est un crime et il doit être jugé entant que tel !». Parcours Touche pas à mes enfants Elle scande la protection des enfants depuis sa naissance. «Touche pas à mes enfants» doit sa révolte contre la pédophilie à l'énergie extraordinaire de sa fondatrice, Najia Adib. Première Marocaine à s'insurger contre la pédophilie à une époque où le tabou régnait en maître absolu, Najia Adib devient un emblème. Nourrie de la volonté d'une mère de protéger et défendre sa progéniture, elle a forcé l'admiration de son entourage. Son parcours est, aujourd'hui, un exemple pour le Maroc mais aussi pour le monde arabe en entier. Entre autres nominations, rappelons que Najia Adib a été élue, au Caire, présidente de l'Union des Ambassadeurs arabes de l'enfance (section marocaine). Plus de 1.000 enfants ont été pris en charge par «Touche pas à mes enfants» et d'autres attendent son précieux soutien.